Un doublé de son capitaine a permis à l’Angleterre de s’imposer au finish Et puis Harry a surgi. Longtemps, le capitaine anglais avait été l’objet sur chaque phase arrêtée d’un marquage particulièrement musclé. D’une attention toute particulière de la part de ses gardes du corps qui l’ont serré de très près. Parfois de trop, même, et souvent de manière illicite. Avant de relâcher leur vigilance un instant.
Un moment d’égarement fatal sur un corner prolongé par Maguire (90e+1), venu ruiner les efforts des Tunisiens qui, après avoir été en grande difficulté en première période, ont retrouvé une vraie solidité défensive en seconde mi-temps.
À la pause, l’Angleterre avait cadré à six reprises. Du jamais vu dans toute l’histoire d’une sélection portée par le souffle nouveau de la jeunesse qui, au coup d’envoi, affichait 22 capes de moyenne par joueur. Et comme Lingard s’est distingué par son incroyable manque d’efficacité dans le dernier geste, butant sur un Hassen sorti en larmes après un quart d’heure de jeu (3e), écrasant après cela sa reprise (24e) tout en échouant ensuite sur le montant (44e), l’Angleterre s’est fait piéger. Stupidement. Comme une gamine sur une incroyable faute de jeunesse.
Sur une faute stupide, Walker a concédé ce que Gary Lineker a considéré comme "le penalty le plus léger de l’histoire" en assénant un coup de coude à Ben Youssef. Sassi ne s’est pas fait prier pour égaliser. Et longtemps, le piège de l’insouciance a donné l’impression de se refermer sur une formation rattrapée par son manque de réussite ensuite. Comme si ses vieux démons prenaient un malin plaisir à revenir la tracasser.
Avant donc que Kane surgisse sur ce corner dans une seconde période aussi tendue que la première avait été agréable. Preuve que même rajeunie comme jamais avec ses 26 ans de moyenne d’âge, l’Angleterre reste capable d’exploiter sa force séculaire sur les phases arrêtées.
Roberto Martinez et son staff l’auront forcément noté. Comme il ne leur aura pas échappé que la menace numéro 1 se nomme Harry Kane.
Dans un pays qui a fait de lui son héros, l’attaquant a répondu présent. D’autres, comme Wayne Rooney, n’ont jamais su le faire à ce niveau. Ce qui prouve la valeur de ce drôle de numéro qui a éteint le débat, se montrant aussi efficace en club (30 buts cette saison, du jamais vu pour un Anglais depuis 2000) qu’en sélection où il a marqué à 15 reprises désormais en 25 apparitions. Avant la rencontre, Chris Sutton, dans sa chronique au Daily Mail avait lancé : "C’est l’Anglais qui a le plus de chances, depuis Alan Shearer, de terminer meilleur buteur d’un grand tournoi.
J’ai joué à côté de Shearer, meilleur buteur de l’Euro 96, et je vois des points communs, avait expliqué l’ancien attaquant. Kane a la même efficacité et toujours cette faim de marquer. Cela ne me surprendrait pas qu’il marque plus que Lionel Messi et Cristiano Ronaldo." Sur cette Coupe du Monde, il a déjà fait mieux que l’Argentin. En attendant de se rapprocher du Portugais…
Jonathan Lange