L'Angleterre séduit... mais n'est pas invincible!
Jamais, jusqu’ici, l’Angleterre n’avait marqué plus de quatre buts lors d’un match de Coupe du Monde
- Publié le 25-06-2018 à 07h55
- Mis à jour le 25-06-2018 à 07h57
Trippier va être un souci pour Martinez. Jamais, jusqu’ici, l’Angleterre n’avait marqué plus de quatre buts lors d’un match de Coupe du Monde. Face au Panama, elle a amélioré ce chiffre dès la fin de la première période. Cette statistique démontre la force anglaise actuelle, avec un jeu davantage construit au sol et une puissance offensive très intéressante. Pour preuve, le sixième but a été consécutif à vingt-cinq passes sans interruption. Le célèbre kick and rush ne semble plus faire partie de la nouvelle génération des Three Lions.
1. LES PHASES ARRÊTÉES SONT IMPRESSIONNANTES
Depuis le début du tournoi, l’Angleterre a inscrit quatre buts sur phases arrêtées, hors penaltys. C’est loin d’être un hasard, car les mouvements sur corners ou coups francs ont été étudiés et constituent une arme. John Stones a ouvert le score en profitant de la course de deux joueurs vers le premier poteau, ce qui lui a totalement ouvert l’espace au point de penalty. Les Anglais ont répété ce schéma à plusieurs reprises et ont été dangereux trois fois.
Le quatrième but est un modèle du genre. Henderson a décroché pour envoyer le ballon vers Kane, situé de l’autre côté du rectangle, qui a remisé vers le centre. Ce mouvement a complètement désarçonné la défense panaméenne, qui a subi toute la phase. Les Diables, qui ont encaissé trois buts sur phases arrêtées depuis l’arrivée de Roberto Martinez, devront être plus que vigilants.
2. TRIPPIER VA FAIRE SOUFFRIR NOTRE FLANC DROIT
Gareth Southgate utilise également un schéma à trois défenseurs et compte donc sur l’apport offensif de ses ailiers. Kieran Trippier y est beaucoup plus à l’aise qu’Ashley Young et est le principal pourvoyeur de ballons des deux attaquants. C’est notamment lui qui a magnifiquement servi Jesse Lingard en profondeur sur la phase qui a amené le premier penalty.
Le droitier de Tottenham est régulièrement recherché et pousse son opposant direct à sans cesse défendre. Yannick Carrasco pourrait donc souffrir durant le prochain match, même s’il a montré quelques progrès sur ce plan face à la Tunisie. La seule présence de Kieran Trippier inciterait-elle Roberto Martinez à titulariser Nacer Chadli sur l’aile gauche ? Ce ne serait pas une mauvaise idée…
3. KANE ET LINGARD EN GRANDE FORME
L’Angleterre se crée beaucoup d’occasions durant un match. Ce fut aussi le cas contre la Tunisie, mais avec moins d’efficacité qu’hier après-midi. Harry Kane semble marcher sur l’eau tant il parvient à transformer n’importe quel ballon en but, comme lorsqu’il a dévié (sans le faire exprès) un tir de Ruben Loftus-Cheek en seconde période. Il est souvent en mouvement, notamment juste devant sa ligne médiane pour servir d’appui à ses équipiers. Le rôle de Kevin De Bruyne et Axel sera prépondérant car ils devront gérer cette infériorité numérique au milieu, tout en gardant un œil sur Jesse Lingard, dont la mobilité et la technique ont séduit contre le Panama.
Hazard, Mertens ou Januzaj peuvent se régaler
La défense anglaise panique assez vite et est en difficulté face aux techniciens
Cette équipe d’Angleterre présente plusieurs lacunes qui vont la mettre en difficulté face à des formations plus costaudes, à commencer par la Belgique ce jeudi.
1. STERLING NE PROVOQUE RIEN SUR LE TERRAIN
Raheem Sterling n’est pas le même joueur en sélection qu’à Manchester City. Il évolue juste à côté de Harry Kane et se retrouve même seul en pointe lorsque le capitaine redescend dans le jeu pour aider sa ligne médiane à remonter. Mais il a encore déçu face aux Panaméens et a apporté une nouvelle preuve qu’il traversait une grave crise de confiance, notamment depuis que les médias anglais se sont emballés sur le tatouage d’un fusil d’assaut sur son mollet droit.
Hier, il a simplement bien combiné avec Jesse Lingard sur le troisième but mais, pour le reste, il n’a absolument pas pesé dans le jeu, à un point tel qu’il n’a pas été souvent servi par ses équipiers. En fin de rencontre, il a même envoyé une frappe trois mètres à côté du but alors qu’il faisait face au gardien adverse. Cette baisse de niveau pourrait pousser Gareth Southgate à le remplacer par Marcus Rashford, comme le supputaient les médians anglais en milieu de semaine.
2. LA DÉFENSE NE RASSURE PAS TOTALEMENT
"Je n’aurais jamais cru réaliser pareille prouesse." John Stones a inscrit ses deux premiers buts avec l’équipe anglaise et Kyle Walker a réussi un nombre incalculable de passes.
La défense anglaise reste pourtant un chantier, tant elle apparaît en difficulté en perte de balle avec une grande difficulté à se repositionner à bon escient. Hier, deux pertes de balle ont amené autant d’occasions panaméennes et une mauvaise gestion du hors-jeu (deux joueurs ont oublié de monter) a offert un but. C’est surtout face à des éléments vifs et techniques qu’elle montre ses limites. Eden Hazard, Dries Mertens et Adnan Januzaj pourraient donc se régaler…
3. UN JOUR DE REPOS EN MOINS, ÇA COMPTE
Les Anglais ont joué vingt-quatre heures plus tard que les Belges et ont dû faire un nouveau voyage en avion, contrairement aux Diables. Bref, ils seront moins frais ce jeudi et cela pourrait compter car Gareth Southgate ne dispose pas d’un noyau aussi large, du moins sur le plan qualitatif, que Roberto Martinez. Changer de onze de base se ressentira un peu plus.
"Je ne suis pas obsédé par l'idée de finir premier"
Gareth Southgate pourrait faire tourner son équipe face à la Belgique.
Les débats menés en Belgique sont également ceux qui passionnent de l’autre côté de la Manche. Terminer à la première ou à la deuxième place revêt une importance capitale pour la suite du parcours, avec une partie de tableau théoriquement moins compliquée. Ces calculs d’apothicaire ne semblent pas spécialement poser question chez les joueurs anglais. "Pour nous, il est important de remporter notre groupe, donc nous allons bien préparer le match face à la Belgique pour prendre les trois points", explique Jesse Lingard.
L’Angleterre présente l’avantage de baigner dans un contexte extérieur particulièrement positif et cette affiche face aux Diables Rouges doit lui permettre de se tester face à un outsider affirmé à la victoire finale. "La victoire ! C’est tout ce que je veux obtenir contre les Belges", confirme John Stones. "Si nous changeons l’état d’esprit qui nous anime actuellement, on ne sait jamais ce qu’il peut nous arriver par la suite. Il est important, selon moi, de poursuivre notre série de victoires durant ce tournoi. Et avec la même envie."
Gareth Southgate a pris le contre-pied de ses joueurs. Le sélectionneur a laissé filtrer la possibilité de quelque peu bousculer son onze de base pour offrir du temps de jeu à ceux qui doivent se contenter du banc depuis le début de la compétition. "Je vais devoir étudier plusieurs données pour préparer notre prochain match. Cela pourrait être l’occasion de sortir du banc quelques joueurs. Je vais y réfléchir très attentivement dans les trente-six prochaines heures", disait-il à l’issue de la rencontre. "Maintenant, je ne pense pas que nous allons être obsédés par l’idée de décrocher cette première ou cette deuxième place du groupe. Nous devrons simplement nous dire qu’il faut continuer à se faire plaisir et, surtout, continuer à progresser."
Des joueurs comme Marcus Rashford, Fabian Delph ou encore Gary Cahill pourraient recevoir une chance de se montrer. Sauf si Gareth Southgate a simplement voulu bluffer toute l’assistance.