Teddy Chevalier: "Non, je ne joue pas pour ma gueule"
Le titre de meilleur buteur est l’objectif de Teddy Chevalier. Il lui reste une possibilité.
- Publié le 17-05-2018 à 11h59
- Mis à jour le 17-05-2018 à 13h23
Le titre de meilleur buteur est l’objectif de Teddy Chevalier. Il lui reste une possibilité. Teddy Chevalier n’était même pas au courant de notre venue à Courtrai. "Quoi, vous n’êtes venu que pour moi ?", demande-t-il en venant nous serrer la main. "Bah, dans ce cas, je ne vais pas vous laisser repartir sans rien."
Avare en interview, le Français de 30 ans préfère se concentrer sur la fin de championnat et sur la course au titre de meilleur buteur de Pro League. Une récompense honorifique qu’il peut encore obtenir ce week-end en inscrivant deux buts. Le leader du classement actuel, Harbaoui, en a inscrit 22 et le Courtraisien est à 21 au compteur. S’il n’en inscrit qu’un, il sera à égalité avec Hamdi Harbaoui (au Lierse, qui ne jouera donc pas ce week-end) autant au niveau du nombre de buts que de la balance extérieur/domicile. Le temps de jeu entrerait alors en ligne de compte et ferait pencher la balance dans le camp du Tunisien.
Teddy, nous avons l’impression qu’à part une blessure, rien ne peut vous arrêter…
"Je suis très sérieux et avec l’âge je fais de plus en plus attention à mon corps. Ma carrière peut vite s’arrêter. J’ai bientôt 31 ans et si je me blesse, je peux vite finir aux oubliettes."
On a pourtant l’impression que vous avez les jambes d’un gamin de 20 ans ?
"Plus je vieillis, plus je cours. Mes équipiers me le disent aussi. J’espère continuer comme ça. J’ai réussi à garder ma vitesse. Quand je l’aurai perdue, j’aurai plus de difficultés. Je n’étais pas fainéant avant mais j’étais moins bien physiquement."
Jérémy Perbet intervient : "C’est parce qu’il boit beaucoup de bière." Teddy Chevalier reprend : "Voilà, c’est le secret. T’es bête ! Sous Vanderhaeghe, j’étais à la traîne niveau endurance. J’ai bien progressé depuis."
Êtes-vous obsédé par le titre de meilleur buteur ?
"Je ne prends pas les choses trop au sérieux. Les gens nous mettent en compétition avec Hamdi Harbaoui. Ça me fait sourire. J’ai déjà atteint mes objectifs même si je n’ai pas le Taureau d’or en fin de compte. Quand l’équipe tournait moins bien, je pensais un peu trop au classement des buteurs mais j’ai vite compris que ce n’était pas important. Si je l’ai, tant mieux. Si je ne l’ai pas, ce n’est pas grave."
Vous êtes si proches…
"On ne va pas se mentir, la déception sera là si je ne l’ai pas. C’est un titre qui reste gravé. On oublie toujours le deuxième. Attention parce que Harbaoui revient en forme. C’est du jamais vu ce qu’il fait. Il n’y a qu’en playoffs 2 qu’on peut voir ça."
Vous assumez donc qu’il est plus facile de marquer en playoffs 2 !
"Oui, c’est clairement plus facile. Après, il faut quand même mettre les buts, hein."
Est-ce plus difficile pour vous qui êtes posté sur le flanc ?
"Ça change beaucoup. Nous n’avons pas le même style de jeu, Harbaoui et moi."
Vous traînez pourtant une image de buteur…
"Ouais ça m’ennuie parfois qu’on pense uniquement ça de moi car j’ai une qualité de passe et une bonne vision du jeu. Je ne suis pas un gars qui attend dans la surface, un buteur pur-sang. Je fais jouer les autres."
On a quand même l’impression que vous jouez un peu pour vous lors des dernières rencontres…
"Au contraire, j’essaie de jouer pour l’équipe et c’est comme ça que les résultats suivent. J’aurais pu donner des assists mais parfois je ne vois juste pas la personne qui demande le ballon. Inconsciemment, peut-être que je joue plus pour mes buts. Mais jamais je ne débarque sur le terrain en me disant que seuls mes buts me préoccupent."
On vous dit parfois trop personnel ?
"On me dit parfois l’inverse, que je joue un peu trop pour l’équipe mais c’est comme ça, je ne joue pas pour ma gueule."
L’équipe joue-t-elle davantage pour que vous obteniez le titre de meilleur buteur ?
"Je pense que ça leur ferait plaisir que je prenne ce titre. Ce serait une récompense pour tout le groupe. De là à ce qu’ils tentent de me faire marquer… Par contre, ils me motivent beaucoup avant les matches. Il m’arrive souvent de leur dire que je ne sens pas trop le match. Ils me contredisent et ont souvent raison. Je ne comprends pas comment je sens aussi mal les choses avant le match. En fait, j’ai besoin d’être sur le terrain. Dès que ça commence, je me sens bien."
Vous avez pourtant l’image du gars qui a confiance en lui !
"J’ai des moments de doute, comme tout le monde, mais ils se dissipent sur le terrain."
Comment faites-vous pour vous sortir d’une mauvaise passe ?
"Je prends sur moi et je m’appuie sur mon entourage. À ce moment-là, il vaut parfois mieux donner deux ballons de but pour en recevoir plus tard. Si ça ne va pas et que tu joues pour ta gueule, on va te le dire. Et je ne veux pas colporter une image d’individualiste."
Est-ce possible d’atteindre la barre des 25 buts ?
"En fait je me dis surtout qu’avec 21 buts, j’ai intérêt à cartonner la saison prochaine, sinon les gens vont se poser des questions (rires)."
"Sans ma réputation d’enfant terrible, je serais dans un top club"
Le côté grande gueule de Teddy Chevalier n’a pas toujours joué en sa faveur.
Avec autant de buts au compteur, Teddy Chevalier va attirer les foules. La situation ennuie toutefois le Français qui vient de signer un nouveau contrat de trois ans. Un contrat qui, d’un côté, lui offre une belle sécurité vu qu’il aura bientôt 31 ans et qui, de l’autre, permet à Courtrai de bien monnayer son départ en cas de transfert.
Le joueur se dit content d’être à Courtrai. "Je suis à la maison ici. Je rigole, je prends du plaisir, je rentre tous les jours chez moi, je vois mes proches."
Vous êtes tout de même conscient qu’il y aura des clubs qui s’intéresseront à vous…
"On me propose des trucs incroyables mais il y a des éléments qui compliquent les choses. J’ai une fille et ça fait réfléchir. Après, je sais que certains pays peuvent me proposer le contrat de ma vie. C’est compliqué. Je suis bien ici. Je joue, ma femme est heureuse et je suis épanoui."
À 30 ans, ne doit-on pas davantage penser à l’argent ?
"Les gens vont être négatifs si je dis ça mais, à un moment, certaines choses ne se refusent pas. Ma carrière peut tellement vite basculer."
Envisagez-vous un club du top en Belgique ?
"Ce qui pose problème en Belgique, c’est mon image d’enfant terrible. J’en ai marre d’entendre que Chevalier fait la gueule quand il est sur le banc ou que Chevalier est méchant. Pas du tout, je ne crée pas de problèmes. Si je ne suis pas dans un club du Top 5 belge, c’est parce que j’ai cette image qui me colle à la peau. Je n’ai pas un mauvais caractère, je suis un gagnant. Je déteste perdre et je monte sur le terrain pour gagner. Pas pour faire ma mauviette. Mais tous les jours dans le vestiaire, je passe mon temps à rigoler. Je ne fais pas exprès, je suis comme ça. Je crie parfois sur le terrain mais c’est parce que je veux gagner. À la longue, c’est lourd, cette fausse image de moi."
Ce sera donc Courtrai ou l’étranger…
"Je me sens un peu grillé en Belgique. Les portes sont fermées. Si j’avais marqué 21 buts dans un championnat étranger, c’est certain que les autres clubs du championnat me voudraient."
D’où vient cette réputation ?
"J’ai commis quelques erreurs mais je ne suis pas un monstre. À Zulte Waregem, je suis entré en conflit avec un joueur (NdlR : Mbaye Leye) et le coach a décidé qu’il ne voulait pas deux coqs dans la même basse-cour. J’ai décidé de partir mais je n’ai jamais tapé sur un équipier, je n’ai jamais tué un groupe."
Votre grande gueule gêne ?
"Personnellement, je préfère quelqu’un qui dit les choses en face plutôt qu’un gars qui parle dans mon dos. Au moins c’est réglé d’un coup. Je préfère être droit dans mes bottes."