Atletico: la course cyclique du Cholismo
L’Atlético reçoit le Barça dans le choc de la treizième journée de Liga, alors même qu’il peine à enchaîner les victoires.
- Publié le 23-11-2018 à 19h14
- Mis à jour le 24-11-2018 à 18h18
L’Atlético reçoit le Barça dans le choc de la treizième journée de Liga, alors même qu’il peine à enchaîner les victoires.
"Cette fois, c’est la fin de cycle." "La hype Diego Simeone - Atlético, c’est fini." Le constat sonne comme une vieille rengaine que l’on ressort au moindre coup de mou d’un club qui s’est installé durablement parmi le gratin européen. Le tout sans posséder les moyens du Barça, du Real, ou encore du PSG au début de l’aventure du Cholo à Madrid. Et sans pouvoir recruter durant l’année 2017.
Il est cependant vrai que le club vit un premier quart de saison relativement moyen. Incapable d’aligner plus de trois victoires d’affilée, l’Atléti a en outre subi sa plus lourde défaite de l’ère Simeone contre Dortmund (4-0), concédé un nul à Leganés, et empoché un succès ric-rac contre un Athletic Bilbao en grandes difficultés.
Il n’en faut pas plus pour que les cavaliers de l’Apocalypse arrivent au galop afin d’annoncer la fin de la belle aventure pour les Rojiblancos, malgré les preuves de l’efficacité de leur méthode de travail rude et tactiquement sans pitié.
Mais en dépit ce constat mi-figue, mi-raisin après douze journées de championnat, la situation de l’Atléti n’est pas non plus aussi dramatique que certains veulent bien l’affirmer : en bonne place pour se qualifier pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions, troisième à un point de Barcelone, le club est loin d’être aussi largué que son voisin du Real.
Plus qu’une quelconque fin de cycle, ce sont surtout les difficultés de certains cadres du club (toujours pas de but pour Diego Costa en Liga, seulement trois pour Antoine Griezmann) qui le font stagner actuellement. Et quand on sait que l’infirmerie affiche complet (Diego Godín, José Giménez, Stefan Savic, Lucas Hernández, Koke et Thomas Lemar sont HS !), on ne s’alarme pas trop sur le long terme pour l’armée de Don Diego de la Wanda.
Vieux refrain
En réalité, cette fameuse fin de cycle est prédite régulièrement depuis leur défaite en finale de la Ligue des Champions 2016. Fin 2017, leur troisième place en phase de groupe de la coupe d’Europe avait déjà fait naître le spectre de la fin du Cholismo, surtout après des matches nuls concédés contre le modeste Qarabag.
Sauf que les Colchoneros ont finalement terminé la saison en tant que dauphins du Barça et ont remporté deux titres en deux mois : l’Europa League après une finale totalement maîtrisée face à Marseille, et la Supercoupe d’Europe contre feu le Real de Julen Lopetegui. Cela fait beaucoup pour un club dont la philosophie serait en train de s’éteindre…
Une institution derrière le Cholo
Les joueurs eux-mêmes semblent toujours croire à fond dans la capacité de Simeone à les maintenir au sommet. Faute de pouvoir recruter durant l’année 2017, la direction rojiblanca a réussi à conserver ses meilleurs éléments (Koke, Godín, Saúl Níguez, Jan Oblak). Antoine Griezmann, la seule véritable star de l’effectif, a décidé cet été de lier son destin aux Matelassiers jusqu’en 2023, malgré la drague assidue du Barça, son futur adversaire en Liga. Comme une preuve que le projet simeonesque a toujours une résonance dans l’esprit de joueurs de gros calibre.
Et à la tête du club, on croit plus que jamais que l’Argentin parviendra enfin à amener l’Atlético sur le toit de l’Europe. La preuve avec ce mercato de feu (Rodri, Gelson Martins, Santiago Arias, entre autres), et le recrutement de Thomas Lemar pour 70 millions d’euros. Une petite folie à laquelle le club n’était pas habitué.
L’image serait en tout cas belle si après deux échecs cruels en finale (ah ! cette tête de Sergio Ramos à la 93e en 2014 et cette séance de p énos deux ans plus tard !), Godín parvenait à soulever la coupe aux grandes oreilles sur la pelouse du Wanda Metropolitano, l’antre flambant neuve des Madrilènes.
Et si comme en 2014…
En championnat aussi, il y a un coup à jouer, pour ceindre à nouveau les lauriers que l’Atlético avait chipé au Real et au Barça en 2014. Les Catalans sont leaders, mais sans impressionner, les Merengues savent, eux, ce que représente une vraie fin de cycle après les années Zidane, Séville paraît plus léger que les Colchoneros et Alavés et l’Espanyol risquent de craquer un jour ou l’autre.
Bref, les brèches ouvertes par le duo Barça-Real pourraient bien être rebouchées par un Atlético ambitieux, porté par la grinta de son Cholo, mais qui doit encore corriger un certain manque de réussite devant. Seize buts inscrits en douze journées, c’est peu pour un prétendant au titre. Mais avec seulement huit pions encaissés, l’Atléti vogue sur la même moyenne défensive qu’il y a cinq ans. Et si Rodri continue de briller sur le milieu de terrain. Et si Griezmann et Costa retrouvent le chemin du but et la défense la forme. Et si…
Mais pour redevenir le roi d’Espagne, il n’y a pas trente-six solutions : il faut accumuler les succès, notamment contre les grands. Et cela passe par un truc contre Barcelone, qui mène actuellement la danse en Liga. Un point seulement devant Séville… et l’Atlético !