Le Français a su fédérer son vestiaire cet hiver Bien évidemment, son statut d’icône du jeu agit comme facilitateur. "Vous n’avez pas tendance à remettre en cause son opinion parce que vous savez combien il a été grand lorsqu’il a été joueur", a rappelé Toni Kroos sur le site de la Fifa. Mais enfermer Zidane dans ce carcan serait réducteur. Et la gestion de ses hommes s’est imposée comme l’une des clefs de l’épopée européenne. Cet hiver, alors que la pression se faisait intense, la nécessité de recrutement apparemment impérieuse, le technicien a responsabilisé ses hommes. Scellant avec eux un pacte tacite.
Pendant que les noms des recrues éventuelles ne cessaient de s’amonceler (le gardien de l’Atletico Kepa, l’attaquant de l’Inter Milan Mauro Icardi), Zidane a certifié à son vestiaire qu’aucune nouvelle tête n’y ferait irruption. Une manière de réaffirmer sa confiance en ses troupes tout en les plaçant face à leur responsabilité.
Au soir de la finale victorieuse contre la Juventus l’an passé à Cardiff au bout d’une saison où le doublé avait été rendu possible par son turn-over qui avait offert à son effectif une fraîcheur décisive, Zidane avait confié : "La clef de notre succès c’est que chacun des joueurs s’est senti important cette saison et que tout s’est bien passé entre eux."
Dans cet équilibre toujours précaire, le Français sait activer les bons leviers. Avoir été l’adjoint d’Ancelotti durant une saison lui a permis de mieux comprendre encore le fonctionnement du vestiaire du Real, son vécu de joueur et son feeling dans la gestion de groupe ont fait le reste. Exemple cette saison avec Isco. Éblouissant avec l’Espagne lors de la victoire sur l’Argentine face à qui il inscrit un triplé, le milieu peine à cacher son spleen. Zidane le recadre dans la foulée. Poliment mais fermement. "C’est comme cela que je travaille et je ne changerai pas", répète-t-il. À l’arrivée, l’Andalou a vu son temps de jeu augmenter en cette fin de saison tout comme son niveau de performances. Preuve que ZZ trouve souvent les mots justes.
"Ce qui m’avait frappé, c’est qu’il ne perdait jamais ses nerfs, même quand nous connaissions des revers importants. Il restait très calme et nous rassurait. En fait, il savait nous transmettre sa confiance au moment où nous en avions le plus besoin", avait expliqué Alvaro Arbeloa dans L’Équipe l’an dernier. "Je suis quelqu’un de passionné, quelqu’un qui aime le jeu. Je suis un compétiteur et je transmets aux joueurs ce que je suis", avait rappelé le technicien dans les colonnes du quotidien français. "De la même manière, je suis là aussi pour leur transmettre la sérénité, la tranquillité parce que je sais qu’un joueur a besoin de cela pour s’exprimer pleinement."
Voilà sans doute pourquoi il ponctue ses causeries quasi systématiquement par les mêmes mots : "Et maintenant, faites-vous plaisir sur le terrain."