L'autre regard: l'affaire Özil et les limites de la multiculturalité
Un commentaire signé Miguel Tasso.
- Publié le 25-07-2018 à 14h53
- Mis à jour le 25-07-2018 à 15h23
Un commentaire signé Miguel Tasso.La décision de Mesut Özil de quitter provisoirement la Mannschaft suscite un vrai débat sociétal de l’autre côté du Rhin. Héros et symbole de la multiculturalité allemande lors du titre mondial de 2014, le joueur d’origine turque s’est senti dans la peau du bouc émissaire lors du récent Mondial de Russie.
"Je me sens allemand quand nous gagnons et immigrant lorsque nous perdons. Je n’ai plus le sentiment d’être le bienvenu", a-t-il confié après avoir fait l’objet de virulentes critiques dans la presse, sur les réseaux sociaux et même sein de la Fédération. Özil est un cas emblématique : né dans la Ruhr, il a grandi en Allemagne mais n’a jamais renié son sang turc, au point de poser récemment avec le président Erdogan.
"J’ai deux cœurs, l’un allemand, l’autre turc", dit-il pour s’expliquer. À l’heure où l’on vante, en France et en Belgique notamment, la multicularité des Bleus et des Diables Rouges, l’affaire Özil est évidemment interpellante. Sans intenter le moindre procès d’intention, on peut se demander quelles auraient été les réactions, ici ou là, si Umtiti, Pogba, Matuidi, Chadli, Lukaku ou Batshuayi avaient complètement loupé leur Coupe du Monde. "Si je marque je suis français, si je ne marque pas je suis arabe" avait un jour déclaré Karim Benzema, stigmatisant une forme de racisme latent lié au résultat.
La magie d’un Mondial serait-elle simplement l’arbre qui cache la forêt ?