Sukuta-Pasu: "Quand tu joues avec Kroos"
L’attaquant du Cercle, Richard Sukuta-Pasu, a côtoyé le Madrilène et toutes les autres stars de la Mannschaft chez les jeunes. Mais lui a pris une autre route. Sans amertume...
- Publié le 27-02-2015 à 13h06
- Mis à jour le 27-02-2015 à 13h04
L’attaquant du Cercle, Richard Sukuta-Pasu, a côtoyé le Madrilène et toutes les autres stars de la Mannschaft chez les jeunes. Mais lui a pris une autre route. Sans amertume... La conversation dure depuis une vingtaine de minutes déjà. Elle a été parsemée de sourires, de paroles un peu plus graves quand le sujet s’invite naturellement. D’un coup, le regard noir jais de Richard Sukuta-Pasu s’anime. Son visage mangé par une barbe parfaitement taillée s’illumine.
"Quand ils sont devenus champions du monde, j’étais content. Il y a des gens qui auraient pu avoir des regrets, mais pas moi. Il ne faut jamais avoir de regrets. Il y a des raisons qui font qu’eux sont déjà champions du monde et que je ne le suis pas. Mais on ne sait pas comment ça va finir… Peut-être que dans deux ans, si on rediscute ensemble, je serai à Barcelone ou peut-être je ne jouerai plus au football. C’est pour cela que je n’ai pas de regret. J’étais content, mais je ne me suis pas dit que j’aurais pu être avec eux."
Eux, ce sont Manuel Neuer, Benedikt Höwedes, Mesut Özil ou encore Toni Kroos avec qui l’attaquant du Cercle a fait équipe dans les sélections de jeunes allemandes des U17 aux U21 .
Eux, Sukuta-Pasu, 24 ans, espère tôt ou tard les retrouver avec la Mannschaft . "Mon rêve, c’est de jouer un jour dans un club et d’être international allemand" , explique-t-il posément avant de lâcher : "Plus le voyage est dur, plus on est content d’arriver au sommet."
Son périple commence dans une Allemagne qui a accueilli ses parents congolais venus comme tant d’autres tenter leur chance en Europe.
"Mon père et ma mère voulaient qu’on fasse une activité" , se souvient Richard Sukuta-Pasu. "Avec ma sœur, on a tout essayé, j’ai commencé par le basket mais le foot m’a plu. Mais, comme toujours, cela n’a pas bien commencé."
Quand il prend sa première licence à Wuppertal, le club de sa ville natale, les premières critiques fusent. "On m’a dit que j’étais trop petit, trop maigre."
Le solide gaillard (1,90m pour 80 kg) préfère désormais en sourire. "J’étais dans l’équipe, mais je ne jouais jamais. Mais j’ai fini par devenir le meilleur du club en m’entraînant beaucoup avec mon père."
Au moment d’évoquer son papa, ancien milieu de terrain au Congo, sa voix s’emballe. Son débit s’accélère. Les souvenirs remontent à la surface.
"Mon père était derrière moi, tout le temps. Il m’a beaucoup aidé. Il a fait beaucoup de sacrifices pour que je puisse jouer et je l’en remercie. Encore aujourd’hui, il ne rate aucun match, n’importe où. Il est toujours là pour me soutenir, m’aider. Il me dit ce que j’ai bien fait ou pas, ce que je dois améliorer. C’est mon plus grand fan aussi. Vous savez, après deux ans à Wuppertal, je suis arrivé au Bayer Leverkusen, j’avais dix ans. Pendant deux ans, c’était difficile, tout le monde était meilleur que moi. Mais on a travaillé avec mon père. Quand on avait congé à l’école, les autres allaient à la piscine, à la plage ou ailleurs. Moi, je m’entraînais avec mon père, qu’il fasse froid ou chaud. C’était toujours dur. Je sais d’où je viens. Quand j’ai commencé, je n’avais rien. Et j’ai travaillé."
Jusqu’à devenir l’un des joueurs les plus prometteurs de sa génération, l’une des plus belles promesses que l’Allemagne ait connue et qui a vécu son premier fait d’armes en Belgique, en 2007, lors de l’ Euro U17 où lui, le remplaçant, inscrit un doublé face aux Pays-Bas qui permet à l’Allemagne de se qualifier pour la Coupe du Monde.
"Je suis entré à la mi-temps, j’ai inscrit un doublé, Toni Kroos avait marqué le premier but. Quand tu joues avec Toni Kroos, c’est incroyable. Il me mettait des ballons. On s’entendait très bien. On est encore en contact, on a le même agent" , souligne Richard Sukuta-Pasu, qui, lors du Championnat d’Europe U19 en 2008 avait même volé la vedette à son pourvoyeur de ballons attitré en étant décisif en demi puis en finale.
"C’était fabuleux à vivre, même si on ne s’en rend pas compte sur le coup" , explique-t-il, sans regret.
Question d’habitude...
"Partout où je suis passé, c’était dur pour moi au début"
Au moment de tirer un bilan de sa saison, Sukuta-Pasu ne s’en cache pas: "Oui, j’espérais mieux."
Mieux que ses deux buts inscrits sur penalties en 22 matches de championnat. "Le seul truc que je peux faire, c’est travailler. C’est une saison difficile pour tout le monde et pour moi, tout est nouveau. La Belgique, c’est très différent de ce que j’ai connu."
En sept ans de carrière, l’attaquant a pourtant déjà pas mal bougé. Formé à Leverkusen où il dit avoir "beaucoup appris de Stefan Kiessling" , Sukuta-Pasu est allé chercher du temps de jeu en prêt dès janvier 2010 à Sankt Pauli.
À l’été 2010 , il s’illustre sur le terrain de Fribourg pour le premier match du promu. "À quinze minutes de la fin, nous étions menés 1-0 à Fribourg et je suis rentré : on a gagné 3-1 et j’ai marqué un but et donné deux passes décisives. Je suis devenu le premier joueur à intégrer l’équipe type de Bundesliga en quinze minutes."
Mais la promesse fane quelques jours plus tard, la faute à une blessure à la cheville qui l’éloignera des terrains huit mois.
Après une saison blanche, l’attaquant a pris la direction de Kaiserlautern en juin 2011 qui l’a prêté au Sturm Graz en 2012-13 puis à Bielefeld la saison dernière avant de débarquer au Cercle l’été dernier. "Je vis quelque chose de différent ici" expose l’attaquant qui a de la famille à Anvers et à Bruxelles. "Partout où je suis passé, c’était dur au début. Mais j’ai toujours eu confiance en moi."
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