Yannick Ferrera: un bilan qui fait débat

La philosophie

Souvent, les intentions d’un entraîneur sont difficilement détectables tant elles sont minimes. À ce niveau, Yannick Ferrera est un cas à part. Le coach liégeois aime que le ballon circule rapidement au sol, avec un pressing très haut sur le terrain. Cela a eu des effets bénéfiques sur le jeu des Rouches entre début décembre et fin janvier, avec un niveau de jeu qui a poussé certains à les considérer comme un outsider au titre national. Certes, ce style n’a pu être répété face à Saint-Trond et à Westerlo mais sur le long terme, cela peut être un sacré atout.

La mentalité

Avec Yannick Ferrera, les Standardmen ont la rage, voire un petit peu trop, comme en atteste un nombre de cartes rouges trop élevé. Depuis sa ligne de touche, il sait booster ses hommes, les secouer lorsque c’est nécessaire. Il est également capable de réveiller certains cadres endormis, comme Adrien Trebel, le patron de la ligne médiane, Corentin Fiore, épatant depuis plusieurs semaines, et Matthieu Dossevi. Tous ces joueurs semblent prêts à aller à la guerre grâce au discours conquérant de leur commandant.

Les résultats

Ce paramètre peut sembler étonnant au vu du classement actuel du Standard, mais il est, tout de même, parvenu à placer son club en finale de la Coupe de Belgique. Une victoire lui permettrait de décrocher un ticket pour la prochaine Coupe d’Europe et de contenter son président, désireux de collecter un titre tous les deux ans. Sans oublier que les playoffs 1 ne sont pas encore définitivement perdus…

La continuité

Ce Standard a besoin de calme, de continuité pour atteindre ses objectifs. Même s’il est très ambitieux - il ne s’en cache pas -, Yannick Ferrera sait qu’il a besoin de résultats pour faire décoller sa carrière et pourrait prolonger son séjour en bord de Meuse… s’il en a la possibilité. Ensemble, les deux entités pourraient atteindre leurs objectifs communs.

Jamais le même onze deux fois de suite

Certains supporters lui reprochent ses trop nombreux changements.

La semaine dernière à l’entraînement ouvert, certains supporters soulignaient les trop nombreux changements dans les compositions d’équipe de Yannick Ferrera. En plus d’un bilan chiffré défavorable, c’est un point négatif à mentionner dans le chef du Bruxellois .

Le bilan chiffré

Un entraîneur - et Yannick Ferrera le sait - est malheureusement jugé sur ses résultats. Indépendamment du fait que le technicien a réalisé de belles choses depuis son arrivée, le bilan chiffré est implacable : 27 points sur 60. Neuf défaites, trois nuls et huit victoires pour 30 buts concédés et seulement 26 inscrits. Des chiffres qu’on ne peut entièrement imputer au début de saison délicat.

"Pour passer, on doit encore prendre vingt points" , précisait-il alors qu’il restait dix matches de championnat. Six rencontres après, on est loin du compte puisque le Standard n’a pris que neuf unités.

Les changements

Après son arrivée, Yannick Ferrera a dû prendre le pouls de son vestiaire et procéder à une batterie de tests. Quelques semaines après son arrivée, le T1 parlait encore de "match de préparation." Aujourd’hui, ce temps est révolu. Son effectif, il le connaît très bien et a été renforcé lors du mercato hivernal. Mais ce n’est pas pour autant qu’il a arrêté de modifier son onze de base : il n’a jamais aligné le même onze deux fois de suite en championnat (il a également dû faire face aux suspensions et blessures). De la tribune, certains joueurs passaient la semaine suivante sur la pelouse.

Face à Gand, par exemple, il surprenait en titularisant Emond alors que Santini, même s’il n’avait pas marqué, avait été convaincant le match précédent en Coupe contre Genk. Lors du match aller contre Westerlo, sa décision d’écarter Santini, Knockaert et Van Damme posait également question.

Slavojub Muslin, le dernier T1 viré, à un bila de 46,67% contre 45% pour Yannick Ferrera.

Robert Waseige: "Il faut lui laisser un petit peu de temps"

"Pour moi, il ne faut pas envisager une fin de collaboration entre les deux parties. Chaque entraîneur peut être quelque peu troublé par l’enchaînement des rencontres et le mercato hivernal. Cette dernière donnée a obligé Yannick Ferrera à revoir sa copie, élaborer une nouvelle stratégie. Le problème, c’est qu’à l’heure actuelle, les coaches n’ont plus suffisamment de temps pour mettre en place leurs plans, notamment à cause de playoffs qui stressent les dirigeants. Selon moi, il faut donc être patient avec lui et le laisser en place, même s’il ne se qualifie pas pour les playoffs 1 ou ne gagne pas la Coupe de Belgique. "

Il fallait bien un buteur

Le Standard a essayé d’attirer un attaquant durant le mercato hivernal. Sans succès alors que c’était nécessaire…

Le Standard a réalisé un joli mercato hivernal, mais il lui a manqué un petit quelque chose. La direction aurait aimé attirer un attaquant, mais cela n’a pas abouti. Et cela pourrait coûter cher au décompte final. Avec un vrai buteur en leurs rangs, les hommes de Yannick Ferrera n’auraient sans doute pas concédé deux défaites lors des deux derniers matches. Contre Saint-Trond, les Rouches avaient eu pas mal de situations dangereuses en fin de match. Mais Benjamin Tetteh, notamment, avait galvaudé devant le but de William Dutoit. Malheureusement pour lui et son équipe, le jeune attaquant ghanéen a remis cela à Westerlo.

Jusqu’à maintenant, on pouvait imputer ce manque d’efficacité offensive au système. Souvent isolé en pointe, l’attaquant (Ivan Santini la plupart du temps, Renaud Emond contre Gand) n’était pas mis dans les meilleures conditions pour inscrire des buts. Sa mission était plutôt de (beaucoup) travailler pour faire jouer ses coéquipiers, ce qui amenait un manque de fraîcheur et donc de lucidité face au but.

Mais dimanche , Yannick Ferrera avait opté pour un système avec deux attaquants. Santini devait décrocher et Tetteh devait amener de la profondeur. Cela a débouché sur quelques situations dangereuses mais pas sur des buts vu le manque de réalisme. Il est clair qu’il manque un buteur au Standard. Au vu des stats des attaquants (sept buts pour Santini, deux pour Emond, un pour Tetteh…), le problème n’est pas neuf, mais il n’a pas été solutionné durant le mercato.

Reste éventuellement les solutions internes, mais est-ce une bonne idée de lancer un jeune (comme Mmaee, Cuypers ou Okita) dans le contexte actuel ? En plein sprint final, sans doute que non. Mais la donne sera différente si le Standard joue… les playoffs 2.