Le briefing d'Alex Teklak: le Real encore plus dépendant de Ronaldo
Notre consultant Alex Teklak a décortiqué les forces des deux équipes finalistes. Analyse.
- Publié le 25-05-2018 à 19h07
- Mis à jour le 26-05-2018 à 17h27
Notre consultant Alex Teklak a décortiqué les forces des deux équipes finalistes. Analyse.
"En défense, Ramos rend les autres meilleurs”: “La tendance naturelle des deux latéraux Carvajal et Marcelo fait que le Real a besoin de deux grands défenseurs centraux pour assurer l’équilibre vu que les côtés ne sont pas forcément bien protégés. Varane et Ramos se caractérisent par la qualité de leur jeu de tête, offensivement comme défensivement. Ramos, lui, en plus de rendre les autres meilleurs, s’approche de ce qui se fait de mieux à son poste. Il dégage tellement de facilité qu’il peut parfois frôler l’erreur mais aussi énormément de cette confiance qui est contagieuse. Sa grande force reste sa personnalité. Son capital confiance est tel qu’il est difficile à entamer, même quand il n’est pas bien dans un match. Il compense alors par son métier, son vice qui lui permet de faire tourner le rapport psychologique en sa faveur. Et quand il va au duel, il ne le fait pas uniquement pour gagner le ballon mais aussi pour faire mal.”
"Plus d'options au milieu": “Les saisons en dents de scie des uns et des autres ont poussé Zidane à faire bouger les lignes. La baisse de rendement de Casemiro correspond par exemple à l’avènement de Kovacic selon le principe des vases communicants. D’où cet élargissement des options un peu conjoncturel quand Modric, Kroos ou Isco ont aussi vécu des creux. L’autre nouveauté réside dans le changement de statut d’Asensio et Vazquez. Eux se sont développés en termes de confiance, devenant des coqueluches alors que le contexte n’est pas simple : il ne faut pas sous-estimer la pression populaire par rapport aux jeunes du club. Dans leur cas, leurs performances les ont crédibilisés. Et Zidane, qui les faisait souvent entrer comme à l’aller contre le PSG pour tout bousculer, peut désormais les faire débuter. Vazquez me fait penser à Jesus Navas par son volume de travail. Il est utile mais moins spectaculaire qu’Asensio, un vrai joueur de percussion qui, avec sa qualité de frappe de loin, amène aussi quelque chose de différent.”
"En attaque, Ronaldo éclipse tout": “Les deux matches durant lesquels le Real a le plus souffert cette saison sont ceux contre le Bayern, les deux seuls où Ronaldo n’a pas marqué. Ce qui confirme que ce Real est encore plus ‘Ronaldo dépendant ’. Le Portugais est un tueur à l’ego surdimensionné mais tellement utile à l’équipe. En fait, son orgueil est une force. Le Ronaldo nouveau éclipse tout et a définitivement fait de Benzema un joueur de complément. L’animation a changé, le circuit préférentiel à gauche avec Benzema, Ronaldo et Marcelo est moins utilisé. Ce qui pénalise Benzema. Bale, lui, paye sa fragilité récurrente qui a facilité l’éclosion d’Asensio. En a résulté un déficit d’image nourri par ses performances. Mais là, il est à 100 % physiquement et, quand il a la plénitude de ses moyens, il reste l’un des meilleurs contre-attaquants du monde, ce qui est forcément précieux pour le Real qui excelle dans ce registre.”
Salah-Firmino-Mané, c'est naturel
"En défense, Klopp avait besoin d'un Van Dijk": “Historiquement, pour des questions de philosophie, les équipes de Jürgen Klopp ont toujours été en difficulté sur les phases de transition et les coups de pied arrêtés, vu le déséquilibre inhérent à leur jeu, ce qui rend déterminant l’apport de Van Dijk qui contrebalance l’exposition de son équipe. Alors, oui, Van Dijk a été payé bien trop cher. Mais la somme récupérée avec la vente de Coutinho a été très bien investie et vient pallier ce besoin. L’équipe est soulagée dans les airs car Lovren, malgré sa taille, a rappelé ses limites dans ce domaine lors du match aller contre Rome quand il s’est fait piéger par ce ballon de Nainggolan vers Dzeko. Sur les côtés, comme à Dortmund avec Piczsek et Schmelzer, les latéraux apportent beaucoup. Klopp, vu les blessures de Clyne et Gomez, a installé à droite Alexander-Arnold. Il a parfois été très bon, d’autres fois moins, mais, à son âge, il représente un gage pour l’avenir et un enfant du club, ce qui est très important à Liverpool et qui permet à Klopp d’asseoir encore plus sa popularité.”
"Au milieu, Henderson et Milner sont des machines de guerre": “Dans son projet de jeu, Klopp se doit d’avoir un triangle défensivement très fort pour amener de la sécurité. Van Dijk en est la pointe basse, Henderson et Milner les pointes hautes. Ces deux derniers sont fondamentaux dans l’équilibre collectif. Henderson n’est pas le plus beau à voir jouer, mais quel filtre au milieu ! Il reste bien en place devant sa défense et gère parfaitement le déséquilibre de l’équipe grâce à son sens de la compensation. Lui et Milner sont des machines de guerre. Par leur capacité à défendre en avançant, ils sont déterminants dans le pressing. Milner possède en plus cette faculté à se projeter vers l’avant qui lui permet de beaucoup marquer. Il a été utilisé à toutes les sauces, notamment au poste de latéral, ce qui démontre une sacré intelligence tant il est performant partout où il évolue alors que les postes sont si différents.”
"Devant, le départ de Coutinho a tout changé": “Les performances de Liverpool ont fait oublier le départ d’un joueur majeur, Philippe Coutinho. Son départ a tout changé et a rendu indiscutable le trio Mané – Firmino – Salah. Maintenant, Klopp n’a plus à choisir. Des trois, Mané est celui qui travaille le plus dans son couloir pour aider son latéral, le gauche. Salah, lui, est parfois exempté du travail défensif comme à Rome ou contre City quand il était blessé au match retour. Quitte à être décalé dans l’axe. Généralement, Firmino s’y trouve. Lui est sous-estimé. Son potentiel est énorme, notamment dans la création d’espaces et le jeu en déviation. Entre les trois hommes, il n’y a pas énormément de combinaisons finalement, simplement le talent qui parle. Par contre, leur travail en perte de balle est impressionnant. Notamment sur les leurs. Il est très difficile de faire entrer dans la tête d’un joueur qu’il doit tout de suite se lancer dans le pressing quand il a perdu le ballon. Klopp est parvenu à gommer ce temps de latence néfaste à l’équilibre défensif avec une réactivité immédiate. Ce qui est très fort.”