L’Angleterre a enfin vaincu le signe indien en se qualifiant après les tirs au but après avoir battu la Colombie Les fantômes de Turin (1990), Wembley (1996), Saint-Étienne (1998), Lisbonne (2004), Gelsenkirchen (2006) ou Kiev (2012) ont disparu quelque part dans la nuit moscovite.
Après six éliminations en sept séances de tirs au but depuis son sacre à la maison en 1966, l’Angleterre a enfin conjuré cette malédiction improbable qui avait enseveli tant de générations, dont celle de Gareth Southgate à l’Euro 96 quand le sélectionneur était à l’époque joueur et avait précipité l’échec anglais en demi-fine en échouant contre l’Allemagne, en venant à bout de la Colombie.
Elle a cru au pire quand Henderson a buté sur Ospina avant qu’Uribe échoue sur la barre dans la foulée. Mais elle a lâché un premier râle de soulagement au moment Pickford a magistralement sorti de la main gauche le tir au but de Bacca avant d’en pousser un second qui s’est entendu dans tout le Royaume quand Dier n’a pas tremblé. Preuve que ce travail entrepris depuis mars à l’entraînement a fini par porter ses fruits.
Avec à chaque fin de séance le même cérémonial en partant du rond central tranquillement, des études ayant prouvé que les tireurs avaient égaré leur concentration en se précipitant pour aller frapper. Tout en passant des test psychométriques pour identifier les facultés des uns et des autres à surmonter un tel niveau de stress.
Voilà l’Angleterre en quart après une qualification qui sera peut-être fondatrice psychologiquement mais qui valide aussi le travail de Gareth Southgate.
L’heure n’est pas à regretter ses occasions de Rose (112e) ou Dier (115e). Pas plus que cette égalisation dans le temps additionnel.
Après avoir détourné magistralement la reprise aussi lointaine qu’exquise d’Uribe, Pickford n’a rien pu faire sur la tête de Mina (90e+3).. Pourtant identifié comme la menace principale, le géant qui ne joue pas au Barça mais qui a marqué trois fois en Coupe du Monde a dominé dans les airs Maguire qui a perdu le duel qu’il ne fallait pas perdre. Jusque-là, les hommes de Gareth Southgate avaient affiché des ressources insoupçonnées en terme de vice pour mettre la pression sur l’arbitre.
Harry Kane l’avait fait subtilement, faisant parler à la fois son flair et son métier pour obtenir un penalty aux dépens du malheureux Carlos Sanchez, déjà fautif contre le Japon en ouverture, pour laisser le milieu l’accrocher. Le déséquilibre. Et enfin tomber sous le nez de M. Geiger qui n’a eu d’autres choix que de siffler un penalty que Kane a transformé pour inscrire son sixième but du tournoi. Qui ne sera peut-être pas le dernier maintenant que la malédiction est brisée.
Jonathan Lange