Hamdi Harbaoui revient sur son passage au RSCA : "À Anderlecht, l’équipe n’est pas en confiance"
- Publié le 28-04-2018 à 09h44
- Mis à jour le 28-04-2018 à 09h45
Hamdi Harbaoui cartonne à Zulte. Deux piges de six mois lui ont suffi. Hamdi Harbaoui (33 ans) voulait vraiment s’imposer à Anderlecht mais n’y est pas parvenu. "J’ai pourtant tout essayé", affirme-t-il alors qu’on le retrouve dans les bureaux du nouveau centre d’entraînement de Zulte Waregem. Le Tunisien est redevenu un homme tranquille. Avec le sourire Colgate en prime.
Comment avez-vous trouvé le courage de revenir à Anderlecht après ce que vous avez dit sur Weiler ( "Il n’a pas de couilles" ) et après avoir été mis de côté ?
"Je reviens car je voulais vraiment prouver à René Weiler, qui ne voulait pas de moi dans son groupe, qu’il s’était trompé. Il me l’a avoué en partant. Je ne sais pas trop ce que les gens pensent de moi mais j’ai l’impression de véhiculer une drôle d’image. Les propos que j’ai tenus étaient liés au fait que je n’avais pas digéré qu’il m’ait écarté sans la moindre raison valable."
Vous expliquez comment les difficultés que vous avez eues la première année ?
"Je n’ai pas eu de crédit et j’ai été écarté du groupe sans raison par Weiler. Après je me suis relancé à Charleroi mais dans ma tête je voulais réussir à Anderlecht."
Vous avez dit que Francky Dury, lui, n’avait pas voulu changer votre jeu. Cela signifie que vos coaches à Anderlecht ont tenté de le faire ?
"Weiler et Vanhaezebrouck ont essayé. Ils me demandaient de courir beaucoup plus, de m’éloigner des 16 mètres. Je devais énormément travailler. J’avais moins d’énergie pour terminer mes actions. J’avais du mal à jouer dans un style qui n’est pas le mien."
Pourquoi ne pas avoir dit à Vanhaezebrouck que cela ne vous convenait pas ?
"Déjà, car j’ai été peu titularisé par Hein. Puis, quand un coach a une idée en tête ce n’est pas évident de lui dire un truc comme ça."
Vous confiez marcher à la confiance. En ressentiez-vous à Anderlecht ?
"Non, jamais. Cela fait partie du rôle de l’entraîneur de mettre ses gars en confiance. Et qui l’est à Anderlecht ? Personne ! Quand tu vois l’ensemble de l’équipe, personne n’est en confiance."
La situation du club n’a pas aidé…
"La revente et tout ça, ça travaille dans la tête des joueurs. Quand il n’y a pas de stabilité, les joueurs n’ont pas confiance. Certains étaient également déçus de ne pas avoir pu partir cet été après avoir réalisé une saison exceptionnelle."
Vous parlez de Dendoncker…
"Leander c’est sûr, mais d’autres aussi. Il avait trop envie de partir. Cela frustre un joueur de rester. Et certains ont baissé de niveau car ils étaient déçus."
Vous n’avez pas su lutter avec Teo l’an passé vu sa forme mais cette saison, il tourne moins bien. Comment expliquez-vous que Vanhaezebrouck vous ait tout de même mis de côté ?
"Je ne rentrais pas dans ses plans. J’ai essayé mais je me suis dit à un moment que je perdais mon temps. J’ai compris que je ne serai pas le titulaire à Anderlecht et que je devais trouver mon bonheur ailleurs."
Si votre but face à Bruges avait été validé, cela aurait tout changé…
"Je ne pense pas que ça aurait changé grand-chose. Teo devait jouer. J’aurais dû marquer à chaque match pour changer la donne. On me demandait de faire la différence en 15 minutes et je retournais sur le banc si je n’y parvenais pas. Mais j’ai besoin de temps sur le terrain."
Vous dites que Teo devait jouer…
"Ils ont beaucoup investi en lui et cherchaient à le vendre. Tu vends mieux un mec qui est sur le terrain. Moi, je suis arrivé gratuitement et j’ai 33 ans. Il ne faut pas trop penser business car oublier de faire jouer la concurrence n’aide pas le titulaire à se surpasser."
Lorsque vous vous énervez en célébrant votre but face à Zulte Waregem, vous dites qu’il ne faut pas y voir de message. Quelques mois après, vous gardez cette version ?
"Je devais dire ça mais j’en avais juste marre d’être sur le banc. Je montrais que j’étais là et que je voulais jouer."
Cela vous fait sourire de voir qu’Anderlecht marque peu alors que les attaquants qui ont quitté le club sont en pleine réussite ?
"Je trouve ça dommage. Tous sont de bons joueurs. On aurait pu mieux les gérer et en tirer davantage. Anderlecht avait de bons joueurs mais n’a pas su les utiliser."
"Je suis le Nainggolan de Tunisie"
Les chances d’Harbaoui d’aller au Mondial s’amoindrissent
Surprise. Malgré un retour en forme suite à son passage dans les rangs du Essevee, Hamdi Harbaoui n’était pas sur la liste du sélectionneur Nabil Maâloul. "J’ai enchaîné les matches et les buts et je n’ai pas été convoqué", souffle Harbaoui. "Je n’entre pas dans les plans du coach."
C’est quand même dingue qu’il se prive de vous alors qu’il n’a pas un numéro 9 de votre rang dans son groupe…
"Je suis l’un des meilleurs attaquants tunisiens à l’étranger, si pas le meilleur, mais je ne suis pas sélectionné. Allez comprendre…"
Vous êtes déçu ?
"Oui, mais pas de moi. Je continue à bosser. Ce choix n’est pas le mien."
Le pays n’est-il pas choqué de ne pas vous voir sur la liste ?
"En Tunisie, on en parle partout. Il y a de la pression sur le coach et le président de la fédé . J’ai eu cet accrochage avec les instances de notre football en 2013 et ils n’ont pas digéré ça. J’ai critiqué les entraînements et l’organisation. Je me suis excusé en 2015 car ils estimaient que mes déclarations étaient dures. Je n’ai pourtant dit que la vérité. Je pense qu’ils n’ont pas encore digéré ce qu’il s’est passé. Ou alors, ils considèrent que je ne suis plus utile."
Vous étiez pourtant de retour…
"Je suis revenu en sélection, mais je ne faisais pas partie de ceux qui ont du crédit. Je savais très bien que si je ne jouais pas trop, j’étais écarté. Dans ma tête, je suis le chat noir de l’équipe, le Nainggolan de la Tunisie."
C’est d’autant plus triste que vous affrontez la Belgique…
"Tous les Belges me disent que cela aurait été beau de finir sur un grand tournoi contre la Belgique. Les Diables sont les grands favoris du groupe. J’espère que la Tunisie pourra donner du fil à retordre aux deux grands et battre le Panama."
"Je n'irai plus dans un grand club"
Hamdi Harbaoui revit à Zulte Waregem et nous explique pourquoi
En 2018, Hamdi Harbaoui (33 ans), c’est 15 buts en 11 matches. Un rythme dingue que personne n’osait imaginer. Sauf lui.
Depuis le début des PO2, vous avez inscrit 9 buts en 5 matches avec un quadruplé et un triplé. Comment l’expliquez-vous ?
(Il sourit) "J’ai profité de ces matches pour marquer beaucoup en peu de temps. L’équipe m’a beaucoup aidé pour atteindre ces statistiques."
Vous avez pourtant vécu un début de playoffs difficile ?
"Contre Louvain, j’ai loupé un penalty en fin de match. Ça m’a frustré et ça m’a trotté dans la tête. Puis, on gagne sans que je marque contre Waasland-Beveren. Je ne me sentais pas bien, pas frais. Le coach m’a pris à part pour discuter et il m’a dit: 'Hamdi, tu te cherches un peu.' Il avait raison, Je forçais les choses. Il m’a beaucoup parlé et m’a dit de rester moi-même et de ne pas changer mon style de jeu. Cela m’a beaucoup aidé. J’ai repris confiance. Sur le terrain, on a directement vu le résultat. Je marche beaucoup à la confiance et au respect. Je me tue pour la personne si elle me respecte."
Vous semblez déjà avoir une relation très forte avec Francky Dury…
"J’ai beaucoup parlé avec le coach avant de signer à Zulte Waregem. Je trouvais que l’équipe était belle malgré les résultats qui n’ont pas suivi. Je connaissais le style de Dury et je l’appréciais déjà avant. Il pense offensivement sans avoir peur. J’admire son travail."
Nous avons aussi l’impression qu’il a compris que quand on a un buteur de votre calibre dans l’équipe, il faut jouer en fonction de lui…
"Je connaissais ma mission. Je ne dois pas redescendre, faire des dribbles. Je dois rester dans le box. Le coach me demande de faire ce que je fais le mieux. Et, oui, on déborde davantage, on joue sur les flancs pour centrer vers moi. Mais je ne suis pas le seul danger."
Pensez-vous que quelqu’un pourra vous arrêter ?
"J’espère poursuivre sur cette lancée. J’espère ne pas m’arrêter là. OK, les PO2 c'est moins fort que les PO1, mais on a des objectifs. On veut aller jusqu’au bout et arracher un ticket européen."
Le titre de meilleur buteur vous tente ?
"Oui, mais je ne me mets pas de pression pour y arriver. Je ne vais pas jouer l’égoïste pour y parvenir. Je reste concentré sur l’objectif du club avant tout."
Vous avez déclaré être dans la forme de votre vie. À 33 ans, on a pourtant tendance à lever le pied…
"Je l’avais déjà dit quand j’avais 29 ans et, depuis, je n’ai pas changé mes habitudes, mon hygiène de vie ou ma façon de bosser. J’ai juste plus d’expérience. Je gère mieux les efforts, les situations. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Physiquement, j’essaie de repousser mes limites. Mentalement, j’apprends tous les jours."
Retourner dans un grand club est-il un objectif ?
"Non, plus du tout. Je suis bien ici. J’aimerais me donner à fond durant les trois années de mon contrat, voire plus. Avoir 40 ans et être meilleur buteur ? Avec plaisir."