La trêve internationale arrive à point nommé pour six ténors européens en difficulté
Le Real Madrid, le FC Barcelone, le Bayern Munich, Manchester United ou encore l'AS Monaco. La liste des grands d'Europe en difficulté en ce début de saison est assez longue. Fins de cycle ou simple passade ?
- Publié le 09-10-2018 à 16h19
- Mis à jour le 09-10-2018 à 16h25
Le Real Madrid, le FC Barcelone, le Bayern Munich, Manchester United, l'AS Monaco, voire même le Celtic Glasgow. La liste des grands d'Europe en difficulté en ce début de saison est assez longue. Fins de cycle ou simple passade ?
Le Real Madrid cinquième de Liga, pendant que le FC Barcelone se trouve à la deuxième position. Voilà qui attire l'attention en Espagne, où six équipes sont séparées par seulement deux points après huit journées. Et les deux cadors espagnols ne sont pas les seuls à caler en ce début de saison.De l'autre côté des Pyrénées, l'AS Monaco pointe dans la zone rouge de Ligue 1. Encore plus au nord, le rouleau-compresseur du Bayern Munich connaît des ratés inhabituels. Et outre-Manche, Manchester United ne figure pas dans les places européennes, tandis que le Celtic Glasgow ne domine pas la Scottish Premier League comme il en a l'habitude.
Espagne : d'une lutte bicéphale à un peloton de tête
La Liga en est toute retournée. Ni le FC Barcelone, ni le Real Madrid ne trônent en tête du classement. Voilà qui rappelle la saison 2013-2014 de l'Atlético Madrid, qui avait déjoué les pronostics pour coiffer les lauriers. Sauf que cette fois, ce ne sont pas les Colchoneros qui tirent les marrons du feu. Depuis son succès contre le Standard en Europa League, le FC Séville est en pleine bourre et a pris la tête du championnat ce week-end, notamment grâce à une victoire de prestige contre le Real Madrid, le 26 septembre.
Ce revers des Madrilènes a d'ailleurs plongé le club de la capitale dans une crise vieille de 33 ans. Les hommes de Julen Lopetegui ne sont en effet qu'à 87 minutes d'égaler la plus longue série du club sans avoir trouvé le chemin des filets. Depuis le but victorieux à la 41e de Marco Asensio contre l'Espanyol Barcelone le 22 septembre, le Real n'a plus marqué en 409 minutes (3-0 contre Séville, 0-0 dans le derby contre l'Atlético, 1-0 contre le CSKA Moscou et 1-0 contre Alavés).
Un mutisme devant le but adverse qui contraste avec la facilité qu'avaient les Merengues à marquer avant la trêve internationale de début septembre (douze buts en quatre matches, contre cinq en sept rencontres post-trêve). Si le spectacle n'a pas été au rendez-vous à Santiago Bernabéu depuis le début de saison, le Real Madrid n'a pas perdu son football pour autant, mais il se caractérise désormais par une stérilité dans la domination de ses adversaires. Le match contre la surprise Alavés le week-end en est la criante illustration.
La casa blanca n'est pas la seule à ramer depuis quelques semaines, et elle doit d'ailleurs se ravir de voir que les rivaux catalans du Barça pataugent également, souffrant du même maux qu'est la stérilité.
Avec le partage obtenu à Valence, les Blaugranas en sont désormais à quatre matches sans victoire en Liga. Une série inhabituelle pour le club culés, qui n'a pris que trois points sur douze après un départ parfait lors des quatre premières journées. Mais à l'inverse du Real où la crise se propage jusqu'en Ligue des Champions, le FC Barcelone maintient le cap en Europe avec deux victoires face au PSV et à Wembley contre Tottenham.
France : les roubles russes de Monaco dans le rouge
"Ma petite entreprise ne connaît pas la crise." Ce n'est certainement pas ce que doit se dire Dmitri Rybolovlev, le président du club du Rocher. Dix-huitième de Ligue 1 et dernier de son groupe en Ligue des Champions, l'AS Monaco est au plus mal et voit les vieux démons de 2010-2011 revenir au-dessus du stade Louis II, quand l'AS avait basculé en Ligue 2. Symptôme de cette profonde crise, voilà deux mois, et le seul succès de la saison, que les Monégasques n'ont plus gagné (victoire 1-3 à Nantes en ouverture de championnat).
Si le club peut se targuer d'afficher des recettes conséquentes grâce aux lucratives ventes de ses cadres (la balance des transferts penche dans le vert à + 310 millions d'euros sur 2017-2018 et 2018-2019), le modèle semble arriver à bout de souffle, et les champions de France 2017 espèrent avec impatience une nouvelle fournée faite de Benjamin Mendy, Fabinho, Tiemoué Bakayoko, João Moutinho, Thomas Lemar ou encore Kylian Mbappé pour retrouver les cimes françaises.
Allemagne : la machine Bayern encrassée
Quatre points de retard sur le rival du Borussia Dortmund et une sixième place en Bundesliga après sept journées. Certes il n'y a pas péril en la demeure bavaroise, reprise cette année par Niko Kovac, mais la symbolique est forte pour le Rekordmeister. Si le Bayern a parfois eu des allures de diesel, il cale véritablement depuis deux semaines (dans un pays où la polémique autour du diesel enfle, ça ne s'invente pas...).
Après sept victoires toutes compétitions confondues (19 buts marqués et cinq clean sheets), les sextuples champions en titre viennent d'aligner quatre matches sans victoire (une première depuis 2009), en touchant le fond ce week-end face au Borussia Mönchengladbach (0-3).
Autant dire qu'en cette période post-Oktoberfest, le Bayern a la gueule de bois. A un point tel que le poste de Niko Kovac se trouve déjà menacé, comme l'écrivait le Bild après la débâcle face à l'équipe de Thorgan Hazard. "Un coach du Bayern Munich dans la tourmente après à peine onze matches, après six titres de rang, ça paraissait impensable. C'est pourtant ce qui se passe avec Niko Kovac".
Le président Uli Hoeness a voulu éteindre l'incendie en insistant auprès de Kicker qu'il soutiendrait son coach "jusqu'à la mort". Reste à savoir de quelle mort il s'agit, car à ce rythme, ce seront les ambitions de trophées qui s'éteindront.
Angleterre : le symptôme de la troisième année pour Mourinho à United
Que serait-il advenu de José Mourinho si ses joueurs n'avaient pas renversé la vapeur contre Newcastle samedi dernier ? Nul ne saurait le dire. Toujours est-il que les trois buts inscrits par les Mancuniens en seconde période pour effacer les deux encaissés dans les dix premières minutes (une première à Old Trafford dans l'histoire de la Premier League) ont redonné un peu de crédit au coach portugais, soutenu par ses ouailles.
Un crédit bien entamé après que le club, qui vit en eaux troubles et se cherche une griffe depuis le départ de Sir Alex Ferguson, a signé la pire entame de saison depuis l'introduction de la Premier League en 1992-1993, assortie d'une élimination aux tirs au but contre Derby County (D2) en Coupe de la Ligue.
Mais plus que les résultats en dents de scie de United (huitième en championnat, avec un goal average négatif (13/14)), c'est le style Mourinho qui dénote avec les habitudes d'Old Trafford. S'il est parvenu à remporter des trophées avec son deuxième club anglais, le spectre de la troisième année chaotique du Mou partout où il est passé plane (des tensions lors de son premier passage à Chelsea, un départ de l'Inter Milan avant même d'avoir rempilé pour une troisième année, une troisième saison sans trophée au Real et une descente aux enfers pour sa deuxième fois à Chelsea qui flirtera avec la zone rouge).
Ecosse : la mainmise du Celtic menacée
Un 0-6 net et sans fioriture à Saint-Johnstone le week-end dernier. Ce n'est peut-être qu'un arbre qui cache le champ de trèfles à quatre feuilles du Celtic. Habitués à dominer outrageusement les compétitions domestiques, les Hoops se devaient de gagner face à une équipe de bas de tableau, car ils avaient déjà laissé filer huit points en sept journées.
Trop pour un club qui venait d'aligner sept titres de rang, deux triplés Championnat-Coupe-Coupe de la Ligue et qui avait établi une série de 69 matches sans défaite entre mai 2016 et décembre 2017 sous Brendan Rodgers.
Résultat, le Celtic se retrouve aujourd'hui devancé par Heart et Hibernian au classement, qui n'a jamais été aussi serré depuis des années avec six équipes en cinq points.
S'ajoutent à cela les Rangers rivaux, entraînés par un Steven Gerrard débordant d'ambitions, qui cherchent à retrouver leur lustre d'antan après une mise en liquidation en 2011-2012 et une descente en D4, et voilà la domination du club à tendance catholique qui se trouve peut-être ébranlée.
Et comme si cela ne suffisait pas, les septuples champions en titre pourraient perdre leur coach, courtisé par Aston Villa.