L'avis de Chatelle: "La Suisse était stressée par l’enjeu, comme la Belgique"
Notre consultant Thomas Chatelle analyse la défaite Suisse. Il dresse un comparatif avec ... la Belgique.
- Publié le 03-07-2018 à 21h13
- Mis à jour le 03-07-2018 à 21h30
Notre consultant Thomas Chatelle analyse la défaite Suisse. Il dresse un comparatif avec ... la Belgique. éCe n’était pas le match le plus excitant du Mondial. Je suis fort déçu par la Suisse. Je donnais un crédit énorme à cette équipe tant je la trouve équilibrée dans toutes ses lignes de jeu. De la défense à l’attaque, il y a des gars capables de faire la différence. On parlait d’un facteur X avec Shaqiri. Il s’est laissé enfermer sur son flanc droit et a beaucoup trop collé la ligne.
Il ne sortait que pour donner des centres qui n’ont pas fait mouche. Il a déçu par son manque de créativité. Mais que faisait son coach ? Quand on a un joueur talentueux comme Shaqiri est complètement bloqué par le jeu des Suédois, il faut agir et faire des changements tactiques en fonction de ce qui pourrait l’aider. Là, il l’a laissé avec ses difficultés. Les choix de Petkovic étaient assez bizarres. Il a vraiment tardé à faire monter Embolo, un gars qui sait faire la différence. Xhaka m’a également déçu. Il n’a pas distribué le jeu comme il en est capable et a trop peu utilisé son jeu long.
La défense a été trop frileuse et a joué trop bas. C’est à cause de ce mauvais positionnement que Forsberg peut s’ouvrir un angle de frappe sur le but. En fait, les Suisses m’ont fait penser aux Belges lundi soir. Ils étaient un peu paralysés par l’enjeu et l’occasion qui s’offrait à eux. Un peu comme nous à l’Euro 2016, ils avaient un boulevard dans leur partie de tableau pour créer l’exploit. Ils sont passés à côté de la montre en or. Ils se sont fait piéger par la Suède.
Ce match est à l’image de la Coupe du Monde : l’équipe qui mène le jeu a eu du mal. Les Suédois sont costauds. Cette équipe n’a pris des buts que contre l’Allemagne. C’est assez fort de voir le duo d’attaque Toivonen-Berg bosser à ce point. Cette équipe est intrinsèquement moins douée que le Danemark mais elle est plus solide. Il n’y a pas un seul joueur qui se dédouane de ses tâches défensives. C’est un exemple, à l’image de l’Uruguay qui joue, comme par hasard, aussi en 4-4-2. C’est l’apologie de la solidarité et de l’organisation. Leurs reconversions sont très intéressantes. Ils n’ont pas de gars avec un vrai profil de contre mais le duo offensif est solide et peut soulager sur les ballons aériens.é
Rendez-vous en 2020 et 2022
La 6e équipe du classement Fifa est éliminée. Mais cette belle génération doit encore atteindre son pic de maturité
Les regrets du camp helvète n’ont d’égales que la déception et la frustration de cette équipe bourrée de potentiel. "Nos émotions nous ont peut-être joué des tours, nous n’avons pas été assez concentrés et cela a été facile pour les adversaires de nous arrêter", regrette le sélectionneur Vladimir Petkovic.
Les leaders que sont Shaqiri, Xhaka, Rodriguez, Drmic ou Dzemaili n’ont pas été à la hauteur de l’événement. "Nous voulions tellement plus. Mais il faut féliciter la Suède qui a fait ce qu’elle sait très bien faire", ajoute le coach de la Suisse. "Une fois qu’elle avait marqué son but, c’était très difficile de revenir. Nous aurions dû mieux faire, mais nous étions en dessous et pas suffisamment bons pour gagner. Il nous a manqué quelque chose dans ce match."
Car avec 67 % de possession et 18 tentatives vers le but (4 tirs cadrés), l’équipe de Vladimir Petkovic avait largement la place pour inscrire ce petit but qui a tant manqué. "Nous avons fait ce que nous pouvions mais la balle n’est jamais rentrée", peste le défenseur Johan Djourou. "Nous avons tout essayé. C’est un goût très amer. Nous étions sûrs de pouvoir aller de l’avant, mais désormais nous ne pouvons qu’accepter le résultat."
À l’image de la Belgique, la Suisse jouit actuellement d’une génération dorée de footballeurs. La Nati n’avait d’ailleurs perdu qu’un seul de ses 25 derniers matches. Une fois arrivée en Russie, la sélection suisse a continué de surfer sur sa vague de confiance : un partage face au Brésil (1-1) puis une victoire contre la Serbie (2-1).
En panne de carburant, les hommes de Petkovic ont ensuite perdu des plumes dans un match un peu fou face au Costa Rica (2-2) avant de quitter la Russie sur un échec. "Les joueurs ont montré qu’il y avait un potentiel important. Nous sommes sur la bonne voie. Mais il y a sans aucun doute un certain nombre de choses qui doivent être améliorées."
Ce n’est donc pas en 2018 que la Suisse remportera enfin un match à élimination directe en Coupe du Monde. Mais ce n’est que partie remise. Le cœur de cette sélection a encore du temps pour exploser. Shaqiri (26), Xhaka (25), Rodriguez (25), Embolo (21), Drmic (25), Zakaria (21), Seferovic (26), Akanji (22) ou Schär (26) sont encore jeunes et pourront certainement briller à l’Euro 2020 puis au Mondial 2022.
3 Suisses à la loupe
Ricardo Rodriguez 6,5: Il a parfois fait les mauvais choix et a manqué de précision dans ses passes. Il a toutefois apporté énormément de danger, de mobilité et de centres (17 !) sur le flanc gauche.
Xherdan Shaqiri 5 : Quand la situation est aussi fermée que face à la Suède, il doit être celui qui fait la différence. Il a passé trop de temps sur le flanc gauche et pas assez dans l’axe. Ces centres brossés vers l’intérieur manquaient de précision.
Breek Embolo Non-Communiqué: On ne pouvait pas le coter vu qu’il est monté au jeu beaucoup trop tard. Ce que beaucoup de Suisses regretteront car l’attaquant a amené du mouvement devant. Ce qui manquait cruellement à l’attaque suisse.