Liga: André Silva, le vrai-faux successeur
Après une année difficile à Milan, le Portugais a repris le fil de sa carrière à Séville.
- Publié le 16-12-2018 à 16h47
- Mis à jour le 21-12-2018 à 19h27
Après une année difficile à Milan, le Portugais a repris le fil de sa carrière à Séville.
"Quand je prendrai ma retraite, le Portugal sera entre de bonnes mains, car il a déjà trouvé un excellent attaquant: André Silva." Ce constat lapidaire est dressé par un certain Cristiano Ronaldo dans les colonnes de la Gazzetta dello Sports. Flatteur, peut-être, mais bonjour la pression pour le pauvre André Miguel Valente da Silva...
D'autant plus que trois ans après ses débuts pros sous le maillot de Porto, on ne sait toujours pas exactement ce que l'attaquant de 23 ans (il est né le 6 novembre 1995 aux alentours de la ville des Dragons) a réellement dans le bide. Pourquoi ? À cause d'une certaine irrégularité que l'actuel buteur du FC Séville va devoir corriger pour réellement marcher dans les pas de CR7.
Contrairement à son illustre compatriote, André ne brille pas au premier regard. Il ne possède pas la rapidité ou les dribbles déroutants de Ronaldo, période Manchester United, pas plus qu'il n'est capable actuellement d'aligner autant de pions sur une saison que le même joueur lors de ses années au Real Madrid.
À l'âge qu'avait le quintuple Ballon d'Or au moment de décrocher sa première Ligue des Champions, voilà le bel André reparti sur des bases dignes de sa seule et unique saison entière chez les Dragões, celle qui lui avait permis de faire flasher un Milan AC alors en pleine reconstruction. Est-ce vraiment reparti pour celui qui rappelle plus ce bon vieux Miguel Pauleta que Ronaldo ?
Le rouge et surtout le noir
Flashback. Au cœur de l'été 2017, le club lombard n'hésite pas à déposer 38 millions d'euros sur la table de Porto pour le recruter. À cette époque, le club milanais est tout juste racheté par un obscur consortium chinois et dépense lors d'un mercato réfléchi, qui laisse présager du meilleur.
Mais patatras, la belle mécanique s'enrhume méchamment sous le ciel italien. Malgré son recrutement trois étoiles, Milan s'enlise. Aussi rapidement que la carrière de Silva, en réalité. Barré par un Nikola Kalinic guère brillant sous Vincenzo Montella, il l'est ensuite par le jeune Patrick Cutrone sous le commandement du flamboyant Gennaro Gattuso.
Trop de pression liée à son prix d'achat ? C'est l'avis de Montella. Trop peu d'espaces laissés par les défenses intransigeantes de la Botte ? C'est celui de Rafael Santos, un de ses premiers coaches, au SC Salgeiros. "C’est ce qui s’est passé à Milan qui était anormal", dit-il à So Foot. "Mais je pense que le style de jeu pratiqué en Espagne profite aux attaquants qui ont davantage d’espace. (...) Il continuait en même temps de marquer avec le Portugal, donc cela montre que ce n’était pas forcément lui le problème."
Quelle que soit la raison, le bilan en fin de saison est particulièrement cruel: sept titularisations en Serie A, deux buts, pour un total de dix pions à peine toutes compétitions confondues. Un four.
Des débuts supersoniques
La (mauvaise) surprise est d'autant plus grande que le joueur avait signé d'excellents débuts, après avoir été lancé dans le grand bain par Julen Lopetegui, puis confirmé par José Peseiro et Nuno Espírito Santo. Intimidé par la première division après plusieurs années passées avec l'équipe B de Porto dans l'antichambre ? Pas le moins du monde ! Bourré de confiance, il enfile les buts, y compris en Ligue des Champions, où il en met deux au Club de Bruges et deux autres à Leicester. Plutôt pas mal pour un rookie.
Et même si c'est le grand rival de Benfica qui s'empare des lauriers, c'est bien lui qui devient la nouvelle attraction du football portugais, fort de ses 21 buts inscrits en 44 rencontres. Buteur passe-partout (il marque surtout du droit, mais aussi du gauche et de la tête), il distribue également huit passes décisives et fait preuve d'un sang-froid plus qu'intéressant pour un si jeune joueur.
Avant d'être considéré comme l'héritier de Ronaldo, il est donc surtout celui des Hulk, Radamel Falcao et autres Mário Jardel. Fatalement, Fernando Santos l'appelle en équipe nationale, où son entente avec Ronaldo apparaît dans le 4-4-2 lusitanien. Et avec quasi un but tous les deux matches (15 en 31 sélections), Silva ne déçoit pas.
Malheureusement, sa très mauvaise saison milanaise le crame auprès du sélectionneur, qui lui préfère Gonçalo Guedes durant le Mondial. Râlant, car dès les premiers matches post-Coupe du monde, c'est bien lui qui se retrouve seul en pointe de la Seleçao.
Résurrection sévillane
Après ce Mondial loupé, une chose est claire : il faut quitter Milan, où le secteur offensif s'est encore garni avec l'arrivée de Gonzalo Higuain. Ca sera donc Séville, où Silva est prêté avec option d'achat. Et le miracle se produit. Un triplé contre Rayo Vallecano, un doublé contre le Real Madrid, et bien d'autres buts, la machine se remet en marche.
On voit même poindre quelques regrets dans le chef de Gattuso, qui affirme en début de saison avoir voulu garder l'attaquant à San Siro. "Nous avons tout fait pour le retenir à Milan, mais c’est lui qui a décidé", explique le coach milanais. "Personne ne l’a poussé vers la sortie. Il a voulu partir et je n’avais aucun doute sur le fait qu’il réussisse à Séville." Fair-play...
Élément-clé de la réussite andalouse de Pablo Machín, que ce soit seul en pointe ou aux côtés de Wissam Ben Yedder, le Portugais revit. Mais manque toutefois d'un poil de constance, lui qui peut très bien rester sans marquer le moindre pion plusieurs matches d'affilée. S'il parvient à prendre un rythme plus soutenu, l'Aigle des Açores pourrait bien se voir ringardiser par le Dragon de Baguim do Monte...