Rooney, un au revoir qui fait parler
Le rappel pour une 120e et dernière sélection de l’attaquant suscite une vive polémique.
- Publié le 14-11-2018 à 11h37
- Mis à jour le 19-03-2019 à 12h13
Le rappel pour une 120e et dernière sélection de l’attaquant suscite une vive polémique. L’Angleterre reste définitivement à part. D’un côté, rares sont les pays à posséder une si profonde culture de la mémoire. Tout en étant capable de générer des polémiques stériles. Ce que Wayne Rooney vérifie ces derniers jours.
Deux ans après sa dernière apparition en sélection en novembre 2016, l’attaquant (33 ans) a été rappelé par Gareth Southgate. Pas en raison de sa forme actuelle, encore décente puisqu’il a inscrit 12 buts en 21 matchs avec DC United en MLS, mais simplement pour lui rendre hommage. Pour permettre au meilleur buteur de l’histoire de la sélection anglaise (53 réalisations) de tirer sa révérence le temps d’un match amical contre les États-Unis ce jeudi à Wembley dans une rencontre dont les bénéfices seront reversés à sa fondation.
Une décision clivante alors que la sélection, rajeunie, espère surfer sur la vague de sa victoire probante en Espagne le mois dernier (2-3) face à la Croatie qu’elle affrontera dimanche.
D’un côté, les anciennes gloires anglaises se sont insurgées. Peter Shilton, seul joueur à compter plus de sélections que Rooney (125 contre 119), est l’un des plus véhéments. "Je ne suis pas d’accord qu’il soit appelé. Une sélection s’obtient sur le mérite", a tweeté le mythique gardien. "Il aurait fallu lui rendre hommage en le présentant sur le terrain et en laissant les jeunes faire le boulot."
Paul Merson , 21 sélections entre 1991 et 1998, et depuis reconverti comme consultant, est allé plus loin dans sa chronique au Daily Star : "Le faire revenir, comme cela, c’est pathétique. Il y a quelque part un jeune qui n’a pas été appelé à cause de Rooney. Il prend la place de quelqu’un. Il a pris sa retraite, joue en MLS. C’est une blague."
De l’autre, les contemporains de l’attaquant favorables à cet hommage. "Il le mérite", tranche Phil Neville. "Quel est le problème ? Je ne comprends pas", s’est interrogé Peter Crouch dans la chronique qu’il tient dans le Daily Mail. "Oui, c’est une surprise mais je ne comprends pas tout ce ressentiment. Si je n’avais jamais joué avec lui, je serais aussi pour. C’est une icône, on ne parle pas de quelqu’un qui a fait carrière dans les divisions inférieures. Quel est le problème ?"
Il se situe peut-être dans le caractère inédit de cet hommage qui fait passer aussi Gareth Southgate pour un béni-oui-oui qui a accepté l’initiative de sa fédération alors qu’il restera le sélectionneur qui s’est passé de Rooney.
"Nous sommes un pays bizarre où l’on se plaint de ne pas avoir fait plus de belles choses et nous avons un joueur qui devrait être mieux considéré et nous passons notre temps à justifier cette hommage. Parce que ce n’est pas arrivé pour certains joueurs et ambassadeurs incroyables dans le passé, tout le monde dit : ‘nous ne l’avons pas fait pour Bobby Moore ou Bobby Charlton’. Mais je ne pense pas que cela réjouisse quelqu’un que nous ne l’ayons pas fait", a soupiré le sélectionneur assailli de questions à ce sujet et pour qui tout ce traitement médiatique "est une déception".
Qui ne touche visiblement pas le groupe qui a accueilli son ancien capitaine dans la bonne humeur ce lundi. Rooney y a retrouvé des visages familiers, en a découvert d’autres. Et préfère savourer cette ultime parenthèse parce que "jouer pour l’Angleterre a été le plus grand privilège de ma carrière", a-t-il rappelé.
Lui le fera une dernière fois après avoir refusé de le faire contre le Nigéria en juin dernier pour ne pas perturber la préparation à la Coupe du monde. En n’exigeant rien, ni numéro, ni temps de jeu ou même brassard de capitaine. "Mais quand il entrera, je lui donnerai", a déjà indiqué son porteur habituel Harry Kane. "Il le mérite. Il a été un formidable capitaine pour nous." Et un joueur à part dans un pays à part.