L'étonnante histoire de Tim Hubar l'homme qui a fait croire qu'il avait joué au Brésil
Faux CV, joli mensonge pour les médias et test catastrophique à Beveren : l’étonnante histoire de Tim Hubar, le footballeur qui voulait faire le buzz grâce au pays de Romario
- Publié le 05-07-2018 à 15h11
Faux CV, joli mensonge pour les médias et test catastrophique à Beveren : l’étonnante histoire de Tim Hubar, le footballeur qui voulait faire le buzz grâce au pays de Romario.
Quel club belge n’a jamais eu de Brésilien sous contrat ? On l’avoue, on n’a pas fait la recherche dans le détail mais, à première vue, on n’en voit pas un seul. Le footballeur brésilien est un produit d’exportation qui ne passe pas de mode chez nous. Mais dans l’autre sens ? Combien de Belges (de naissance) ont-ils joué dans le championnat brésilien ? La réponse est simple : zéro.
Un Belge a quand même tenté le coup un jour. Mais sans y parvenir vraiment. Une histoire étonnante entre faux CV, vrai test et version joliment romancée pour se vendre dans les médias.
Nous sommes en 2005. Tim Hubar, un Limbourgeois de 21 ans, rêve de devenir footballeur mais il n’en a pas vraiment les qualités, malgré une jolie petite technique. Lassé de ne pas voir sa carrière décoller, il décide de prendre les devants. Coûte que coûte.
En plein été, Hubar s’arrange pour faire parler de lui. Il envoie un mail à la rédaction d’un quotidien limbourgeois. Il y raconte son étonnante histoire : "J’ai joué dans plusieurs bons clubs limbourgeois chez les jeunes, notamment Tongres. J’étais à Dessel la saison passée mais je n’ai pas pu recevoir ma chance en équipe réserve. Fin mai, je suis allé jouer un tournoi de futsal en Espagne avec Danny Boffin. Un agent m’a repéré et m’a proposé un test en D2 portugaise, à Petras Rubas. J’ai marqué deux buts en deux matches. Un scout de Nova Iguaçu, un club brésilien qui joue en D1 de l’état de Rio de Janeiro, était présent. Il m’a proposé un test de trois mois là-bas et j’ai dit banco. Je vais donc partir dans quelques jours au Brésil."
L’histoire est belle et inédite. Elle intéresse évidemment les journalistes. Un article sort. Les médias nationaux s’emparent du sujet par la suite, même la très sérieuse émission d’actualité De Zevende Dag sur la VRT.
Au cours de la saison, Hubar reçoit encore de nombreux coups de fil pour raconter son aventure. "J’ai vu des étoiles les premières semaines. Les Brésiliens s’entraînent en partie sur la plage et c’est très dur physiquement. Mais j’ai quand même fini par convaincre et j’ai reçu un contrat professionnel. Je ne suis pas titulaire mais m on concurrent s’appelle Zinho, un ancien international brésilien. Il n’y a que deux Européens sous contrat au Brésil : Dejan Petkovic (ex-Real Madrid) et moi."
Hubar parle même de sa rencontre avec Romario. "On a joué contre Vasco de Gama où il est la grande vedette. Je suis resté sur le banc mais à la fin du match, je suis allé lui parler en néerlandais, vu qu’il avait joué au PSV. Il n’en revenait pas de parler cette langue à Rio. Il se débrouille encore très bien. Il m’a un peu pris de haut mais je peux le comprendre, c’est vraiment la superstar là-bas. Il m’a quand même donné son maillot."
Au bout d’une saison, Hubar rentre en Belgique, avec une petite notoriété. Les clubs belges sont intrigués par ce jeune gars qui a connu le football pro au Brésil. Beveren l’invite même pour un test pendant l’été 2006. Il joue une mi-temps contre Korbeek-Lo en préparation, notamment avec Dissa, Van Hoyweghen, Lardenoit et d’autres joueurs habitués à notre D1.
Le test est catastrophique et éveille les soupçons. Comment ce Hubar a-t-il pu recevoir un contrat pro au Brésil avec un niveau aussi faible ? Un coup de fil au club de Nova Iguaçu et la réponse est trouvée : il n’a tout simplement jamais reçu de contrat après un test de quelques semaines. Il n’avait d’ailleurs jamais pu fournir de photos de lui en match ou à l’entraînement. Juste des clichés qu’un touriste aurait pu prendre à Rio. Pareil pour son CV pré-Brésil : il n’avait jamais joué dans les équipes de jeunes de bons clubs limbourgeois, comme il l’avait expliqué.
Hubar avait juste espéré surfer sur un buzz avant l’heure et ainsi obtenir sa chance en Belgique. À l’époque, les sites Internet répertoriant le temps de jeu de tous les footballeurs professionnels n’existaient pas encore. Bien essayé mais ça n’avait pas rapporté grand-chose au final. Hubar n’a plus voulu reparler de son histoire par la suite. Il a même fini par changer le numéro de téléphone qu’il distribuait allégrement aux journalistes. Il n’y a donc jamais eu de footballeur pro belge au Brésil.