Gerard Piqué et la Roja : une relation conflictuelle
Le défenseur du Barça a annoncé la fin de sa carrière internationale.
- Publié le 13-08-2018 à 10h59
- Mis à jour le 19-11-2018 à 23h07
Le défenseur du Barça a annoncé la fin de sa carrière internationale. Cette fois, c’est vraiment la fin d’une ère. Après Andrès Iniesta, c’est au tour de Gerard Piqué de dire adieu à la Roja. Lui qui a tout gagné (Mondial 2010, Euro 2012) a confirmé mettre un terme à sa carrière internationale après avoir discuté avec Luis Enrique, tout juste intronisé à la tête de la Selección. "J’ai parlé avec lui il y a une semaine ou deux et lui ai dit que ma décision était prise", a déclaré le défenseur catalan.
Durant presque une décennie (103 sélections à la clé), Piqué aura vécu une histoire tumultueuse avec son équipe nationale. Né à Barcelone, il s’est retrouvé dans une situation délicate : Catalan pur jus et très fier de ses racines, mais star de la Roja, symbole d’une Espagne unifiée en 2010, le joueur est devenu terriblement impopulaire pour toute une partie de ses propres supporters. Retour sur une histoire d’amour-haine à l’espagnole.
Les débuts
11 février 2009. Le jeune homme de 22 ans débute sa carrière internationale. Piqué n’est pas un inconnu : il est le lieutenant de Carles Puyol au cœur de la défense du grand Barça de Pep Guardiola. Et il est en passe de réaliser le sextuplé en club. Logique, dès lors, de le voir rejoindre la Selección. Pour ses débuts, il gagne en amical contre l’Angleterre.
Les grandes années
Piqué-Puyol. Le duo excelle dans l’axe de la Roja de Vicente Del Bosque. Au Mondial 2010, la défense espagnole n’encaisse que deux petits buts. Rien contre le Portugal, ni contre le Paraguay, ni contre l’Allemagne, ni contre les Pays-Bas. Un quasi-sans-faute. Voilà Piqué et ses potes sur le toit du monde. Et l’Espagne baignée dans un patriotisme rare pour ce pays aux régionalismes exacerbés.
Le symbole est d’autant plus fort deux ans plus tard, lorsque Piqué le Catalan fait la paire avec Sergio Ramos l’Andalou, et surtout leader de la défense du Real Madrid, club symbole du franquisme dont la Catalogne a tant souffert. Les tensions semblent apaisées entre les deux équipes. Du moins pour un temps.
Le déclin
Malheureusement, le drap rouge qui recouvrait l’Europe du football se craque petit à petit. Un Mondial 2014 raté, un Euro 2016 décevant, faute de résultats, les premières polémiques faciles commencent à fleurir : affaires des manches coupées pour masquer le drapeau espagnol (le joueur se défendra en expliquant avoir bien coupé ses longues manches, mais celles-ci ne comportaient aucun drapeau), affaire du doigt d’honneur pendant l’hymne (un geste qui n’a pas vraiment l’air intentionnel sur les images), on ne pardonne rien à Piqué. D’autant plus qu’il n’est pas le dernier à mettre le feu aux poudres à coups de posts bien sentis sur les réseaux sociaux…
Le ras-le-bol
Le paroxysme est atteint lors du référendum catalan. Sans prendre parti pour l’indépendance de cette région riche qui en appelle à l’auto-détermination des peuples, le Blaugrana se positionne en faveur de ce vote, réprimé vigoureusement par les autorités espagnoles, qui le considèrent comme illégal. "Dans ce pays, pendant de nombreuses années, on a vécu sous le franquisme, les gens ne pouvaient pas voter et c’est un droit que nous devons défendre", avait-il déclaré, ajoutant être "fier des Catalans."
Dans la foulée, il se fait copieusement huer et insulter lors d’une séance d’entraînement public de l’Espagne… à Madrid. La Guardia Civil doit même intervenir afin de retirer des banderoles hostiles. Ce qui ne l’empêche pas de jouer avec sa sélection. Il faut dire que Catalan ou pas, Piqué reste difficilement remplaçable en défense centrale.
La fin en mode mineur Champion du monde et d’Europe, cadre d’une équipe qui aura marqué le football de ce début de XXIe siècle offre quelques regrets. Son dernier match ? Une caricature de ce que fut la grande Espagne : un millier de passes inefficaces face à une Russie sans idée, ni panache.
La preuve par l’absurde que le football de possession a fait son temps. Malgré sa grande gueule et une certaine arrogance, Piqué méritait sans doute un plus bel adieu.