Roland Lamah: "Je vais jouer pour Tioté"
Depuis Dallas, où il cartonne, Roland Lamah évoque son ami rencontré à Anderlecht
- Publié le 08-06-2017 à 21h17
- Mis à jour le 27-11-2018 à 15h38
Depuis Dallas, où il cartonne, Roland Lamah évoque son ami rencontré à Anderlecht Décédé lundi dernier à Pékin des suites d’un arrêt cardiaque sur le terrain d’entraînement de son club chinois, Cheick Tioté n’avait que trente ans. Le milieu de terrain ivoirien aura eu le temps de marquer positivement chacun de ses équipiers, lors de ses passages à Anderlecht, Roda, Twente ou encore Newcastle. C’est plus particulièrement le cas pour Roland Lamah, le Belge d’origine ivoirienne, avec qui il s’était - facilement - lié d’amitié lors de leur passage au Sporting bruxellois. "Oui, j’ai vu ce qu’il s’est passé en Chine, pour Cheick" , nous confie Roland Lamah depuis Dallas, avec une émotion perceptible. "C’est vraiment dommage. C’était un bon pote à moi. Quand j’ai appris cela ce lundi, franchement, cela m’a… (il laisse un blanc) . Je suis resté sans voix…"
L’ancien Diable Rouge se souvient du moment lors duquel il a appris la terrible nouvelle concernant son ami Tioté. "Je ne pouvais pas imaginer que cela lui arrive. C’était un gars qui avait plein de projets. Il avait sa famille, il était plein de vie… Lundi, j’étais assis chez moi, tranquille. On m’a envoyé un message me demandant si j’avais vu les informations concernant Cheick; ce n’était pas le cas. Je vais sur internet; je vois ce qu’il se passe… Non, franchement, je ne pouvais pas y croire."
Tout le monde espérait que l’information ne soit pas confirmée. "Mais oui… Directement, j’ai essayé d’appeler sa famille, à Abidjan. Mais voilà, on ne me répondait pas. Vincent Kompany m’a envoyé un message pour voir si j’avais entendu pour Cheick. J’ai répondu que je ne savais pas. Mais je lui ai dit que dès que j’avais des informations, je le lui dirais. Je n’ai eu de cesse de passer des coups de téléphone. Et la triste nouvelle m’a été confirmée. Notamment via un message de Vincent. C’est vraiment dommage. Je suis sans mots. Condoléances à sa famille."
Les portraits de Tioté dépeints sont éminemment positifs. "Je ne peux que confirmer cela. Largement. Je me rappelle encore à Anderlecht, quand on y était ensemble. C’était un gars tranquille, calme. Quand tu ne le connaissais pas, tu pouvais dire qu’il faisait peur mais, en fait, il était trop gentil. On a tellement fait de trucs; je ne peux pas tout dire (sourire) . On est parti à Roda ensemble. Pour voyager à Abidjan, on allait ensemble, côte à côte. Franchement, je suis triste, je suis triste, je suis triste…"
Entre Roland Lamah et Cheick Tioté, cela a tout de suite collé. "Mais oui, directement. On avait les mêmes délires. La cérémonie ? Je ne pense pas que je pourrai m’y rendre. Mais il y a un de nos amis en commun qui est là-bas en ce moment et me tient informé de tout. Je lui ai dit que si je pouvais faire quelque chose, qu’on n’hésite pas à me le demander. Je pense qu’ils vont l’enterrer en Côte d’Ivoire. En décembre, si j’y vais, j’irai rendre visite à sa femme et au cimetière. Je prierai un peu avec eux."
Si tout le monde est sous le choc de la disparition brutale de Tioté, sa femme, elle, l’est encore plus, elle qui doit naissance à un enfant bientôt. "Elle doit accoucher ce mois-ci… Cheick devait prendre deux jours là, pour voir sa femme. Mais Dieu a décidé autrement."
Auteur d’un triplé le week-end dernier en MLS, Lamah n’aura de cesse de penser à son ami : "Toute la saison que je vais jouer maintenant, ce sera pour Tioté. Tous les buts que j’inscrirai, toutes les passes décisives, toutes les victoires : ce sera pour lui. Il sera à jamais dans mon cœur."
"Un triplé, c’est exceptionnel"
Lamah pense que Dallas peut remporter le championnat cette année
Salt Lake City a subi ce week-end les foudres de Dallas : 6-2. À cette occasion, Roland Lamah a inscrit le premier triplé de sa carrière. "C’est clair qu’inscrire trois buts en un match, c’est quelque chose de spécial. Marquer un but est déjà difficile. Donc trois, franchement, c’est exceptionnel, magnifique. J’ai marqué fin mai mon premier but en MLS face à Chicago. Cinq buts la prochaine fois ? Non (rires) . Avant mon but, je me sentais bien. Je sentais que je commençais à monter en puissance. Donc, je dois continuer comme cela."
Roland Lamah s’acclimate à la MLS. "J’ai bien sûr eu besoin d’un temps d’adaptation. Il ne faut pas oublier que je suis resté six mois sans jouer. Je travaille toujours. Maintenant, je commence à prendre le rythme de la MLS."
Portland , adversaire du week-end est prévenu, d’autant plus que Dallas monte en puissance et semble pouvoir prétendre au titre. "Je peux encore faire mieux que ce que j’ai réussi jusqu’à présent" , assure Lamah, qui a trouvé une maison à 15 minutes du stade. "L’entraîneur, Oscar Pareja, c’est un gagneur. Il met cela dans la tête de tout le monde. Tout le monde est concerné. On a des joueurs techniques et physiques; on a tout. On peut réussir quelque chose de bien."
Lamah et Dallas ont la rage de vaincre. Peu importe qui sera l’opposant, même si c’est Jelle Van Damme (Los Angeles) ou Laurent Ciman (Montréal). "Avant le match face à Los Angeles (victoire 1-2 de Dallas) , Jelle et moi nous étions déjà parlés. Quand j’ai signé à Dallas, Jelle m’a envoyé des félicitations. On devait faire un bon résultat là-bas et on les a chipotés (rires) ."
Le 1er Belge joueur de la semaine
Avec les trois buts inscrits lors de la victoire plantureuse contre le Real Salt Lake City (6-2), Roland Lamah a non seulement affolé les compteurs mais il a aussi remporté le titre, honorifique certes, de joueur de la semaine. S’il est le deuxième Texan à avoir été ainsi distingué cette saison, il est surtout le premier belge à être honoré, alors que Jelle Van Damme et Laurent Ciman sont présents depuis plus longtemps en MLS.
“La chance commence à me sourire”
Dallas a battu Salt Lake 6-2 ce week-end. “On s’est toujours dit qu’on pouvait marquer beaucoup de buts” , assure Lamah. “On a bien analysé notre adversaire; on savait qu’en défense ils n’étaient pas si bons. Ils avaient déjà encaissé pas mal lors de leur dernière rencontre. On a profité de cela et des espaces. On a mis des ballons dans leurs dos et cela nous a souri.”
Dallas est 3e de la conférence ouest… pour le moment. “L’année passée, on a terminé premier. On est toujours dans cette même optique. Donc, troisième, je pense que c’est moins bon que premier (sourires) . On va se battre pour tenter de faire minimum comme l’année dernière.”
La MLS a commencé depuis trois mois. Le temps d’un premier bilan. “Vu le nombre de matches que j’ai joué, je me suis créé beaucoup d’occasions. Je n’ai pas eu de chance mais, maintenant, cela commence à me sourire. Il faut continuer ainsi pour viser plus haut, car je suis venu pour remporter des titres. Cela passe toujours par de bonnes performances. La MLS, c’est un championnat différent. C’est quand même un peu dur car il y a beaucoup d’athlètes. Ce n’est pas forcément le talent qui prime, même si cela compte. Il faut aussi le physique. J’essaie de m’y adapter. C’est un championnat dont le niveau et vont croître. Il y a de bons joueurs qui viennent, il y a de beaux stades.”
Lamah est en tout cas enchanté par son passage aux States . “C’est un championnat que je recommanderais, en effet. En tout cas, c’est un championnat excitant. Il y a beaucoup de show, il y a du monde et une belle ambiance. Je m’y plais bien. Les supporters ? C’est un peu calme mais c’est une bonne petite ambiance, quand il y a des buts et des occasions. Quand tu rentres sur le terrain, il y a un petit spectacle, l’hyme national. C’est autre chose, à l’américaine quoi (sourires) .”
Dallas est l’une des équipes favorites cette saison. “On a un bon esprit. L’entraîneur, c’est un gagneur. Il met cela dans la tête de tout le monde. Tout le monde est concerné. On sait qu’il y a du talent dans cette équipe. Quand tout marche bien, on est innarêtable. Toutes les équipes ont peur de nous.”
L’équipe texane dispose de quelques individualités intéressantes. “Acosta, c’est un joueur important, comme d’autres. C’est un jeune avec un beau futur. Il n’a que 21 ans. Il est en équipe nationale. C’est un bosseur, il a une belle marge de progression. Il est important comme le latéral droit, le capitaine, les deux centraux, le gardien… Oui, tous les joueurs en fait (rires) . En tout cas, on est un bon groupe.”
La chance sourit à Dallas. Jesus Ferreira, 16 ans 161 jours, en a profité pour devenir le week-end dernier le 2e plus jeune buteur de l’histoire de la MLS. “C’est à lui qu’il faut demander ce que cela lui fait de jouer avec moi (rires) . Quand je joue avec des jeunes comme ça, ils essaient aussi de s’inspirer de moi, vu que j’ai quand même eu un bon parcours. On sait qu’il a du talent. Il s’entraîne toujours avec nous. Je suis content pour lui.”
Mais que manque-t-il à Dallas pour remporter le titre ? “Depuis le début de la saison, le coach ne cesse pas de nous dire qu’on est un bon groupe. On peut faire quelque chose ensemble, tout le monde se donne à fond. On a des joueurs techniques et physiques, on a tout. On peut faire quelque chose, si Dieu nous épargne des blessures.”
Los Angeles, l’une des grosses écuries, éprouve du mal à démarrer cette saison. “Pour le championnat, il faut de la chance aussi. Je pense à Leicester. Le coeur, le travail, l’envie et la volonté son importants. Los Angeles est une grande équipe mais tout le monde a sa chance. Nous devons êtres concentrés et conscients des opportunités qu’on aura. On ne se focalisera que sur nous.”
Lamah ne vit plus à l’hôtel. “Je me suis installé à quinze minutes du stade. C’est peut-être pour cela que les buts viennent (rires) . Je suis chez moi maintenant, c’est bon. Ici, les gens sont tranquilles. Peut-être parce que Dallas n’est pas trop une ville de football. Mais quand tu es en ville, tu es tranquille. Ce n’est pas comme les supporters d’Anderlecht au Standard (rires) .”
S’il pense à la Belgique et y revient, Lamah ne regarde plus trop l’actualité du championnat. Mais les Diables, c’est une autre histoire. “J’ai vu un peu le 2-1 contre les Tchèques. Mais sinon, le championnat, cela fait un bout de temps, j’avoue. J’ai quitté la Belgique en 2008. Quand je peux passer en Belgique, je passe hein. Mais pour le moment, je n’ai pas le temps.”
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