"Ma famille va suivre le match en maillot b elge et en kilt"
- Publié le 08-09-2018 à 15h42
L’Écossaise Beth Martinez raconte pourquoi son mari et elle sont tombés amoureux de la Belgique Moorings Hotel à Motherwell, petite ville de 30.000 habitants dans le sud-est de Glasgow. C’est dans cet hôtel trois étoiles - le bâtiment a été construit en 1891 et est un site protégé - que notre coach fédéral a fait la plus belle rencontre de sa vie. Celle de Beth Thompson (36 ans), sa future femme.
Retour au début de l’année 2002. Après avoir joué pendant six saisons à Wigan, Martinez tente une aventure écossaise à Motherwell. Mais le club frôle la faillite, les employés ne sont plus payés. Malgré les problèmes financiers du club de tradition, les joueurs préparent leurs matches dans le Moorings Hotel, où travaille une certaine Beth.
Beth a 19 ans à cette époque et suit des études de marketing à Glasgow. Même si son grand-père est fan de Motherwell, elle ne tombe pas sous le charme de Roberto, le footballeur, mais de Roberto le gentleman, qui s’intéresse à ses études. Leur amitié se transforme en amour et les deux se marient en 2009. Cinq ans plus tard, leur petite fille Luella voit le jour.
Au quotidien Het Nieuwsblad, elle a donné sa première interview après la Coupe du monde.
Cela vous fait quoi, Beth, d’affronter l’Écosse en tant que "Première dame" du football belge ?
"Je suis née à Glasgow. Ce sera donc un match très spécial pour moi. Bien sûr que je serai supportrice des Diables rouges de mon mari. Mais toute ma famille, du moins les hommes, vont suivre le match en maillot des Belges et… en kilt." (Rires)
Vous venez de vivre un été inoubliable.
"Ce n’était pas l’été le plus romantique qu’on ait connu - pour cela, je n’ai pas assez vu mon mari - mais bien le plus beau."
Pour votre mari, le moment le plus touchant était l’accueil à la Grand-Place.
"J’y étais aussi présente. Je me sentais vraiment belge, ce jour-là. J’étais si fière d’être là. L’accueil des fans était énorme, malgré la défaite en demi-finale. Je me suis dit : ‘Quel pays magnifique !’ C’était le plus beau moment de la carrière de Roberto."
Est-ce que c’était une surprise pour lui d’avoir atteint le dernier carré au Mondial ?
"Non. Avant le départ pour la Russie, il m’avait demandé de mettre assez de caleçons et de chaussettes dans sa valise pour qu’il ait des réserves jusqu’au 15 juillet, date de la finale. Il avait donc confiance en ses joueurs."
On vous a rencontrée à l’aéroport de Moscou avant Belgique - Tunisie. Avez-vous assisté à tous les matches ?
"Non, je suis seulement allée pour les trois matches de poules et pour la demi-finale contre la France. Cela aurait été trop fatigant pour notre fille de faire sept allers-retours. Son papa lui manquait et vice-versa. J’évitais qu’elle le voie trop souvent à la télévision. Cela l’aurait rendue encore plus triste. Roberto aurait pu survivre pendant cinq semaines sans nous, mais nos visites lui ont quand même fait du bien. Vous auriez dû le voir quand Luella lui lançait ‘Good morning, daddy’ au réveil. Cela l’a motivé."
Où avez-vous suivi les deux plus grands succès : le 3-2 contre le Japon et le 2-1 contre le Brésil ?
"À Ibiza. Pendant que la Belgique était en extase, on a préféré se rendre à un endroit plus calme, où nous allons chaque année en vacances. J’ai suivi les matches avec des amis et des voisins. Tous les Espagnols étaient supporters de la Belgica. Qu’est-ce qu’on était heureux ! C’était un rêve."
Vous êtes retournée en Russie pour Belgique - France…
"Oui, mais j’ai suivi le match à la télé dans l’hôtel des Diables à Moscou et pas à Saint-Petersbourg. Cela aurait été trop épuisant pour Luella de revenir la nuit même. L’élimination était un choc. Roberto était très déçu, mais notre présence à l’hôtel lui a remonté le moral. Le lendemain, il a pu tourner le bouton et se motiver en vue du match pour la troisième place contre l’Angleterre."
À son retour, vous êtes repartis à Ibiza.
"Pas pour faire la fête, mais pour retrouver le calme. Notre maison se trouve du côté tranquille de l’île, pas du côté des discothèques. Roberto va à Ibiza depuis qu’il est enfant. Et moi, j’y suis allée quelques fois quand j’étais jeune. Je trouvais déjà que c’était un endroit fantastique."
Il a rattrapé le temps perdu avec sa fille…
"Ces deux-là ont un lien très étroit. Luella va avoir cinq ans en octobre, elle comprend déjà un peu que papa doit parfois s’absenter. Avant, quand il devait partir pendant deux semaines, elle se fâchait et disait qu’il ne pouvait partir qu’un jour. Pendant le Mondial, ils se sont appelés tous les matins avant l’école et tous les soirs avant d’aller au lit. Il essaie de toujours être là pour elle. Il l’a déposée à l’école pour son premier jour."
Est-il un papa sévère ?
"Quand il le faut, oui ! J’ai pitié d’elle quand elle aura seize ans et qu’elle présentera son premier petit ami. Sa première question sera : ‘Tu fumes ?’ Suivie par : ‘Tu bois de l’alcool ?’ Et finalement : ‘Tu aimes le foot ?’" (Rires)
A-t-il pu lâcher le foot, à Ibiza ?
"Il m’a quand même demandé de mettre quelques livres de foot dans ses bagages. Même en vacances, il ne parvient pas à se déconnecter entièrement. Il cherche des chaînes qui passent du foot. Si je lui enlevais son foot, on aurait un gros problème. Je sais qu’il m’est reconnaissant pour cela. D’ailleurs, ces derniers jours, je sens qu’il a retrouvé la faim du foot. Je suis prête à le lâcher pour qu’il se consacre à sa grande passion."
Il paraît qu’il est maniaque.
"Le football est sa vie et son épouse doit l’accepter. Oui, c’est vrai : à la maison, il regarde souvent deux matches en même temps, sur deux écrans de télévision. Mais cela marche : lui le foot, moi le reste, comme le ménage et l’aménagement de notre maison. J’aime les intérieurs. Je peins, aussi. Mon style est abstrait et expressif, un peu à la Jackson Pollock (NdlR : un peintre américain de l’expressionnisme abstrait du début du XXe siècle). Notre famille et mes amis m’encouragent à aller plus loin, mais je ne vends pas encore mes œuvres. J’y prendrais moins de plaisir."
Entre-temps, Roberto est devenu citoyen d’honneur de Waterloo, où vous vivez.
"Quand on a débarqué en Belgique, il y a deux ans, on ne savait pas ce qui nous attendait. Coacher une équipe nationale, la Belgique comme pays : c’était tout nouveau pour nous. On a vraiment été agréablement surpris. Vous êtes très chaleureux et ouverts. Je ne sais pas si votre situation géographique - centrale en Europe - y est pour quelque chose. On s’est directement senti chez nous à Waterloo. Luella y va à l’école internationale, Bruxelles est tout près."
Quoi d’autre vous a séduite dans notre pays ?
"J’aime faire du shopping chez vous. J’ai même déjà quelques créateurs de mode favoris. Et votre chocolat, il est vraiment… crazy. Qui plus est, personne ne nous embête. Je peux aller au supermarché, Roberto peut aller à l’école de Luella comme chaque autre papa. Je suis même des cours de français ! Vraiment, on adore Waterloo et la Belgique !"
Yves Taildeman (avec H. Nb.)