Hambourg, année zéro: "Il faut se rendre à l’évidence, le HSV est à sa place"
- Publié le 05-08-2018 à 20h06
- Mis à jour le 06-08-2018 à 09h22
Pour la première fois depuis la création de la Bundesliga en 1963, le mythique HSV démarre la saison en deuxième division. La DH était au Volksparkstadion de Hambourg pour 90 minutes entrées dans l’histoire du football allemand.
Imagineriez-vous 57 000 personnes rassemblées pour le premier match de Malines en D1B ? Non ? C’est normal, un tel exploit ne semble possible qu’en Allemagne, où l’amour du maillot est plus fort qu’une relégation dans l’antichambre.
Ce vendredi soir à Hambourg, l’ambiance est étouffante aux abords du Volksparkstadion. Et pas seulement à cause des trente degrés qui s’abattent sur la métropole des bords de l’Elbe. Ce vendredi soir, le Hamburger Sportverein (HSV), six fois champion d’Allemagne et vainqueur de deux Coupes d’Europe, s’apprête en effet à disputer le premier match de son histoire en deuxième division depuis la création de la Bundesliga en 1963. Près de 55 années consécutives passées dans l’élite, personne – pas même le tout-puissant Bayern de Munich – n’avait fait mieux.
Le record semblait tellement improbable qu’une horloge a même été installée depuis quelques années dans l’angle sud-ouest du stade, situé à une trentaine de minutes du centre-ville, pour le certifier : « En Bundesliga depuis... 54 ans, 261 jours... »
Et puis le 12 mai dernier, la belle histoire a pris fin. Cette courte victoire face au Borussia Mönchengladbach de Thorgan Hazard n’aura pas suffi pour empêcher le Dino – un surnom qui sonne comme une évidence – de subir le destin qui lui pendait au nez depuis plusieurs saisons : la relégation. « Quelque part, je suis content que cela nous soit finalement arrivé », résume Daniel, supporter hambourgeois depuis 1999. « Depuis trop longtemps, nous passions la fin de la saison à espérer que deux ou trois équipes soient plus mauvaises que nous pour ne pas descendre », enchaîne son ami Steffen.
Attablés autour d’une bière dans un bar du quartier de Sankt-Pauli où les supporters du HSV ont leurs habitudes (un comble, lorsque l’on sait que le stade du club rival n’est situé qu’à quelques encablures), les deux compères analysent la situation avec laquelle ils vont devoir vivre pendant au moins un an. « Nous sommes fans d’un club qui a l’habitude du chaos », reprend Daniel. « Tout le monde se rappelle du HSV comme d’une équipe habituée à jouer les places européennes, mais trop de mauvaises décisions ont été prises au sommet depuis des années. Jugez-vous-même : rien qu’en dix ans, ce ne sont pas moins de dix-sept entraîneurs se sont succédés sur le banc ! » Steffen confirme douloureusement : « Il faut se rendre à l’évidence, aujourd’hui, le HSV est à sa place. »
À sa place en deuxième division. Adieu les affiches de gala contre le Bayern, le Borussia Dortmund et surtout, le légendaire derby du Nord contre le Werder de Brême. Bonjour les déplacements à Sandhausen, Heindenheim ou encore Fürth. Autant de noms qu’il est difficile de placer précisément sur la carte, même pour un Allemand. Daniel pourtant veut rester optimiste : « Cette saison sera l’occasion de se déplacer chez des clubs au public chaud bouillant comme le Dynamo Dresde, l’Union Berlin ou le FC Magdebourg. » Le jeune homme a déjà coché quelques échéances dans son agenda et la première est justement sur le point de débuter.
Ce vendredi soir, Hambourg affronte son voisin de Kiel. Les deux villes ne sont distantes que de cent kilomètres et la Ligue a choisi d’inaugurer la saison par un derby de la Mer baltique, dont la dernière édition remonte à... 1963 ! « Vous savez, c’est un match qui se jouera surtout pour la suprématie régionale. Le vrai derby, c’est contre Sankt-Pauli, l’autre club de Hambourg, que nous n’avons plus affronté depuis 2011. Contre Kiel, il n’y a pas vraiment de rivalité », explique Daniel, impatient de retrouver le club à la tête de mort dans quelques semaines.
La longue marche à pied jusqu’au Volksparkstadion lui donne raison. Plusieurs supporters du Holstein Kiel se mêlent, maillot sur les épaules, à ceux du HSV dans les buvettes qui jouxtent la gigantesque enceinte. Les dix mille places allouées aux visiteurs ont immédiatement trouvé preneurs. Les laissés-pour-compte iront se mêler discrètement aux Hambourgeois aux abords du parcage.
Dans l’angle sud-ouest du stade, l’horloge est toujours là. Désormais, elle compte le temps écoulé depuis la création du club, en 1887 : « 130 ans, 308 jours... » Au coup d’envoi, les hommes de Christian Titz s’engagent à toute allure dans la bataille. Les Kieler sont à la peine, le kop est en ébullition.
Dans la presse allemande, les experts plaçaient le HSV parmi les candidats au titre de champion.Il faut dire qu’avec un budget de trente millions d’euros (soit plus du double de la moyenne du reste du championnat), les moyens sont présents pour effacer la concurrence. « Ces dernières années, on nous mettait la pression pour jouer l’Europe, maintenant c’est pour remonter en Bundesliga. La seule différence, c’est que maintenant, c’est une pression positive », conclut Daniel.
Mais les choses ne se passent pas vraiment comme prévu. Après une première mi-temps au bout de laquelle les deux équipes se quittent sur un score nul et vierge, le Holstein rappelle qu’il était sur le point d’accéder à la Bundesliga la saison dernière, si le Wolfsburg de Divock Origi et Koen Casteels n’avait pas réduit ses espoirs à néant lors des redoutables barrages. 1-0, 2-0, puis 3-0 dans le temps additionnel. Le HSV s’incline lourdement pour le premier match de deuxième division de son histoire.
Au coup de sifflet final, les joueurs viennent malgré tout saluer leur public. Ce dernier lui répond par un dernier « SEULEMENT LE HSV ! », hurlé à plein poumon. Il faudra se rattraper dès la semaine prochaine, face à Sandhausen justement. Pour que cette année zéro reste une parenthèse dans l’histoire du Dino.