AC Milan: Patrick Cutrone, l’idole est jeune

Définitivement sorti de Milanello en 2017, le jeune avant-centre né le 3 janvier 1998 à Côme a sauvé les supporters rossoneri du désespoir en se retrouvant impliqué dans plus d’un quart des buts inscrits par son équipe (dix-huit pions, six passes décisives). Un total solide pour un rookie, surtout vu les deux noms qui se dressaient devant lui.

Mieux, ses perfs lui ouvrent les portes de la Squadra Azzurra, qui se cherche toujours un 9 de classe mondiale depuis la retraite de Luca Toni. Appelé pour la première et unique fois en mars 2018, Cutrone est peut-être l’homme providentiel d’une nation en perte de repère…

Le feu sacré

C’est sous les ordres de Vincenzo Montella qu’il débute sa carrière chez les pros, dix ans tout juste après son arrivée au sein de la fabrique de talent du Diavolo. L’ancien attaquant de la Roma est vite séduit par son talent, mais aussi sa personnalité.

"Ce qui le distingue, c’est cette soif d’apprendre à chaque minute", explique l’ancien coach milanais à la Rai. "Il a un potentiel énorme qu’il commence à montrer dans le football italien, qui est le plus difficile à appréhender pour un attaquant."

Souvent comparé à Pippo Inzaghi pour son instinct face au but (mais plus costaud physiquement que celui qui fut son entraîneur chez les jeunes), c’est aussi grâce à sa rage de vaincre qu’il séduit ses éducateurs.

"C’est un vrai généreux, il a le feu sacré", dit de lui Walter De Vecchi, l’un de ses premiers mentors, à la Gazzetta dello Sport. "Quand il perdait des petits matches, il pleurait : c’est bon signe !"

Cette abnégation, ce caractère de leader (il a été capitaine chez les jeunes), couplés à une vraie maturité mentale et physique, représentent son passeport vers le top niveau et cette première saison de feu qui surprend le public de San Siro.

Rino féroce

Lancé par Montella, confirmé comme titulaire à la pointe de son 4-3-3 par Gennaro Gattuso, Cutrone et son numéro 63 (6+3 = 9, vous l’avez ?) sont toutefois préservés par Rino cette saison. L’ex-milieu de terrain ne veut pas cramer un joueur dans lequel il place de grands espoirs.

"Il est jeune et il a faim", explique le vigoureux coach du Milan en février dernier. "Il ressemble un peu à Inzaghi et il a ce truc en lui. Mais il doit s’améliorer techniquement et a besoin de plus jouer en équipe."

Car l’explosion de ce droitier rapide, instinctif et insatiable ne l’empêche pas de saliver à l’idée de voir Gonzalo Higuain rejoindre la Lombardie en prêt. Logiquement, c’est Pipita qui prend la place de numéro 9 occupée par le jeune Patrick, qui cette fois doit attendre la dixième journée pour entamer une rencontre de Serie A.

N’était-il alors qu’un hit ? Comme pour se rappeler au bon souvenir de son entraîneur, il n’a besoin que de dix minutes sur la pelouse pour crucifier la Roma et permettre à son club d’empocher une victoire de prestige fin août et claque trois buts en autant de rencontre d’Europa League. Pas question de vivre une carrière à la Michu…

Mais le garçon est pressé (pas étonnant quand on réalise de tels débuts pros !). Et a déjà des prétendants aux basques, notamment Chelsea, où Maurizio Sarri ne serait toujours pas convaincu par Alvaro Morata (ironiquement l’une des idoles de Patrick). Mais l’amour que porte l’Italien à son club est follement intense. À tel point que mi-octobre, le garçon prolonge avec l’AC jusqu’en 2023.

Un duo avec Higuain

Gattuso a peut-être trouvé LA solution pour contenter tout le monde : transformer son système à une pointe en un 4-4-2 verrouillé par Franck Kessié et Tiemoué Bakayoko (en l’absence de Lucas Biglia, blessé), avec Diego Laxalt (ou Hakan Çalhanoğlu) et Suso sur les ailes pour alimenter le duo d’attaque. Une formation qui s’est montrée efficace contre la Sampdoria, le Genoa et Udinese, mais trop légère face à l’invincible Juventus. Qu’importe, le binôme Cutrone - Higuain semble fonctionner et ne demande qu’à être reconduit.

Sauf qu’il ne le sera pas contre la Lazio, suite à l’expulsion stupide de l’Argentin contre la Juve. Ce sera donc à ce jeune homme venu de la campagne lombarde de prendre les rênes de l’attaque. Le rêve éveillé continue pour Cutrone, le gamin qui dormait encore avec son ballon à côté de lui il y a quelques mois.