Au bout d’une incroyable séance de tirs au but, Modric et les siens se sont qualifiés Et puis Ivan Rakitic s’est élancé. Sûr de lui. De sa force. De sa frappe. De sa technique. Il fallait l’être pour tromper un Kasper Schmeichel jusque-là immense, qui avait mis en échec Modric en prolongation puis Badlek et Pivaric dans cette séance de tirs au but irrespirable. Incensée.
Le Barcelonais a réussi là où son alter ego madrilène dans l’entrejeu a failli, pour mieux capitaliser sur les parades de Danijel Subasic et propulser la Croatie en quart de finale.
Cette fois-ci, l’histoire ne s’est pas répétée. Pourtant, le spectre de la malédiction a longtemps semblé hanter cette équipe croate.
Comme lors de l’Euro il y a deux ans, Luka Modric, Ivan Rakitic et leurs partenaires, qui avaient ébloui la phase de groupe jusqu’à s’avancer dans la peau d’un favori, ont longtemps semblé se noyer dans ce costume trop large.
Mais pour la première fois depuis 1998, les Ardents ont remporté un match à élimination directe. Faut-il y voir un déclic pour cette génération dorée aussi incroyablement douée qui a peut-être fait sauter ce verrou psychologique ?
La suite de cette campagne de Russie se chargera de l’établir dans une moitié de tableau amputée de l’Espagne.
Mais que la Croatie a longtemps semblé paralysée par cette pression qui lui colle aux basques.
Quand le but gag de Mario Mandzukic (4e) est venu répondre à cette ouverture du score assez incroyable de Martin Jorgensen, buteur au bout d’une longue touche de Knudsen après moins de 60 secondes (1ere), la Croatie a cru pouvoir compter sur des ressources psychologiques insoupçonnées. Sans pouvoir pourtant se désinhiber par la suite.
Comme si cette sélection se voyait rongée par la peur de mal faire. Comme si le vertige s’emparait d’elle dès que la route s’élève, que l’air se fait plus rare dans un match à la vie à la mort.
La suite s’est quasiment transformée en néant entre deux blocs refusant de se livrer. Ce qui n’a rien de surprenant pour le Danemark qui reste d’abord une drôle de machine à faire déjouer mais qui a quand même eu des bribes d’opportunités par Eriksen (42e), Braithwaite (56e), Nicolas Jorgensen (72e), Schöne (99e) ou Sisto (108e). Mais ce qui étonne nettement plus vu le profil des Croates qui ont dû se contenter de cette frappe de Rakitic à côté (90e+2) ou ce centre contré de Kramaric (104e) avant donc ce penalty manqué de Modric qui avait mis parfaitement sur orbite Rebic accroché par Martin Jörgensen (116e). Ou plutôt arrêté par Schmeichel. Avant donc cette séance complètement dingue. Où Schmeichel a trouvé en Subasic son maître. Où la Croatie a brisé la malédiction.
Jonathan Lange