Van Crombrugge: "Un jour, je rejouerai peut-être au Standard"
Le gardien d’Eupen, Hendrik Van Crombrugge, revient sur son été mouvementé et l’intérêt du Standard qu’il retrouvera ce samedi
- Publié le 30-08-2018 à 07h55
- Mis à jour le 03-09-2018 à 12h45
Le gardien d’Eupen, Hendrik Van Crombrugge, revient sur son été mouvementé et l’intérêt du Standard qu’il retrouvera ce samedi.
Une victoire en quatre défaites lors des cinq premières journées de championnat : la situation sportive d’Eupen n’est pas idéale mais le club ne change pas ses habitudes pour autant. Les joueurs viennent de boucler leur entraînement matinal lorsque Hendrik Van Crombrugge nous invite à patienter dans une loge où l’ensemble du groupe va prendre son repas. Des coutumes bien différentes de celles des clubs habitués à jouer les premières places et qui reflètent bien que l’entité germanophone n’entend pas perdre son image malgré ce début de campagne difficile.
Le gardien eupenois a également joué l’ouverture pendant près d’une heure en revenant sur un été qui aurait pu (dû) lui permettre de tester son talent un cran plus haut. Et notamment au Standard, qu’il retrouvera ce samedi après-midi.
Hendrik, vous avez passé trois années à l’académie Robert Louis-Dreyfus. Ce match reste-t-il particulier pour vous ?
"Bien entendu. Je raconte souvent à mes équipiers, et surtout aux étrangers, qu’il est impossible de se débarrasser de l’ADN rouche lorsqu’on y a touché une fois. C’est une sorte de virus ou de microbe, mais dans le sens positif du terme, qui continue à couler dans nos veines. C’est un club unique en Belgique car il y a une relation particulière entre les joueurs et les supporters. Elle peut être tendue lorsque les résultats ne suivent pas, mais les fans ne lâcheront jamais leurs couleurs."
Vous comprenez donc que plusieurs anciens joueurs soient revenus au Standard ces derniers mois ?
"Ce club, malgré sa dimension nationale, est resté familial. Il y a eu beaucoup de changements au niveau de la direction et des joueurs mais les collaborateurs, c’est-à-dire les responsables du matériel, les kinés et les fans, n’ont pas changé. Ce sont également eux qui font le Standard et je pense que c’est un facteur décisif pour les joueurs qui reviennent à Sclessin, car ils connaissent encore tout le monde."
Revenons sur les conditions de votre départ du Standard, qui ont été assez particulières.
"Pierre François était encore le directeur général et avait téléphoné à mes parents pour que je signe mon premier contrat professionnel. Un rendez-vous a été fixé mais il a été reporté à deux ou trois reprises, sans qu’on nous donne de réelle explication. Une semaine plus tard, nous avons appris que Roland Duchâtelet avait racheté le club et nous avons tout de suite compris pourquoi je n’avais pas paraphé mon contrat. Si les D’Onofrio étaient restés, j’aurais prolongé mon séjour au Standard de quelques années. À l’époque, Dominique travaillait à l’académie et il me disait qu’en continuant à travailler avec une bonne mentalité je serais le prochain gardien du centre de formation à être titulaire en équipe première."
La percée de Guillaume Hubert vous a certainement laissé quelques regrets…
"Oui, c’est vrai que cela aurait pu être moi. J’y ai un petit peu pensé, mais pas trop longtemps sinon cela aurait pu avoir une répercussion négative sur ma progression. Finalement, je suis arrivé à Eupen, où j’ai pu accumuler de nombreux matches et travailler avec un excellent coach des gardiens, Javier Ruiz."
Entrons dans le vif du sujet : on a souvent cité votre nom au Standard cet été. Avez-vous discuté avec les dirigeants ?
"Personnellement, je n’ai jamais négocié avec un dirigeant du Standard mais je sais que je figure sur la liste du club… comme c’est le cas dans d’autres formations du Top 6 . Mais moi, ce que je veux, c’est décrocher mon transfert et être le numéro un, pas seulement figurer sur une liste. Maintenant, si des dirigeants du Standard pensent que je suis un bon gardien, ça me motive encore plus à travailler."
On imagine que vous avez suivi avec beaucoup d’attention l’évolution des négociations entre Naples et Guillermo Ochoa…
"Oui, je l’ai suivie car j’étais souvent cité comme un potentiel remplaçant, au même titre qu’un gardien turc (Erce Kardeşler). Mon agent avait des contacts avec Olivier Renard, mais je le répète, moi, je n’en ai jamais eus. Mais, un jour, je rejouerai peut-être au Standard."
Comment avez-vous géré cette période durant laquelle on vous a envoyé dans tous les clubs du Top belge ?
"J’avais deux options : soit réagir à chaque mauvaise information, mais c’est pratiquement impossible, soit raconter la vraie version lors d’une interview. Il y a quelques semaines, j’ai même eu l’impression qu’un journal flamand s’était moqué de moi en disant qu’il y avait eu beaucoup de bla-bla de ma part mais qu’au final j’étais encore à Eupen. Mais je n’ai jamais dit que j’allais signer dans tel ou tel club, c’est la presse qui a fait du bla-bla."
Il y a quand même eu de bonnes informations ?
"Oui. Par exemple ? Anderlecht a bien contacté mon agent, tout comme le Standard et La Gantoise. Je me suis bien assis à table avec Monsieur Mannaert (Bruges) mais l’affaire n’a pu se conclure. Mais, à un moment, j’ai lu que j’avais trouvé un accord avec Anderlecht, alors que cela n’a jamais été le cas."
Mais le Sporting était vraiment intéressé par vos services.
"La saison passée, Luc Devroe était dans la tribune d’Ostende lors du match face à Eupen. On m’a alors dit que mon futur directeur sportif était présent, mais je ne savais même pas de qui il s’agissait. Pour moi, sa présence n’avait rien d’étonnant car il travaillait à Anderlecht et devait trouver les meilleurs joueurs pour son club. Juste pour rappel, Milic était également titulaire et aujourd’hui il joue au Sporting. Par la suite, j’ai quand même appris que c’était le premier match durant lequel Monsieur Devroe suivait des joueurs pour Anderlecht et qu’il m’avait regardé tout spécialement."
On a aussi dit que vous aviez refusé Anderlecht car vous vouliez absolument signer au Standard.
"On m’a simplement demandé s’il était vrai que plusieurs clubs belges étaient intéressés et j’ai répondu qu’il y avait des formations intéressantes du Top 6 comme Anderlecht ou le Standard. Et après, on a dit que je privilégiais un club par rapport à un autre. Un agent m’a même dit que je devais faire attention à ce que je déclarais dans la presse car Luc Devroe avait vu passer cette déclaration. Que je n’avais pas prononcée…"
Avez-vous eu aussi des pistes à l’étranger ?
"Je sais qu’il y a eu des contacts avec Strasbourg, qui a finalement préféré prendre Matz Sels. Il a fait un bon choix car c’est un bon club dans une compétition relevée. Il y a eu des discussions concrètes avec Sassuolo mais cela n’a pas pu se concrétiser. Je sais que le club italien est encore intéressé et ce n’est pas parce que cela a capoté cette fois-ci que c’est mort pour toujours."
Êtes-vous certain d’être encore à Eupen samedi, lors du match face au Standard ?
"Il y a 100 % de chances que je sois là. Enfin, 99,9 % de chances."
Quand avez-vous fait le deuil d’un transfert ?
"Au tout début de la semaine du match contre la Gantoise, il y a quinze jours donc."
Donc juste quand le mercato italien s’est clôturé ?
"Oui, j’avais une option concrète en Italie (NdlR : Sassuolo) et quand le marché s’est fermé là-bas, j’ai décidé de me concentrer à 100 % sur Eupen."
"Eupen était ma dernière chance"
Il a appartenu à une grande génération au Standard mais peu ont percé au haut niveau
Hendrik Van Crombrugge a appartenu à une génération prometteuse au Standard. "On nous appelait même la génération dorée car sept joueurs de notre groupe étaient en équipe nationale", souligne-t-il. "Mais le talent ne suffit pas tout le temps et, au final, très peu de jeunes ont percé. Il y avait Dolly Menga, Franco Zennaro, Faycal Rherras, Jordan Feltesse, Dylan Biersard, Nicolas Delporte ou encore Michaël Lallemand."
À l’époque, un certain… Michy Batshuayi n’était même pas certain de sa place. "Michaël Lallemand était notre attaquant numéro un mais, lorsqu’une place s’est libérée en espoirs puis en équipe première, à cause de plusieurs blessures, lui aussi était à l’infirmerie et c’est Michy qui a reçu sa chance et l’a bien saisie."
La difficulté de cette génération à s’imposer au plus haut niveau a pu poser question. "Ce n’est jamais bon qu’un jeune soit trop vite considéré comme un grand talent. Les meilleurs sont trop vite mis dans un cocon mais, par la suite, il est difficile de leur apprendre à se faire mal. Personnellement, j’ai eu la chance de pouvoir compter sur des parents qui ont toujours considéré le football comme un loisir et pas comme un travail. Et lorsque je m’envolais un petit peu, ils savaient me faire retomber sur terre."
Pourtant, il a connu les pires difficultés à se faire une place chez les professionnels. "Après le Standard, je suis allé à Saint-Trond et j’ai passé six mois dans le noyau C puis je suis resté six autres mois sans club. Eupen était ma dernière chance. J’y suis venu avec un contrat de 1.300 euros par mois mais j’ai compris que je devais bosser pour avoir une chance de réussir."
"J'étais ramasseur de balles contre l'AZ"
C’est une tradition, les joueurs du centre de formation sont souvent conviés à endosser le rôle de ramasseur de balles lors des matches de l’équipe première. "Cela m’est arrivé à trois reprises sur la scène européenne lorsque j’étais encore au Standard", dit l’ancien produit de l’académie Robert Louis-Dreyfus. "J’étais en bord de terrain lors des réceptions de l’AZ, Hambourg et Arsenal. Face aux Anglais, je devais même tenir un grand drapeau dans le rond central lors de la montée des joueurs sur le terrain… et cela m’a fait rater le 1-0 car je n’étais pas arrivé assez vite à ma place." L’émotion a encore été plus grande face aux Néerlandais. "Ah, ce but de Bolat ! J’étais de l’autre côté du terrain mais, après sa reprise de la tête, le gardien a couru vers son but et je l’ai donc vu de près. Ce fut un moment incroyable, un gardien ne peut rêver d’un plus beau scénario. Je l’ai toujours aimé car c’est un gardien très élégant."