Sa vie : être matraqué pour savoir qu’il est bon
- Publié le 03-07-2018 à 16h24
Eden Hazard reste stoïque face aux tacles adverses, ce qui fait de lui un joueur aimé par le public "Je bois de l’eau." Lorsqu’il doit expliquer comment son corps peut supporter un tel matraquage, Eden Hazard préfère manier l’humour.
Au fil du temps, le sujet est devenu assez récurrent tant les défenseurs prennent un malin plaisir à le plaquer au sol, seul moyen actuel pour stopper ses courses vers l’avant.
Face à l’Égypte, il n’avait fallu que trente secondes pour qu’il reçoive un solide coup de jambon et demande l’intervention des soigneurs. Contre le Panama, cela avait pris cinq minutes supplémentaires, sans pour autant l’empêcher de reprendre le match comme si de rien n’était. Ou alors motivé par l’envie d’humilier celui qui a tenté de le démolir. "Quand on me tacle sans cesse, cela prouve que je suis bien dans mon match. Cela me motive encore plus. Mais quand on me laisse tranquille, j’ai parfois l’impression de passer à côté de ma prestation", sourit-il.
Il faut dire que le numéro dix est désormais habitué à vivre avec les coups.
À vingt et un ans, il était déjà régulièrement couché au sol, au point d’être, selon des statistiques officielles, le joueur le plus taclé d’Europe avec une moyenne de 3,6 interventions fautives par match.
"C’est vrai que j’ai observé un changement d’attitude à mon égard, mais je ne vais pas changer mon style de jeu pour autant, sinon je vais perdre mon rendement sur le terrain", disait-il à l’époque.
Soutenu par son entraîneur, Rudi Garcia, qui demandait davantage de protection de la part des arbitres, Eden Hazard a toujours gardé cette même ligne de conduite : ne pas se plaindre. Cette insouciance est certainement l’une des clés de sa réussite.
Sur la pelouse, la notion de plaisir est essentielle pour lui et le jour où il perdra la maîtrise de ses nerfs, il ne sera plus le même joueur. Son déménagement de l’autre côté de la Manche lui a également permis de s’endurcir. Là-bas, les coups de jambon se succèdent aussi rapidement que les tournées de pintes dans les bars du coin. "Mais je ne pense jamais à une blessure. Y songer, c’est le meilleur moyen de se blesser", dit-il.
José Mourinho a souvent eu du mal à garder son flegme en voyant celui qui était son artiste manger trop souvent la pelouse à son goût.
"Quand on aime le football, on aime Eden Hazard. Mais quand on voit la façon dont il est agressé par les défenseurs et le manque d’assistance des arbitres, on risque de ne plus voir Eden Hazard dans notre championnat. Il subit une, deux, trois, quatre, cinq, dix fautes dangereuses par match. Ils n’arrêtent jamais de le taper mais heureusement, le gamin résiste car il est fantastique et fort physiquement", avait-il déclaré après une défaite de Chelsea à Tottenham.
Roublard, le technicien portugais avait pourtant utilisé cette même recette, il y a un an et demi, pour stopper le même Eden Hazard qui était devenu son adversaire. À un point tel qu’Antonio Conte avait pété les plombs lors de la conférence de presse qui avait suivi la rencontre. "L’arbitre doit protéger des joueurs comme lui. Nous voulions jouer au foot mais c’était impossible pour Eden en début de match. Il était sans cesse arrêté fautivement. Peut-être était-ce une tactique de Manchester United", sous-entendait le coach italien.
Lors de la défunte saison, le Diable Rouge a été le quatrième joueur le plus fauché de Premier League (82), derrière Richarlison (95, Watford), Jordan Ayew (87, Swansea) et Dele Alli (84). Mais avec moins de temps de jeu au compteur que ces trois autres joueurs, il était, en moyenne, le joueur le plus souvent fauché de Premier League (une faute toutes les 30 minutes). Au moins, cela prouve qu’il est bien dans ses matches, comme il le dirait s’il était confronté à cette statistique…