Lombaerts, le plus russe des joueurs belges: "Poutine ne laissera pas les hooligans faire"
Nicolas Lombaerts s’attend à une belle Coupe du Monde en Russie
- Publié le 14-06-2018 à 06h57
- Mis à jour le 14-06-2018 à 08h57
Nicolas Lombaerts s’attend à une belle Coupe du Monde en Russie Nicolas Lombaerts n’ira pas à la Coupe du Monde. Ni dans le groupe des Diables ni comme touriste. "On reprend vite avec Ostende donc je ne peux vraiment pas m’y rendre, soupire le plus russe des joueurs belges. J’aurais bien aimé aller voir un match à Saint-Pétersbourg mais je n’en aurai pas l’occasion."
Il reste tout de même le meilleur guide possible pour présenter ce mondial russe.
La Russie est-elle un véritable pays de football ?
"On a beaucoup parlé du fait que cette Coupe du Monde a été attribuée grâce à l’argent. Je suis certain que cela a joué dans le processus décisionnel mais la Russie est loin d’être un pays qui, comme le Qatar, n’a jamais shooté dans un ballon. Il y a une tradition de football qui date de l’URSS. C’est le sport numéro 1 du pays."
Et l’ambiance risque d’être chaude…
"Les Russes sont des patriotes et ils ont envie de montrer qu’ils soutiennent le pays mais également qu’ils sont capables d’organiser un grand tournoi. La Russie est un beau pays et veut le prouver au monde entier. D’ailleurs, attendez-vous à des stades fantastiques. Celui de Luzhniki à Moscou est le plus beau que j’ai vu de ma vie. C’est bien mieux que le Maracana."
La sécurité pose question…
"Je ne pense pas que ce sera un problème. J’avais davantage peur pour la sécurité des supporters au Brésil. Il n’y a pas de favelas en Russie."
Et le racisme ?
"Il s’est malheureusement propagé dans les stades de l’ouest de l’Europe. La Russie n’en a pas le monopole."
Nous avons encore en tête les scènes marseillaises de l’ Euro 2016 avec des supporters russes hors de contrôle qui mettent à sac des terrasses. Pensez-vous qu’ils agiront de la sorte à domicile ?
"Les hooligans seront sous contrôle. C’est différent quand ça se passe à la maison. En Russie, le gouvernement sait qui ils sont. Ils seront contrôlés les jours de match. Poutine ne les laissera pas faire. Ils seront punis en cas de souci. À ce niveau-là, mieux vaut être en Russie."
Connaissez-vous un peu le nord de Moscou où seront basés les Diables ?
"Je connais mieux la ville en tant que telle que cette région précise. Si j’ai bien lu, ils seront loin du centre. C’est dommage car ils ne verront pas la ville mais en même temps, ils vont éviter les bouchons sur la route. Un tournoi, on le passe de toute façon dans son coin. Je l’ai déjà dit : en 2014, la Coupe du Monde aurait pu être en Chine ou au Brésil, je n’aurais pas vu la différence."
Comment résumez-vous la ville de Moscou ?
"C’est une vraie métropole, la plus grande ville d’Europe. La place Rouge sera en ébullition. Il y aura plein de choses à faire pour les supporters. La ville bouge beaucoup. On dit que Moscou ne dort jamais. Tout est ouvert 24 heures sur 24. C’est plus dingue que Londres ou Paris. Si tu as de l’argent, tu peux faire ce que tu veux."
Vous attendez-vous à une grosse ferveur en ville ?
"Moscou est tellement immense que certains coins seront plus épargnés que d’autres. J’imagine bien une grosse ambiance sur la place Rouge et dans la fan zone ."
"J’avais un peu réfléchi à ma conférence de presse"
En 2014, Nicolas Lombaerts s’était fait remarquer en dehors des terrains.
Personne ne s’attendait à la Coupe du Monde 2014 au Brésil à ce que la première conférence de presse de Nicolas Lombaerts tourne au spectacle de la sorte.
"On l’a un peu exagérée, sourit-il. Je suis comme ça. Un peu sarcastique. J’ai un sens de l’humour particulier. Et les journalistes adorent ça."
Il faut avouer qu’il avait sorti tout son arsenal de blagues et des tacles ("balancés avec humour") en n’épargnant personne.
"C’était autre chose que des clichés. Je me suis dit que j’allais offrir quelque chose d’autre au public."
C’était donc prémédité ?
"J’y avais un peu réfléchi. Je voulais faire un truc pareil. Je suis comme ça."
N’aviez-vous pas peur de la réaction du coach ?
"Que pouvait-il me faire ? Me renvoyer à la maison ? Je n’ai critiqué personne. En fait, maintenant que j’y pense, il m’a donné ma chance contre la Corée du Sud par la suite. Peut-être mes déclarations ont-elles aidé mon cas (rires) ."
Tout ce que vous avez déclaré était sur le ton de la blague ?
"Oui, hein. Peut-être que tout le monde n’a pas compris. La presse étrangère a dû se demander ce que je racontais et pourquoi tout le monde se marrait."
Vous aviez dit que Kompany n’était pas un héros parce qu’il avait joué avec le nez cassé…
"Je blaguais, hein. C’était du sarcasme. Heureusement le groupe pige mon sens de l’humour."
Vous n’avez joué qu’un match au Mondial mais Marc Wilmots a toujours été très positif avec vous…
"Il était content de ce que j’ai fait. Je n’ai finalement joué qu’un match mais j’en suis fier. Je vais pouvoir raconter à mes petits-enfants que j’ai joué un match de Coupe du Monde."
Pour vous qui êtes du genre à vous intéresser à beaucoup de chose, n’est-ce pas long un mois à l’hôtel ?
"Il y avait le terrain de golf. J’y ai passé peut-être plus de temps qu’à l’entraînement. J’étais bien là dans ma voiturette sur le green. Au début, il n’y en avait pas, donc j’ai dû prendre un vélo et mettre mes clubs sur mon dos (rires) ."
"Sotchi, c'est un peu le Monte-Carlo"
"Je ne comprends pas pourquoi la Belgique doit autant se déplacer en poules."
Nicolas Lombaerts est surpris des désignations de match des Diables et de la distance, notamment vers Sotchi.
"Une ville que je ne connais que de réputation. Et elle n’est pas spécialement positive. On me l’a toujours décrite comme une ville très artificielle créée pour les Jeux olympiques d’hiver 2014. On l’appelle d’ailleurs le Monte-Carlo de Russie. Ce n’est pas le lieu le plus excitant du pays."
Il n’est pas, non plus, passé par Kaliningrad mais s’y est intéressé pour son histoire. "C’est une ancienne base militaire. Une ville historique de la Prusse."
L’autre face de Lombaerts "On débat parfois de l’actualité avec Mignolet"
Nicolas Lombaerts a la réputation d’être le Diable Rouge le plus cultivé. Il refuse cette réputation en cultivant quand même cette image. Son meilleur ami dans le groupe est Simon Mignolet, détenteur d’un master en sciences politiques. "C’est une personne très intelligente avec qui on peut parler de tout et de rien. Nous sommes souvent ensemble dans le bus et cela nous arrive parfois de débattre de l’actualité. On lit un truc dans le journal et on en discute. On ne parle pas toujours de football."
Il ne se considère pas pour autant comme un Ovni dans le groupe des Diables ou à Ostende. "Je n’ai jamais dû m’adapter au monde du football. J’y ai passé toute ma vie. Ce n’est pas parce que je m’intéresse à autre chose que je suis en dehors du groupe. Croyez-moi, je sais aussi parler de voitures et de gonzesses."