La star estonienne ? Le président hippie
Aivar Pohlak est aux antipodes d’un patron de fédération classique. Démonstration.
- Publié le 09-06-2017 à 14h00
- Mis à jour le 09-06-2017 à 14h02
Aivar Pohlak est aux antipodes d’un patron de fédération classique. Démonstration. Il a été joueur, entraîneur, arbitre, fondateur de club, président de club et, depuis 2007, président de la fédération. La vraie star du football estonien ne sera pas sur le terrain ce vendredi soir mais dans les tribunes. Logique puisqu’il s’agit d’Aivar Pohlak (54 ans), l’homme qui déteste le basket-ball, l’autre sport roi dans son pays.
Aimé Anthuenis se souvient parfaitement de ce dirigeant au look de hippie ou de Hells Angel avec ses longs cheveux gris, sa peau de mouton sur le dos, son jeans déchiré et ses grosses bottines. Le 15 octobre 2002 - la veille du médiocre 0-1 du lendemain - Aivar Pohlak avait chassé les Diables Rouges de son terrain enneigé.
"Tes joueurs sont des mal éduqués", lui avait lancé Aivar Pohlak. "On fait tout pour que le terrain soit praticable. Et eux, ils s’amusent à se lancer des boules de neige."
Aivar Pohlak avait interdit aux Belges de s’entraîner dans l’A. Le Coq Arena (Albert Le Coq est un brasseur belge du début du 19e siècle dont la compagnie s’est développée en Estonie au début du 20e siècle, et qui a ensuite sponsorisé la construction du stade). Anthuenis n’a rien oublié : "Au fond, cet homme avait raison. Mais moi, j’étais sous pression. Nous devions absolument gagner et je n’avais pas des joueurs du niveau de ceux de Martinez. Finalement, on a un peu joué dans la zone d’échauffement, à côté du terrain…"
Depuis lors, Aivar Pohlak n’a cessé de surprendre le monde du football. Comme en 2009, l’année où l’Estonie avait battu les Diables de Dick Advocaat (2-0). Pohlak était parvenu à inviter toutes les grosses pointures de la Fifa, y compris son ami Blatter et Platini, "pour les cent ans de la Fédération estonienne" alors que la fédération a été créée en 1921. "Mais cela fait environ 100 ans qu’on joue au foot dans mon pays", argumentait-il lors du banquet officiel.
Autres spécificités de l’homme : il habite dans les forêts de l’île Saarema, à 250 kilomètres de Tallinn. Pour effectuer un aller-retour entre son domicile et son bureau à la Fédération, il doit prendre un ferry et passer sept heures dans sa vieille Toyota Land Cruiser jamais lavée, qui a déjà plus de 700.000 kilomètres au compteur. L’avion? Pohlak ne le prend plus jamais, "parce que l’être humain est fait pour garder les pieds sur terre". Ce qui lui vaut de parfois rejoindre la sélection en voiture ou en train.
Aivar Pohlak est un passionné de la nature et d’abeilles. Il avait promis deux kilos de miel à un journaliste local si son ancien club - le Flora Tallinn - n’était pas champion dans les trois ans… Entre-temps, il adore raconter encore et encore cette fameuse histoire où un ours est venu ravager ses ruches de miel pour se nourrir. "Mais je ne lui en veux pas, c’est la nature", précise Aivar Pohlak.