"On croit tous à 100 % qu’on peut battre le Brésil"
- Publié le 04-07-2018 à 20h50
Vendredi, ce sera LE moment pour Vincent Kompany et sa génération de Diables. Il veut la qualification mais aussi la manière R-E-L-A-X ! Vincent Kompany a répondu aux journalistes pendant trois quarts d’heure à deux jours d’un quart de finale contre le Brésil en Coupe du Monde. Sans aucun stress, toujours avec le sourire. Comme s’il voulait savourer tous les moments du tournoi, même une conférence de presse, un exercice parfois redouté par les joueurs. La seule fois où il a grimacé, c’est en constatant que son micro allait trop fort.
On vous sent terriblement détendu et zen. C’est pourtant le match international le plus important de l’histoire de votre génération vendredi.
"Oui, clairement. Pour notre génération, c’est le match le plus important. On sait que l’on va affronter une très bonne équipe mais ce qui est beau dans notre génération, c’est qu’elle n’a jamais peur. Dans la mentalité du Belge, on part souvent perdant mais ici, on croit tous à 100 % qu’on peut battre le Brésil. En me couchant dans mon lit, je ne pense pas une seule fois : et si l’on est battu ?"
Vous avez battu le Japon mais ce match n’a pas non plus apporté toutes les garanties nécessaires, notamment défensivement.
"Oui mais ce sera un match différent contre le Brésil. Les Japonais étaient super bien préparés. Ils savaient exactement ce qu’ils devaient faire pour nous embêter. Il n’y avait pas vraiment de place pour le flair individuel. Avec mon expérience de footballeur, je peux vous dire que le plus important à retenir de ce match, c’est notre retour. Marquer le but victorieux à la dernière minute donne une grande confiance à l’équipe, bien plus qu’après un succès 1-0 assez neutre."
Vous ne partirez pas favoris face au Brésil. Dans un match officiel, ça doit être la première fois depuis le quart de finale contre l’Argentine en 2014. C’est une situation plus confortable que face au Japon ?
"Le Brésil aura plus de pression que nous mais on a très envie de gagner aussi. On ne va pas abandonner notre philosophie. On a une manière de faire avec un jeu porté vers l’attaque. C’est ce qui nous caractérise. En 2014, on avait un peu l’impression d’avoir loupé le moment. Il n’y a pas de honte à ne pas battre une bonne équipe mais on aimerait garder notre manière de jeu et ce qui a fait que l’on est aussi fort pour le moment."
Dans ce tournoi, l’équipe belge est à la mode, celle que tout le monde a envie d’aimer. Même Jean-Claude Van Damme et l’acteur américain Jamie Foxx vous encouragent à distance.
"On développe du beau jeu avec beaucoup de buts. Si l’on compare avec l’Euro 2016, on a montré notre bon côté, peu importe le résultat de vendredi. Si l’on fait un bon match contre le Brésil, on attirera encore plus de supporters. Les Pays-Bas faisaient ça avant. Le public neutre aime le beau football. Dans un scénario idéal, on bat le Brésil avec du beau jeu."
C’est LE moment de prouver au monde entier que vous êtes bien une génération dorée.
"Vous avez inventé cette expression, pas nous. On a longtemps dit ça du Portugal il y a quelques années et il n’a rien gagné pendant toute cette période. Si l’on prend le match juste individuellement, je peux déjà vous dire que nous n’avons aucune chance contre le Brésil. C’est en étant malin et en se battant les uns pour les autres que l’on pourra y arriver."
Est-on vraiment moins fort individuellement parlant, Vincent ? Lukaku est-il moins fort que Jesus ? Hazard moins fort que Neymar ? Courtois moins fort qu’Alisson ?
"On va regarder les Brésiliens droit dans les yeux, je vous l’assure. Ce que je veux dire, c’est que le collectif sera plus important que le reste dans ce match. Le Brésil est fort individuellement et bien en place collectivement. Si l’on veut en faire un match individuel, on perd. Tel joueur est plus fort que tel joueur, c’est une question d’opinion. Ce qui est déjà bien, c’est que l’on se pose la question. Dans le passé, il n’y avait pas photo (sourire). Le Brésil va avoir des occasions mais on est capables d’avoir le même nombre d’occasions. Puis, on verra qui gagne."
Le Brésil est-il le pays le plus impressionnant depuis le début du tournoi ?
"Individuellement, oui. Je leur fais un beau compliment mais ça ne change rien au fait que je crois en nos chances. Dans presque toutes les situations de jeu, ils ont une arme à utiliser. Mais le football est un sport collectif. Même si l’équipe en face est très forte, il y a toujours moyen de lui faire mal."
Avez-vous un plan pour battre ce Brésil ?
"Vous pensez que je vais le dire ici (rires) ? Je ne pense pas que c’est le bon endroit pour le révéler. L’important sera de bien utiliser les espaces. On peut écrire sur papier 4-3-3, 3-4-3 ou 4-4-2 mais ça n’a pas d’importance. Le Brésil est différent du Japon mais il faudra aussi exploiter les espaces. C’est ça, le football."
Ne faudrait-il quand même pas un peu s’adapter aux qualités du Brésil ?
"On veut rester fidèle à notre jeu. Défendre et récupérer le ballon haut puis attaquer. Maintenant, on n’a jamais été kamikazes non plus. On développera nos qualités. On voudrait sortir un match référence en termes de beauté de jeu. Personne ne parle dans le groupe de se mettre dans la position de l’underdog sur le terrain."
Interview > Christophe Franken