La faillite est totale, du sélectionneur aux joueurs L’élimination allemande s’explique. La preuve.
Était-ce prévisible ?
En partie seulement. Après avoir survolé son groupe éliminatoire, composé notamment de l’Irlande du Nord, la Tchéquie et la Norvège, avec un bilan parfait de 10 victoires en 10 matches et la meilleure attaque avec 43 buts marqués comme les Diables, l’Allemagne a montré des premiers signes de faiblesse dans la campagne de matches amicaux qui a suivi. Des nuls en Angleterre (0-0), contre la France (2-2) et l’Espagne (1-1) puis des défaites devant le Brésil (0-1) et en Autriche (1-2) résonnent désormais comme des signes avant-coureurs.
Cette série, la plus mauvaise depuis 1988, avait pris fin lors d’un piteux succès contre l’Arabie saoudite (2-1), annonciateur de ce qui allait suivre avec une maladresse défensive confondante et une assise défensive très bancale. "C’est comme si on avait tout manqué", avait lâché Sami Khedira.
Quelle est la part de responsabilité de Löw ?
Grande. Forcément. S’il avait tiré la sonnette d’alarme après la défaite en Autriche ("Si nous jouons comme cela, nous n’avons aucune chance en Russie"), Joachim Löw s’est montré plus rassurant juste avant le départ pour Moscou : "Je ne me fais pas de soucis, nous avons encore une semaine, mais je sais que nous devons nous améliorer. Nous serons présents lorsque le Mondial commencera."
En se retranchant derrière l’esprit de compétition d’un groupe qu’il avait systématiquement conduit en demi-finale lors des cinq derniers tournois, le sélectionneur s’est trompé. Ses choix forts, à savoir reléguer sur le banc les intouchables Khedira et Özil contre la Suède ou Draxler face à la Corée du Sud, n’ont pas produit les effets escomptés sur une équipe déséquilibrée qui a ronronné offensivement avec un jeu de possession incroyablement stérile et cette statistique terrible de 2 buts marqués sur… 72 tirs.
Quelle est la part de responsabilité des joueurs ?
Grande. Également. Individuellement, tous les cadres ont failli, à l’exception de Manuel Neuer et à un degré moindre de Joshua Kimmich et Toni Kroos. Défensivement, l’exclusion de Jérôme Boateng contre la Suède aurait pu coûter cher, Mats Hummels a également été à la peine. Au milieu, Sami Khedira et Mesut Özil ont été fantomatiques. Thomas Müller, 5 buts en 2010 et 5 en 2014, symbolise l’inefficacité des attaquants allemands.
Ce groupe devait-il plus s’ouvrir ? Le débat autour de l’absence de Leroy Sané va forcément ressurgir, même si son remplaçant, Julian Brandt, a été à la hauteur. Reste la question de l’appétit des cadres. Ont-ils été gagnés par la satiété ? Oui, à en croire Michael Ballack, catégorique : "Pas d’esprit d’équipe, pas de faim ou de désir suffisant."
Et l’harmonie idyllique qui avait enveloppé le camp de base paradisiaque de Campo Bahia il y a 4 ans n’avait rien à voir avec celle régnant à Vatuntinki, avec l’eau chaude qui sautait et les télévisions se décrochant des murs, donnant un caractère mortifère à l’endroit. Comme un signe de ce qui a suivi…Jonathan Lange