Mondial 2018: Questions pour des champions (ANALYSE)
Les autres favoris à la Coupe du Monde font aussi face aux interrogations. Tour d’horizon
- Publié le 25-04-2018 à 16h01
- Mis à jour le 25-04-2018 à 16h49
Les autres favoris à la Coupe du Monde font aussi face aux interrogations. Tour d’horizon
Le Brésil: Où en est Neymar?
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Les victoires du Brésil en Russie (0-3) et surtout en Allemagne (0-1) ont de quoi effrayer. Elles jettent en tout cas une autre lumière sur le visage de la Seleçao, qui a conquis ses succès en étant privée de Neymar. "Nous avons appris à jouer sans lui", a savouré Tite, ce qui prouve les progrès accomplis sous la houlette du technicien, qui a bâti un collectif capable de répondre présent en l’absence du joyau, une nouveauté bienvenue depuis l’avènement du crack. Bien entendu "irremplaçable" aux dires de son sélectionneur, le Parisien n’est plus le seul à porter sur ses épaules le poids des responsabilités techniques. La densité de talents offensifs est rare entre Gabriel Jesus, Willian, Coutinho, Firmino ou Douglas Costa. Elle a permis au Ney de se soigner en toute sérénité après sa fracture du cinquième métatarsien le 25 février dernier, entre parties de poker en ligne et soins prodigués au pays par le staff médical de la Seleçao. Sauf retournement de situation, le Brésilien, qui se déplace désormais sans béquille, est attendu en France début mai mais il ne devrait pas rejouer en club d’ici la fin de la saison, toute son attention étant tournée vers la Russie.
L'Espagne: Quel avant-centre?
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Les interrogations se concentrent à la marge et nombreux sont les sélectionneurs qui aimeraient faire face au même type de questionnement que Julen Lopetegui. La Roja bâtie par le sélectionneur se veut fidèle à l’ADN du football espagnol, tout en étant capable de varier les plaisirs, avec des nuances qui font merveille et ont fait notamment exploser l’Argentine. Ce soir-là, Isco avait posé les bases de son joli printemps avec un triplé venu faire écho à son doublé inscrit contre l’Italie lors des éliminatoires (3-0). Le joueur du Real avait ridiculisé la Squadra en évoluant dans un rôle de faux neuf. Contre les vice-champions du monde, Iago Aspas, plus habitué à évoluer sur un côté, avait succédé en pointe à Diego Costa qui avait été titularisé, avec à la clef un but marqué pour chacun. Cette réussite illustre le problème de riche auquel fait face Lopetegui entre un avant-centre pur comme Costa, qui revit depuis qu’il a retrouvé l’Atletico, un talent multifacette comme Isco et un facteur X nommé Aspas. Tout en sachant que derrière, Alvaro Morata ou Rodrigo incarnent des alternatives crédibles, le premier en raison de son vécu dans le groupe, le second à cause de sa belle saison à Valence.
L'Argentine: Comment contourner Messi?
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Il n’est pas certain que l’Argentine avait besoin de se faire gifler de la sorte pour se rappeler à quel point elle redevient une équipe ordinaire sans Lionel Messi. Déjà qualifiés difficilement grâce aux exploits de son talisman, les vice-champions du monde ont explosé dans des proportions considérables en Espagne (6-1) sans lui. Et Jorge Sampaoli ne cherche pas à le cacher : "l’Argentine sera son équipe, il arrive à son pic en terme de maturité et il peut porter l’équipe sur ses épaules". Croire qu’il parviendra à tout faire tout seul apparaît comme une utopie et une manière de ne pas regarder en face les problèmes de la sélection. "Il faut trouver comment établir une harmonie collective", a encore indiqué le sélectionneur. Reste à trouver laquelle. Transposer sur le terrain le conglomérat d’attaquants argentins de haut vol où figurent Angel Di Maria, Sergio Agüero, Gonzalo Higuain, Paulo Dybala et Mauro Icardi, qui ont tous marqué plus de 20 buts cette saison dans des équipes de premier plan, apparaît comme un vrai casse-tête. Tout en sachant que la blessure de Lucas Biglia et la porosité de la défense viennent rajouter d’autres données à une équation de plus en plus compliquée, que même un génie comme Messi pourrait ne pas résoudre.
Le Portugal: Qui avec Ronaldo?
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Posséder dans ses rangs l’un des meilleurs joueurs et buteurs de l’histoire de ce jeu peut être à la fois une bénédiction et une source d’interrogations. Dans des proportions moins poussées que l’Argentine avec Messi, le Portugal fait face au même type de problème avec Cristiano Ronaldo. Avec une nuance de taille : la Seleçao a déjà gagné un titre un soir où le phénomène est sorti après 25 minutes de jeu, se trouvant en Eder un improbable héros. Le seul buteur de la finale du dernier Euro est retombé dans un anonymat assez incroyable avec un prêt au Lokomotiv Moscou où il n’a marqué que trois buts. En championnat, André Silva a encore moins marqué, brillant plus en Ligue Europa avec six réalisations dans la phase de groupe. Mais l’ancienne vedette du FC Porto peine à digérer son passage à l’AC Milan alors que son bilan en sélection reste bon (11 buts en 20 apparitions). Dans ce paysage, les bonnes nouvelles viennent des côtés. Absent pour cause de blessure il y a deux ans, Bernardo Silva, même utilisé avec parcimonie à City, a prouvé qu’il pouvait apporter une certaine dose de créativité. Son successeur à Monaco, Rony Lopes, dans un registre plus percutant, postule également pour devenir l’un des lieutenants de CR7.
L'Allemagne: Que faire avec Neuer?
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Manuel Neuer ne figure pas dans le groupe du Bayern Munich qui affronte le Real Madrid ce mercredi soir. Le gardien s’entraîne pourtant normalement depuis désormais presque trois semaines et entrevoit enfin le bout d’un tunnel où il a plongé il y a un quand il s’est fracturé une première fois le pied gauche puis une seconde fois en septembre. Ce qui fait que les doigts d’une main suffisent à comptabiliser le nombre de matches disputés ces 12 derniers mois, à savoir quatre. De quoi faire naître un débat qui agite l’Allemagne sur sa présence ou non en Russie. Plusieurs courants s’affrontent. D’un côté, celui incarné par Dietmar Hamann pour qui "il est exclu que Neuer aille en Russie". L’ancien milieu a illustré son propos sur Sky en rappelant la densité allemande à ce poste, entre un Ter Stegen étincelant à Barcelone, un Leno rassurant à Leverkusen, un Trapp qui rejoue à Paris sans oublier Ulreich qui a convaincu au Bayern. De plus en plus de voix s’élèvent pour que le gardien soit appelé en sélection, ce qui revêtirait d’une certaine forme de logique vu ses performances. Mais tout cela doit-il s’opérer au détriment de Neuer ? Non, pour Oliver Kahn. "Ce n’est pas si facile de revenir après une si longue blessure et de jouer une Coupe du Monde", souligne l’ancien gardien, "mais je l’appellerai dans tous les cas, mais il doit d’abord être apte". Une condition qui pourrait être encore plus validée si Neuer, qui n’a jamais eu besoin de beaucoup de temps pour recouvrer son meilleur niveau, parvient à grappiller du temps de jeu d’ici au mois de mai. Ce que la fin de saison sans enjeu en Bundesliga pourrait lui octroyer.
L'Angleterre: Quel gardien numéro un?
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Le débat posé en mars par Gareth Southgate n’est toujours pas tranché. Dessiner une hiérarchie claire entre Joe Hart, Jordan Pickford, Jack Butland, et Nick Pope apparaît franchement compliqué. Titulaire lors des éliminatoires, le premier n’a pas joué lors du dernier rassemblement mais a retrouvé sa place avec West Ham, ce qui, vu son vécu de joueur le plus capé d’un groupe très jeune, compte forcément. Le deuxième a prouvé contre les Pays-Bas sa qualité au pied en connaissant aussi quelques frayeurs malgré une clean sheet. Le troisième a un peu surjoué face à l’Argentine et a encaissé un but sur penalty. Quant au dernier, il ne respire pas forcément la sérénité avec Burnley et qu’il n’est pas joué en mars limite ses chances… D’ici à l’annonce du groupe des 23, le débat va continuer à faire rage, Seaman a déjà opté pour Hart, Shilton pour Pickford, Crouch pour Butland pendant que Pope a lui aussi ses partisans. L’enjeu s’annonce déterminant, les autres pièces du puzzle disposées dans un 3-5-2 s’imbriquant plus ou moins tout en sachant que le réservoir en défense n’est pas extensible mais surtout qu’Harry Kane remonte en puissance après sa blessure.
La France: Quel schéma?
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Le mois de mars a apporté plus de questions que de réponses à Didier Deschamps. Depuis la mi-temps du huitième de finale de l’Euro, le sélectionneur avait troqué son 4-3-3 pour un 4-2-3-1 visant à installer Antoine Griezmann dans son rôle préférentiel de second attaquant. Deux ans plus tard, la porosité défensive observée contre la Colombie, notamment, plaide pour un retour au schéma initial, quitte à exiler Griezmann sur un côté ou à l’aligner alors seul en pointe au détriment d’Olivier Giroud qui n’a jamais déçu en sélection. Ce schéma offre plus d’équilibre dans un entrejeu où quatre hommes, N’Golo Kanté, Blaise Matuidi, Paul Pogba et Corentin Tolisso, postulent. Offensivement, Deschamps n’a pas encore trouvé la bonne animation malgré un éventail de possibilités très riches avec, en plus de Griezmann et Giroud, Kylian Mbappé, Thomas Lemar, Kingsley Coman, Ousmane Dembélé, Alexandre Lacazette ou encore Dimitri Payet, Florian Thauvin, Nabil Fekir, Wissam Ben Yedder et Anthony Martial. Malheureusement pour le Basque, le réservoir est nettement moins large défensivement. Si le retour à la compétition de Benjamin Mendy apparaît comme une bénédiction à gauche, la blessure de Djibril Sidibé à droite ouvre un nouveau chantier avec le polyvalent Benjamin Pavard et le revenant Mathieu Debuchy en tête de liste, tout en sachant que le sélectionneur n’a pas encore trouvé l’association idéale entre les quatre axiaux de haut-niveau que sont Samuel Umiti, Raphael Varane, Laurent Koscielny et Presnel Kimpembe…