Pourquoi le public de Sclessin adore détester Mehdi Bayat
"Mehdi Bayat, on va tout casser chez toi" : voici pourquoi cette chanson est née dans les tribunes du Standard
- Publié le 18-05-2018 à 07h50
- Mis à jour le 18-05-2018 à 07h53
"Mehdi Bayat, on va tout casser chez toi" : voici pourquoi cette chanson est née dans les tribunes du Standard. "Mehdi Bayat, on va tout casser chez toi". Cela fait quelques semaines que les supporters du Standard entonnent ces quelques paroles dans les tribunes. Cela fut le cas juste après la nette victoire contre Genk, alors que les Liégeois affrontaient Anderlecht quatre jours plus tard, mais aussi au stade Constant Vanden Stock, lors des dernières secondes de la rencontre.
Ce chant, largement inspiré de celui créé par les supporters de Marseille à l’encontre de Jean-Michel Aulas, démontre bien que l’administrateur-délégué carolo est devenu la nouvelle cible du public principautaire, lui qui manquait quelque peu de têtes de Turc depuis de trop nombreux mois. Mehdi Bayat l’avait certainement compris à la fin du mois de mars, lorsqu’il s’est rendu à Sclessin lors de la première journée des playoffs. Quelques banderoles lui étaient directement adressées, comme les chants l’invitant à danser avec l’ensemble du public.
Ce phénomène n’est pas né par hasard. Plusieurs déclarations de l’homme fort du Sporting ont eu l’art d’égratigner l’ego des Standardmen.
À cette époque, le Standard est déjà assuré de ne pas disputer les prochains playoffs pour le titre et l’avenir d’Aleksandar Jankovic est pratiquement scellé. Comme souvent, l’intérêt des dirigeants liégeois pour Felice Mazzù revient à la surface, mais Mehdi Bayat ne voit pas en quoi ce transfert pourrait intéresser son entraîneur. "Allez, sérieusement… Avec tout le respect que j’ai pour ce club, je ne crois pas que ce serait une ascension pour Felice. Qu’est-ce qu’il irait faire là-bas, franchement ?", questionne-t-il.
Cette réponse laisse sous-entendre que le Standard ne représente pas un palier supplémentaire pour un entraîneur. Certes, Charleroi réalise de meilleures performances à ce moment bien précis mais l’administrateur-délégué oublie que l’entité liégeoise représente plus de pression, plus de passion et, surtout, une plus belle vitrine pour n’importe quel coach.
Quatre mois plus tard, il est un petit peu revenu sur ses propos. "Vraisemblablement, il aurait refusé une proposition du Standard et c’est tout à son honneur", disait-il.
Charleroi vient tout juste de se qualifier pour les playoffs 1, tandis que le Standard doit se contenter, pour la deuxième année consécutive, d’une place en dehors du Top 6. Ce qui semble faire saliver Mehdi Bayat. "La ville de Charleroi est en train de renaître de ses cendres. La première ville francophone de Belgique peut se vanter ce soir d’avoir en son sein le premier club wallon."
Il est difficile de lui donner tort sur ce point car, partout dans le pays, le Standard était moqué pour ses résultats et, surtout, sa gestion, perturbée par une lutte entre Olivier Renard et Daniel Van Buyten. Charleroi donnait, à juste titre, l’image du bon élève, occupé à grandir sereinement au sud du pays et à séduire de l’autre côté de la frontière linguistique. Tous les analystes flamands conseillaient même au Standard de s’inspirer de l’exemple carolorégien !
Cette petite phrase a remué les supporters liégeois, touchés dans leur fierté mais qui pouvaient toujours se réfugier derrière un palmarès bien plus fourni. Mehdi Bayat l’a parfaitement compris, comme l’attestent des déclarations enregistrées en mars de cette année. "Le Standard a une histoire et un palmarès que nous n’avons pas aujourd’hui. Ce qui est une réalité, c’est que Charleroi devance les Liégeois sur les trois dernières années, sportivement parlant."
Celle-là, les supporters ne l’ont jamais oubliée, surtout lorsque leurs joueurs ont soulevé le trophée, le 17 mars dernier. "J’en rêve tous les jours. Entre une deuxième place finale en championnat et une victoire en Coupe, mon choix est d’ailleurs vite fait : la Coupe ! Cela fait 115 ans que ce club attend un trophée et je pense que cette année, nous avons l’effectif pour y parvenir."
Lors de la première journée des playoffs, ils l’ont prouvé en dévoilant quelques banderoles directement créées pour l’homme fort de Charleroi : "Bayat, ton objectif n°1 est pour le meilleur club wallon." Le club avait, lui aussi, décidé de faire passer un message en offrant un tour d’honneur à ses joueurs en compagnie du trophée… notamment devant la tribune réservée aux supporters hennuyers.
Cette compétition retient toute l’attention de Mehdi Bayat mais les Liégeois ont tout fait pour briser son rêve en la remportant deux fois lors des trois dernières éditions. "Mehdi, en rêver c’est bien, la gagner c’est mieux", pouvait-on également lire dans les tribunes des groupes d’animation.
Cette taquinerie n’est pas près de disparaître car Charleroi fera, dès la saison prochaine, une priorité absolue de cette Coupe de Belgique. Un tournoi qui ne se joue pas, mais qui se gagne...
"Le Standard ? Avec tout le respect que j’ai pour ce club, je ne crois pas que ce serait une ascension pour Felice Mazzù."
"La première ville francophone de Belgique (Charleroi) peut se vanter ce soir d’avoir en son sein le premier club wallon."
"La Coupe, j’en rêve tous les jours. Cela fait 115 ans que ce club attend un trophée et je pense que cette année, nous avons l’effectif pour y parvenir."
"Mehdi Bayat s’est senti pousser des ailes"
Du côté de la Famille des Rouches, on pointe les provocations de Bayat du doigt.
À quelques heures du Choc wallon entre le Standard et Charleroi, la présidente de la Famille des Rouches Magali Pignolet parle de la rivalité entre les deux clubs.
Pourquoi Mehdi Bayat est-il devenu la cible des supporters du Standard ?
"C’est lui le premier qui a dit qu’il voulait jouer l’Europe et gagner la Coupe. Il a été clair, il a affiché ses ambitions et maintenant il a le revers de la médaille. En plus il va jouer sa qualification européenne contre nous. Il a commencé à nous titiller en disant qu’il était le premier club wallon."
Et ce n’est pas le cas ? Charleroi n’est pas devenu un rival sportif ?
"Mais absolument pas. Ce n’est que mon avis, mais ils ont encore du chemin à parcourir pour être un vrai rival sportif. Ils ont fait une bonne saison mais cela s’arrête là.
Pourtant, Charleroi a progressé et Mehdi Bayat fait du bon travail.
"Il a une belle vision, peu importent ses moyens. Mais c’est vrai qu’on aime bien s’en prendre à lui, pas aux joueurs ni à l’entraîneur. C’est parce qu’il parle beaucoup, il fait beaucoup de bruit. Je pense qu’après le début de saison de Charleroi, il s’est senti pousser des ailes car son club était à la deuxième place.
Et il ne pouvait pas ?
Si, bien sûr, et nous de notre côté on ne pouvait rien revendiquer car le début de saison était catastrophique. Est-ce qu’il pensait vraiment ce qu’il disait ? Je ne sais pas, mais maintenant on verra ce qu’il dira quand Charleroi sera à la sixième place, car je pense que nous allons gagner ce dimanche."
En espérant un match correct dans les tribunes ?
"Oui, je suis persuadée que ce sera le cas. Il y a une ambiance bon enfant et les vrais supporters du Standard ne sont pas ceux qui cassent ou qui ne respectent pas l’adversaire."