Ovono, une Panthère à cœur ouvert: "La Can risque de se transformer en Coupe d’Afrique des joueurs amateurs"
Les Gabonais doivent absolument relever la tête face au Cameroun ce dimanche (20h). Un dernier match piège où le gardien d’Ostende aura un rôle important à jouer… Confidences.
- Publié le 22-01-2017 à 09h52
- Mis à jour le 28-08-2018 à 10h57
Les Gabonais doivent absolument relever la tête face au Cameroun ce dimanche (20h). Un dernier match piège où le gardien d’Ostende aura un rôle important à jouer… Pour sa quatrième Coupe d’Afrique des Nations, Ovono a vécu une entrée en matière plutôt terne. Deux partages concédés face à la Guinée-Bissau et au Burkina Faso (1-1) en poule. Et à chaque fois, les hommes de Camacho se sont appuyés sur leur vedette Aubameyang pour marquer. Le doyen (33 ans) des Panthères va donc s’offrir une rencontre à quitte ou double face aux Lions indomptables et un certain Sébastien Siani, son coéquipier à la Côte…
Disputer un tel tournoi à domicile, c’est un rêve de gamin mais aussi beaucoup de pression, non ?
"C’est particulier, je l’ai déjà vécu en 2012 (NdlR : le Gabon avait co-organisé l’événement avec la Guinée équatoriale). J’étais le capitaine, je sais l’énorme pression que ça représente et nous avions réalisé un beau parcours jusqu’en quarts de finale où Dieu n’avait pas été de notre côté lors de la séance de tirs au but contre le Mali. Cette année on a une très bonne équipe, jeune et dynamique emmenée par des joueurs expérimentés et précieux comme Aubameyang ou Lemina."
Comment appréhendez-vous ce match face au Cameroun et votre coéquipier à Ostende Sébastien Siani. Vous êtes-vous chambrés dans le vestiaire ?
"Non, il y a beaucoup de respect entre nous. Même en étant le pays organisateur, on sait qu’on ne part pas favori mais on va se battre avec nos armes. On va essayer de rester maîtres chez nous à Libreville, parce que nous y sommes invaincus depuis dix ans et la dernière fois qu’on a perdu là, c’était face au Cameroun de Samuel Eto’o."
Quel est le favori de cette Can 2017 d’après vous ?
"Pour moi le Sénégal est vraiment au-dessus du lot. Si on regarde poste par poste, c’est impressionnant. Il y a même des joueurs de Premier League assis sur le banc. C’est la seule équipe des éliminatoires qui a fait carton plein, ça veut dire qu’ils ont une force de frappe très dense."
Et le joueur le plus fort ?
"Sadio Mané ! Je le suis depuis longtemps car lorsqu’il est arrivé à Metz un ami m’avait parlé de lui. Après six mois, il était parti pour quatre millions à Salzbourg avant de filer en Angleterre. Sa progression est fulgurante et incroyable. C’est une flèche."
Le problème redondant avec cette Can en janvier, c’est la préparation…
"Aujourd’hui avec l’expérience on sait déjà un petit mieux comment la gérer. En 2012, nous avions trop chargé le programme et nous nous étions mis dans le rouge à l’entame de la compétition avec les matches amicaux et les obligations de toutes sortes organisées par la fédération."
Comment percevez-vous ce mépris de certains clubs vis-à-vis de la Can ?
"Il y a cinq ans, c’était un grand problème surtout en Ligue 1 où des équipes étaient totalement décimées en janvier. Conséquence : les clubs français se sont beaucoup moins basés sur des joueurs africains pour constituer leur noyau. On le dit depuis longtemps, la Can peut se jouer en juin mais le problème pour la Caf (Confédération africaine du football) qui est l’organisateur, ce sont les contrats et accords qu’elle a déjà signés en amont."
Il faut donc que la Caf prennent ses responsabilités…
"Je pense que dans deux ou trois ans, des pointures se diront La Can va me desservir. Car il faut comprendre des joueurs qui vont perdre leur place de titulaire dans un club prestigieux pour se retrouver sur le banc avec l’équipe nationale. Il faut donc dire aux dirigeants : vous avez le choix mais à terme si on continue ainsi la Can se transformera en Coupe d’Afrique des Nations des joueurs amateurs qui évoluent exclusivement sur le continent. Les pays ne pourront plus faire venir leurs meilleurs joueurs de l’étranger."
Et pourtant, disputer la Can, ça reste une fierté.
"Évidemment ! Pour nous les Africains, c’est l’équivalent de la Coupe du Monde notamment pour les petits pays qui ne pourront jamais la disputer."
Justement, comment pressentez-vous les chances du Gabon en vue du Mondial 2018 ?
"Ça va être chaud, on a hérité d’une poule très forte avec le Maroc et la Côte d’Ivoire. On est là pour gêner mais on peut passer, on n’a rien à perdre et il y a un coup à jouer. Ça peut basculer dans tous les sens car il ne faut pas oublier non plus le Mali. Tout est encore ouvert…"
À 33 ans, vous faites partie des meubles de cette équipe. Quel message adressez-vous aux jeunes ?
"Je leur dis qu’ils représentent l’espoir d’un pays qui a été mouvementé. Imaginez la joie qu’une famille peut recevoir quand le Gabon gagne. C’est un moment très important que le football doit continuer à véhiculer et qu’on a tendance à oublier un peu. Le football, c’est dans le sang et les gênes chez nous. En Afrique, il n’y a que ce sport qui permet de réunir les peuples."