Real, Atletico : Madrid, capitale de tous les titres
- Publié le 28-05-2018 à 06h41
Victorieux de la C1 et C2, le Real et l’Atlético ont écrit une page d’histoire. Tout oppose les deux clubs! Décryptage En l’espace de dix jours, Madrid a donc successivement fêté le sacre de l’Atlético en Europa League et celui du Real en Ligue des Champions. C’est la deuxième fois qu’une même ville s’offre ainsi, lors d’un même millésime, les deux compétitions européennes. Milan avait réussi le même exploit en 1994 lors des sacres de l’AC et de l’Inter.
Comme le veut la tradition : c’est à la fontaine de Cibeles, le long de l’avenue de la Castellana, que les supporters du Real (plusieurs centaines de milliers) se sont retrouvés, hier soir, pour attendre leurs héros de retour de Kiev. Les aficionados de l’Atlético s’étaient, eux, donné rendez-vous quelques mètres plus loin, à la fontaine de Neptuno, après le sacre de Lyon!
Deux fontaines différentes sur la même avenue : voilà qui différencie bien les mentalités et les philosophies des deux grands clubs de la capitale espagnole ! En vérité, tout oppose les Merengues et les Colchoneros. Historiquement, le Real est le club des notables, des nantis et de la bourgeoisie. On dit aussi qu’il symbolise le pouvoir central et qu’il représente tous les Espagnols, un peu comme la Juventus en Italie. Parallèlement, l’Atlético serait davantage le club du peuple et de la classe ouvrière. Le stade Santiago Bernabeu se trouve d’ailleurs dans le quartier chic des affaires tandis que le Wanda Metropolitano (ex-Vicente Calderon) a pignon sur rue dans le quartier pauvre de la ville. Cela dit, au fil des ans, cette analyse caricaturale a pris de sérieuses rides. L’Atlético a élargi son champ de socios. Le vivier commun est plus large. Même le roi Felipe affiche haut et fort ses couleurs rojiblancas.
Cela dit, dans les tribunes, les supporters sont très différents. Ceux de l’Atlético, au profil plutôt jeunes, sont exubérants, presque survoltés. Ils ne cessent d’encourager leurs favoris, un peu à la façon des kops brtitanniques. Ceux du Real sont, en revanche, bien plus taiseux. Très exigeants, souvent blasés, ils se rendent au stade Santiago Bernabeu comme s’ils allaient au théâtre. Et ils sont volontiers plus prompts à réserver une bronca à l’un de leurs joueurs après une mauvaise passe qu’à l’applaudir après un but. C’est dans les habitudes de la Maison Blanche. Cela dit, lorsque le Real est en difficulté ou qu’il a besoin de soutien, le socio est là, fidèle au poste et peut transformer le vieux Chamartin en véritable enfer pour l’adversaire.
Tout au long de la saison, les deux stades affichent presque toujours complet. Plus de septante mille spectateurs de part et d’autre. Dans les bars de Madrid, le futbol est, il est vrai, le sujet de conversation numéro un. La ville compte deux quotidiens sportifs (Marca et AS) qui consacrent, chaque jour, plus de vingt pages à l’actualité des deux clubs. Hier, il y en avait 40 consacrées à la finale dans le seul Marca. Intra muros, la rivalité est donc immense. Comme dans toutes les grandes villes de football.
Rayon palmarès, le Real garde évidemment la main. Avec treize Ligues des Champions au compteur, il roule carrosse. L’Atlético n’a toujours pas pu ramener la Coupe aux grandes oreilles dans la capitale. Trois fois finaliste, il a chaque fois été battu : par le Bayern en 1974, par le...Real en 2014 et 2016. Mais il ne fait plus désormais le moindre complexe et il accueillera la finale de la C1 l’an prochain dans son stade !