On a suivi le Superclasico argentin dans la peau d’un supporter de Boca Juniors
Ce dimanche, le traditionnel tournoi d’été voyait s’affronter les deux équipes les plus populaires d’Argentine: River Plate et Boca Juniors. Notre envoyé spécial en Argentine a assisté au match le plus caliente au monde.
- Publié le 22-01-2018 à 14h22
- Mis à jour le 22-01-2018 à 14h23
Ce dimanche, le traditionnel tournoi d’été voyait s’affronter les deux équipes les plus populaires d’Argentine: River Plate et Boca Juniors. Notre envoyé spécial en Argentine a assisté au match le plus caliente au monde.
Durant plusieurs semaines, la station balnéaire de Mar Del Plata, très prisée durant l’été, est envahie par une marée humaine, composée presque exclusivement de passionnés du ballon rond. Après avoir accueilli plusieurs chocs, le stade Minella recevait ce dimanche les joueurs et supporters de Boca Juniors et River Plate, pour le match le plus attendu de ce "tournoi d’été". Une rencontre amicale qui porte bien mal son nom, vu l’enjeu : prendre l’ascendant sur son ennemi juré, tant sur le terrain que dans les gradins ! Surtout que si en championnat les supporters visiteurs sont privés de déplacement, ce n’est pas le cas avec cette compétition.
Nous sommes parvenus à nous faufiler dans la tribune réservée aux "hinchas" de Boca Juniors pour vous faire vivre une expérience très particulière. Pour cela, il a d’abord fallu passer par deux fouilles au corps, avant de voir les policiers gratter les billets d’entrée à l’aide d’une pierre, pour vérifier leur authenticité, et enfin les scanner. Mission réussie, l’immersion pouvait commencer. Deux heures avant le début de la rencontre, la grosse majorité du stade qui peut contenir 35.000 personnes est déjà occupée. Les fans choisissent leur place scrupuleusement et seule une partie de chaque tribune populaire reste vide: celle réservée à la "barra brava", le club de supporters au comportement mafieux, qui bénéficie de certains privilèges, en échange de "services rendus", dont l’habitude est d’entrer au dernier moment.
Pas question d’attendre l’arrivée des 22 acteurs sur la pelouse, les supporters des deux camps entonnent leurs chants favoris. En plus de déclarer une nouvelle fois leur flamme au club de leur cœur, les fans de Boca Juniors ne tardent pas à chambrer leurs adversaires du soir. "Celui qui ne saute pas est allé en Ligue B", "Qu’est-ce que ça fait d’avoir joué en Ligue B ? Je te jure que même si les années passent, jamais nous ne l’oublierons". La raison ? Ils se targuent d’être toujours restés dans l’élite du football argentin, alors que River Plate a connu la descente, lors de l’exercice 2010-2011. Des amoureux de la Boca se font même tatouer un maillot de leur club, floqué du numéro 0 et du nom "Descente". Une vraie fierté de ne jamais avoir connu la mésaventure des "Millionnaires".
22h10, les joueurs montent sur le terrain alors qu’un feu d’artifice illumine le ciel et que les supporters redoublent d’effort pour gagner la bataille des tribunes. À ce petit jeu, River Plate part avec une longueur de retard : une partie de la tribune latérale qui lui est réservée n’est pas remplie. Une situation embarrassante pour un club d’une telle envergure. Et si les supporters de Boca prennent l’ascendant durant une bonne partie de la première mi-temps, avec une petite dizaine de chants différents, bien nécessaires pour animer une partie relativement terne, l’ouverture du score (41e) va donner des ailes aux "Gallinas" (les poules, surnom péjoratif donné par les supporters de Boca Juniors). Alors que les Européens sont habitués à se prendre la tête entre les mains, discuter du manque de rigueur défensive ou de la décision arbitrale, les supporters Jaune et Bleu chantent de plus belle pendant que l’attaquant adverse célèbre son but. Ce sont tout de même les Millionnaires qui finissent par dominer les débats jusqu’à la fin de la rencontre qui se terminera sur le score de 0-1. Sur le terrain, pas de tiki-taka, passe à dix, gri-gri ou joga bonito, mais un jeu direct vers l’avant et engagé. Avec un seul objectif, gagner pour récompenser ses fidèles supporters.
Faits assez rares que pour être soulignés, à aucun moment les Bosteros n’ont critiqué leurs joueurs, malgré la défaite et le pauvre spectacle proposé par Carlitos Tevez et ses compagnons, dans un match si important… et aucun incident majeur n’était à déplorer.