Égoïste, ce Ronaldo du Tadjikistan

par Yves TaildemanUn journaliste travaille 7 jours sur 7 et 12 heures par jour lors d’un Mondial. Il faut donc s’accorder parfois un moment de détente. À un kilomètre de notre hôtel, nous avons découvert un petit terrain de minifoot avec des vieux goals sans filets, entouré par un grillage datant de l’URSS. Seul problème, une vingtaine de jeunes occupaient la surface de jeu. Certains jouaient au basket, d’autres au foot, d’autres papotaient. Et aucun d’eux ne parlait l’anglais. Finalement, on leur a fait comprendre qu’un petit match nous intéressait. L’équipe adverse était surtout composée de Tadjiks, qui jouaient comme si leur vie en dépendait. Le plus fou de tous portait le maillot de Cristiano Ronaldo. Il était adroit, mais n’a donné aucune - mais alors vraiment aucune - passe. À un certain moment, il a fait une reprise acrobatique qui faisait plus penser à du beach soccer qu’à du futsal. Les autres Tadjiks ont applaudi, nous aussi. Mais les Russes n’ont pas bronché. Par après, nous avons compris pourquoi. Les Tadjiks sont discriminés en Russie. Leur pays - situé entre l’Afghanistan au sud, la Chine, le Kirghizistan et l’Ouzbékistan - est le plus pauvre des ex-États de l’URSS. Ils ont migré en espérant avoir un meilleur avenir. À les voir jouer, ce n’est pas via le football qu’ils trouveront. Le Tadjikistan n’est pas pour rien le 119e au classement mondial… Pour l’anecdote, La DH a gagné ses deux matches contre Ronaldo et ses potes déchaînés.