Le Ramadan des footballeurs: "Sans boire, c’est impossible"
Le Ramadan est difficilement compatible avec les températures de la semaine passée.
- Publié le 07-07-2015 à 16h27
- Mis à jour le 08-07-2015 à 07h14
Le Ramadan est difficilement compatible avec les températures de la semaine passée. Les organismes souffrent pour l’instant. Après de bonnes vacances passées à se prélasser et à manger, certains joueurs ont, depuis le 18 juin, débuté le Ramadan sous une canicule belge peu commune.
Le début du jeûne musulman s’est déroulé sans encombre mais les fortes chaleurs de la semaine dernière ont bouleversé les plans des joueurs musulmans. "Avec ou sans Ramadan, le risque est toujours plus élevé avec de fortes températures", lâche le Docteur Ouchinsky, spécialiste du sport à l’ULB. "Pourtant, l’organisme possède d’énormes capacités d’adaptation, surtout dans un pays comme la Belgique. On ne dirait pas mais le Belge peut passer, en 6 mois, de 40°c à -10°c."
Dans le cas du Ramadan, un paramètre vient tout bouleverser : l’interdiction de boire et de manger. "La religion est assez souple pour qu’il y ait des exceptions car sans boire, c’est impossible. C’est le moteur de la vie. Sans eau, la performance est vraiment complexe et la chute indéniable. Habituellement, le Ramadan se fait avec une activité moindre mais un sportif de haut niveau doit s’hydrater sous près de 40°c."
Sans une chaleur dantesque, le Ramadan est totalement compatible avec le sport de haut niveau. "Cela paraît dangereux et fou mais c’est tout à fait jouable. A priori, il n’y a pas de baisse de performance pour le joueur. La plupart des sportifs de haut niveau qui le font sont habitués. Leur organisme sait comment il va devoir réagir. N’oublions pas qu’ils sont également mus par leurs croyances."
Et dans le cas d’Anthony Vanden Borre qui a découvert le Ramadan, sans être de confession musulmane, mais qui l’a arrêté lundi ? "Un joueur de football sait s’adapter à cela. Si c’était dangereux, il y aurait plus de morts. Sachez qu’il y a plus de décès dus aux 20 km de Bruxelles qu’au Ramadan."
Et contrairement aux quidams, les sportifs peuvent s’adapter. "Les dirigeants de clubs et les entraîneurs savent qu’ils doivent faire attention à ne pas cramer leurs gars. Je suppose qu’ils collaborent pour que le joueur ait des facilités et puisse tenir son Ramadan tout en s’entraînant correctement. Les travailleurs normaux n’ont pas cette chance. Prenez quelqu’un qui travaille dans le bâtiment et qui suffoque toute la journée sous le soleil. Il n’a pas la chance de pouvoir adapter son travail et pourtant, il respecte son jeûne. Le corps encaisse beaucoup mieux les conditions extrêmes qu’on le pense."
Oussalah: "Je me rattraperai après"
Mustapha Oussalah respecte le Ramadan depuis qu’il est gamin. Pro depuis des années, le Gantois n’a jamais manqué de faire le jeûne, même s’il s’adaptait en cas de rendez-vous important.
Ici, impossible de ne pas boire et manger sous plus de 35°. "J’essaie toujours de le faire avec sérieux et avec amour pour ma religion. Mais depuis le début des fortes chaleurs, ce n’était plus possible, je ne le faisais plus. Je me sentais vraiment plus faible qu’à l’habitude."
Il tente tout de même de respecter le jeûne au mieux. "Je le fais quand je sais que la journée est plus légère ou sans match. Je demande le planning assez tôt au coach et je fais en fonction."
Pour cela, il a eu la chance de tomber sur un entraîneur qui le comprend, Hein Vanhaezebrouck. "J’en discute toujours avec lui et nous faisons le point à l’avance. J’ai toujours eu son aval. Il sait que je connais mon corps et que je suis capable de gérer cela. D’autres musulmans n’ont pas toujours eu cette chance-là."
Qui dit jeûne rompu dit compensations. Le joueur en est totalement conscient. "Je prolongerai le Ramadan. Quand je décide de ne pas suivre les règles, je me permets de boire et de manger mais je devrai jeûner le nombre de jours que je n’ai pas respecté. Je me rattraperai par la suite mais ce n’est pas un problème. Si je n’étais pas footballeur, je suivrais le jeûne de manière plus régulière que seulement durant le Ramadan. Cela ne me pose aucun souci de ne pas boire ou manger durant la journée. Je devrai également donner de l’argent aux pauvres en compensation, comme le souhaite la religion."
Chaleur ou non, le Belgo-Marocain refuse catégoriquement de se plaindre de sa situation actuelle. "Imaginez ceux qui sont au Maroc. Ici, il fait moins de 40° alors que là-bas, on frôle les 50. Je me dis que j’ai de la chance car je pense aux autres avant tout. Si une personne âgée en est capable, je dois le faire aussi."