Leur corps est belge mais leur coeur est brésilien: Edmilson et Wamberto se confient à la DH
Edmilson et Wamberto ont passé plus de temps chez nous que chez eux mais vendredi, ce sera samba.
- Publié le 05-07-2018 à 12h16
Edmilson et Wamberto ont passé plus de temps chez nous que chez eux mais vendredi, ce sera samba. En vacances dans l’État de Maranhão, Wamberto n’arrête plus de répondre au téléphone depuis que la Belgique a battu le Japon. Il le fait avec son sourire et sa gentillesse habituels.
"Une chaîne de télévision est déjà venue m’interviewer et une autre assistera au match avec moi, mais j’ai déjà prévenu tout le monde : je suis plus belge que brésilien car j’ai passé plus d’années en Belgique."
Puis il ajoute avec malice : "Mais la partie de mon corps qui est restée brésilienne… c’est le coeur. De toute façon, quel que soit le résultat, moi, je suis déjà en demi-finale."
Edmilson, lui, ne le cache pas : il supporte le Brésil. Les choses auraient pu être différentes si Junior avait été repris. Il a longtemps espéré figurer dans la liste de 35… qui a été ramenée à 28 avant d’être publiée.
"Je peux comprendre Martinez : il avait déjà son groupe et ne change pas facilement. Junior avait livré une grosse fin de saison mais je lui ai dit : ‘Sois patient et travaille, dans quatre ans, tu seras là.’"
Wambi et Edi sont d’accord sur un point : le Brésil devra se méfier de la Belgique.
"Ici, on parle des Diables Rouges avec respect", dit Wambi. "Mais je sens bien qu’au fond, ils pensent tous que le Brésil a la tradition avec lui et va l’emporter. Moi je leur dis : ça fait longtemps que la tradition ne gagne plus de matches. Même la Belgique a failli l’apprendre à ses dépens lundi : avec un entraîneur sud-américain, les Japonais gagnaient."
Edmilson : "Sérieusement, facile. Comment a-t-elle pu se laisser manoeuvrer à ce point-là ? C’est peut-être ça qui va faire la différence vendredi : les deux pays possèdent une bonne ligne d’attaque mais le Brésil a une défense plus stable. Il va falloir neutraliser trois joueurs : Lukaku, Hazard et De Bruyne, encore que ce dernier n’affiche pas le même niveau chez les Diables qu’à Manchester City : s’il veut laisser une trace, il est temps que sa Coupe du Monde commence. On pouvait en dire autant de Neymar mais lui, lundi, il a mis certaines choses au point."
Wamberto reconnaît que la star du PSG et la Seleção montent en puissance mais… "Elle n’est plus invincible, c’est une équipe comme les autres. Neymar va mieux, mais on attend beaucoup plus de lui."
Pour Edmilson, le joueur le plus sous-estimé de l’équipe brésilienne, c’est Gabriel Jesus. "Tout le monde se focalise sur Neymar et Coutinho mais lui, il abat un travail énorme, il met tous les défenseurs sous pression."
"Si le Brésil ne gagne pas, j’ai intérêt à repartir"
C’est à des milliers de kilomètres l’un de l’autre que Wamberto et Edmilson vont vivre Belgique - Brésil, vendredi. Mais tous deux le regarderont en famille.
"Pas mal d’amis viendront à la maison, ce sera l’après-midi, on fera un churrasco (barbecue)", dit Wambi, dont les fils Danilo (Antalysaspor) et Wanderson (Krasnodar) sont déjà repartis dans leur club. Seul Wambertinho est resté, il a décidé d’arrêter le foot pour entreprendre des études.
Edmilson, rentré de vacances voici quelques jours à peine, restera chez lui. "J’ai voulu aller à Sclessin avec mon maillot du Brésil mais j’avais peur qu’on me mette dehors", plaisante-t-il.
Tous deux pensent que le Brésil va l’emporter… mais difficilement. "De toute façon, j’ai intérêt à ce que le Brésil gagne ou… à couper mon téléphone et à repartir au Brésil, sinon tout le monde va me charrier."
À Seraing, leurs enfants ont grandi avec ceux de Lukaku
"Roger, c’était comme notre famille"
Edmilson et Wamberto ont joué pendant deux ans avec Roger Lukaku à Seraing (1993 à 1995).
"Lui, Danny Ngombo, Isaias, Edi et moi, nous étions toujours ensemble", dit Wamberto qui, plus tard, a invité Roger à des matches d’anciennes stars brésiliennes au profit d’enfants des favelas. "On formait comme une grande famille et les enfants jouaient tout le temps ensemble. Ces derniers temps, on s’est un peu perdu de vue car il a changé de numéro."
Edmilson renchérit : "Pendant les matches, pendant les entraînements, les gamins couraient dans la tribune. Il y avait toujours un ballon avec eux. Romelu était déjà le plus grand et le plus fort. Il était déjà aussi costaud que mon fils Ediberg et que Danilo, le fils de Wambi, qui avaient trois ans de plus. On se demandait parfois si les nôtres n’étaient pas trop petits mais en fait, c’est lui qui était déjà en avance sur son âge."
"À ce moment-là, on ne pouvait pas encore dire s’ils seraient de bons joueurs mais une chose est sûre : c’était déjà Romelu qui shootait le plus fort", rigole Wamberto.
Junior Edmilson, Jordan Lukaku et Wanderson Sousa Campos n’avaient qu’un an. Roger avait débarqué de Boom, où il avait inscrit 11 buts en 43 rencontres. À Seraing, servi par Edmilson, Isaias et Wamberto, il allait en marquer 27 en 60 matches.
"Et en rater autant", rigole Edmilson. "De ce point de vue, il était un peu comme Romelu maintenant : il lui fallait plusieurs occasions pour marquer."
Wamberto voit une autre similitude : "Roger jouait très bien en pivot : on lui a offert des buts mais il nous a également délivré pas mal d’assists."
Edmilson enchaîne : "Roger, c’était un joueur de grand rectangle. Romelu est beaucoup plus complet et beaucoup plus rapide. La feinte qu’il fait pour laisser le ballon à Chadli sur le troisième but face au Japon, c’est super. Si j’ai un conseil à donner aux défenseurs brésiliens, c’est de jouer l’anticipation sur lui. Si on le laisse se retourner, on est mort."