Le break estival est-il important pour les joueurs ?
Mourinho aimerait voir ses Diables revenir plus tôt. Mais gare à revenir trop vite
- Publié le 01-08-2018 à 12h48
- Mis à jour le 01-08-2018 à 16h29
Mourinho aimerait voir ses Diables revenir plus tôt. Mais gare à revenir trop vite José Mourinho l’a mauvaise. Déjà pas fan du concept de tournée américaine, le coach portugais a également regretté le fait que certains de ses joueurs soient toujours en vacances. Parmi eux, on retrouve Romelu Lukaku et Marouane Fellaini. "Les joueurs de mon équipe qui ont disputé la Coupe du Monde devraient songer à raccourcir leurs vacances pour aider l’équipe épuisée et pour préparer le début de la saison de Premier League", a-t-il lancé.
Mais le Mou n’est-il pas trop dur avec ses joueurs ? Les deux Diables étaient sur le terrain le 13 août 2017 pour jouer contre West Ham avec Manchester United… et encore mi-juillet sous le maillot des Diables. Soit onze mois de compétition, entrecoupés de trois semaines de pause pour eux, et non deux comme l’entraîneur mancunien le souhaiterait.
"Il est difficile de donner une durée idéale pour les vacances de joueurs, car plusieurs paramètres entrent en jeu", tempère Raphaël Graindorge, médecin du sport. "Il y a déjà l’état dans lequel le joueur sort de sa saison : y a-t-il épuisement ou pas ? Ensuite, certains joueurs récupèrent plus facilement que d’autres. D’autres encore ne gagnent pas forcément à s’arrêter longtemps, car ils perdent vite leur condition et prennent du poids pendant leurs vacances. Enfin il y a le cas des joueurs qui ont peu joué en club et qui ont carrément pu se refaire une santé au Mondial. Ceux-ci n’ont pas forcément besoin d’un long repos, étant donné qu’ils ne se sont pas épuisés avant la Coupe du monde." On pense notamment à Nacer Chadli et… Fellaini, qui a oscillé entre bribes de matches et blessures cette saison.
Bonne récup’ ou pas , ce repos reste malgré tout primordial, surtout sur le plan mental. "C’est leur métier, bien sûr, mais ils sont soumis à une forte pression, due à la compétition, et le mental est assez influencé par cela", ajoute le docteur Graindorge. "Ils ont besoin d’un break, sans football, sans leur boulot. Comme tout le monde, en fait." Recharger les batteries passe donc avant tout par la tête. Et gare à zapper cette phase de transition entre chaque saison. "C’est le risque de les voir épuisés dans leur tête dès novembre ou décembre. Or c’est à ce moment que les coaches comptent sur eux." Ce sera surtout le cas de Mourinho, qui aura bien besoin de son milieu de terrain et de son avant-centre pour passer au travers du traditionnel Boxing Day. "L’autre danger, ce sont les répercussions physiques de cet épuisement. Un joueur à bout mentalement va moins bien appréhender certaines phases, être moins vigilant sur un tacle ou à la réception d’un saut, par exemple."
Et physiquement, ce n’est pas tant la longueur du break qui importe le plus, mais la façon dont il est géré. Si les sportifs peuvent se permettre quelques écarts, ils restent des pros qui doivent se surveiller, même au bord d’une piscine californienne. "Ils ont des engagements", rappelle le médecin. "Le break est primordial pour se vider la tête par rapport au sport de compétition, mais doit aussi être géré de façon professionnelle. Si un joueur passe ses vacances à boire et manger n’importe comment, qu’il prend de la masse graisseuse et doit passer le mois d’août à reprendre son poids de forme, c’est une perte de temps pour tout le monde. Il s’agit de garder une activité physique, plus légère, mais qui permet de conserver une certaine endurance. Après, on parle ici d’athlètes de haut niveau, dont la vie, c’est de s’entraîner. Difficile pour eux de tout stopper, si ce n’est mentalement."
Bon élève, Lukaku a posté une photo de lui en train de soulever de la fonte, histoire peut-être de rassurer son coach, tout en avertissant les défenseurs anglais que Big Rom’ était déjà chaud à l’idée de reprendre le collier. La légende ? "Certains appellent ça du travail, pour moi, c’est une passion."
Trois Diables déjà de retour
Si la plupart des Diables rouges ont pu bénéficier de trois semaines de repos, trois d’entre eux ont déjà repris le chemin du terrain : Vincent Kompany à Manchester City, Dedryck Bo-yata au Celtic et Youri Tielemans à Monaco… où le Belge s’est fait chambrer par le community manager du club, sur fond de seum.
Trois joueurs qui ont bénéficié d’un temps de jeu plus ou moins réduit durant la saison pour cause de blessures.
Entre Marbella, la Californie et la Grèce, entre potes ou en famille, les autres Diables continuent donc de profiter du soleil…
La FIFPro tire la sonnette d'alarme
Le syndicat des joueurs a pris position dans le dossier du repos à octroyer aux joueurs entre deux saisons. Et selon la FIFPro, il convient pour eux de bénéficier "d’au moins quatre semaines de repos" entre la fin de la saison et le début de la préparation pour la suivante. Un laps de temps nécessaire afin d’assurer l’intégrité physique des joueurs, indique la FIFpro.
"Quatre semaines, cela me paraît être un délai intéressant", dit le docteur Graindorge. "La première semaine sera utile pour bien se relâcher, la suivante pour recommencer tout doucement à travailler et celles d’après pour de nouveau solliciter les muscles. Toutefois, je ne crois pas que ces vacances écourtées une fois tous les deux ans constituent un si gros souci."
La Fédé s’est insurgée de voir des joueurs présents au Mondial ("au moins quinze", selon elle) déjà en compétition pour l’Europe. "Les joueurs subissent une pression trop importante, tiraillés entre les besoins de leurs clubs et leur propre bien-être", a indiqué le syndicat.
Certains matches qualificatifs pour les compétitions européennes ont repris le 10 juillet, alors que la Coupe du Monde battait encore son plein.