Jonatan Ingi Jonsson: l’Islandais qui se rêvait Diable Rouge
L’ailier Jonatan Ingi Jonsson a tenté de jouer pour l’équipe nationale belge il y a deux ans via les racines belges de sa maman.
- Publié le 11-09-2018 à 12h02
- Mis à jour le 11-09-2018 à 12h03
L’ailier Jonatan Ingi Jonsson a tenté de jouer pour l’équipe nationale belge il y a deux ans via les racines belges de sa maman. Avril 2016. Thierry Siquet, alors sélectionneur de la prometteuse génération 99 (Vanheusden, Svilar, Bornauw, Delcroix, Bongiovanni, Verlinden…), réfléchit à son groupe pour l’Euro U17 en Azerbaïdjan. Une semaine avant d’officialiser sa présélection, il reçoit un coup de fil. "Un contact de la fédération avait entendu parler d’un jeune talent islandais dont la maman était belge mais qui vivait depuis très longtemps là-bas, raconte-t-il. Un joueur offensif qui fait partie des bons espoirs de l’AZ Alkmaar aux Pays-Bas : Jonatan Ingi Jonsson. Je l’ai donc ajouté à ma présélection pour voir ce qu’il avait dans le ventre."
En Islande, Ingi Jonsson est, à l’époque, considéré comme l’un des plus grands talents de l’île. Il avait même fait ses débuts avec l’équipe A du FH Hafnarfjördur à tout juste 16 ans. C’est ainsi qu’il avait été repéré par l’AZ. La fédération islandaise le couve déjà mais le jeune joueur, fan d’Eden Hazard et de Kevin De Bruyne, rêve des Diables.
Fin avril 2016, c’est un garçon frêle et timide qui débarque au centre national de Tubize. "Je ne l’avais jamais vu en vrai et c’était ce qu’on appelle un joueur à maturité tardive. Il était très bon techniquement et doué dans les déplacements mais c’était quand même compliqué pour lui de se faire une place dans cette équipe si talentueuse."
Pas simple non plus de s’intégrer dans un vestiaire où on parle le français et le néerlandais, deux langues qu’il ne maîtrise pas. "Il avait juste quelques notions de néerlandais via l’AZ mais c’était un vrai Islandais. C’est là qu’il avait passé toute sa jeunesse. On avait juste échangé quelques mots en anglais."
Jonatan Ingi Jonsson ne résiste pas au dernier tri de Siquet et fait partie des trois joueurs qui doivent quitter le groupe avant l’Euro. "C’est la seule et unique fois où il a été repris mais ça valait la peine d’essayer."
Deux ans plus tard, Ingi Jonsson est rentré en Islande. Il n’a pas réussi à faire son trou à l’AZ et il a signé au FH, son club formateur, au printemps dernier. Il y est actuellement réserviste en équipe A, bien loin de son rêve de jouer avec les Diables. Il a d’ailleurs représenté plusieurs fois l’Islande en U19 ces derniers mois.
Une histoire singulière mais qui pourrait vite devenir classique chez nous. "On se rend compte qu’il y a pas mal de jeunes footballeurs belges éparpillés dans le monde et qu’on ne connaît pas, explique Siquet. Lors de cette présélection avec Ingi Jonsson, j’avais aussi repris Pol Hernandez, un défenseur de l’Espanyol Barcelone qui était totalement inconnu au bataillon. C’est sa maman qui avait envoyé un e-mail à la fédération pour expliquer que leur fils était sélectionnable. Il était né de parents belges émigrés en Espagne depuis vingt ans. Finalement, lui aussi avait sauté de la sélection pour l’Euro."
L’Union belge est en pleine réflexion à ce niveau. "On réfléchit à l’idée d’avoir des contacts dans différents pays pour repérer ces binationaux. Ce serait bête de passer à côté d’un grand talent."
D’autant plus que le pouvoir d’attraction des Diables rouges n’a jamais été aussi élevé. Parmi les dernières sélections de jeunes U18 et U19 , on trouve d’ailleurs deux expatriés encore inconnus chez nous : Richard Makuntungu (défenseur au PSG) et Michel Corentin (gardien à Bordeaux), tous les deux déjà sous contrat pro dans leur club.