Les deux anciens clubs de Wamberto s'affrontent mardi: "La différence entre le Standard et l’Ajax ? Le palmarès !"

C’est qu’il entretient sa forme, Wamberto ! Il est onze heures. Par un matin couvert d’août. C’est le monde à l’envers ! La température est aujourd’hui plus élevée en Belgique qu’ici, dans le nord du Brésil. Une région où un éternel été brûle les terres. Mieux, il y a un peu d’orage dans l’air et l’humidité dépasse les 70 %.

L’ancien feu follet du RFC Seraing et du Standard partage sa vie entre les deux pays. Pour le moment, il retape une ferme, dans la grande périphérie de Sao Luis.

"C’est du boulot, mais ça vaut le coup", dit-il.

Wambi a toujours été un sage. Même plus jeune, il faisait figure de référence aux yeux des autres Belgo-Brasileiros. Il a sauvé Isaias de la déchéance. Il a prodigué de bons conseils à Dinga, Rubinelson ou Edmilson, puis, plus tard, à Carlos Alberto et Michel Garbini. Il est même parvenu à calmer le Portugais Sergio Conceiçao quand celui-ci grimpait dans les tours. C’est tout dire !

Edmilson… Le sujet est lancé. Il parle du fils évidemment, pas du père qui fut son équipier.

"Je trouve regrettable que Junior soit parti. Il apportait beaucoup au Standard. Lors des playoffs, on l’a vu progresser de manière incroyable. Évidemment, je peux comprendre que financièrement il cherche à mettre toute sa famille à l’abri du besoin. Pourtant, je ne peux m’empêcher de penser qu’une autre destination, avec un bon projet global, aurait été préférable. Heureusement, il est jeune et a l’avenir devant lui."

Wamberto de Jesus Souza Campos suivra à distance l’affrontement qui opposera mardi ses anciens employeurs : le Standard et l’Ajax, qui s’affrontent pour continuer leur route en Ligue des Champions. Ne lui demandez pas qui il préfère. Ce serait le mettre en difficulté. D’Amsterdam et de Liège, il conserve d’excellents souvenirs. Ceux-ci n’excluent pas la lucidité.

"Ce qui différencie vraiment le Standard de l’Ajax ? Simple. Le palmarès. Ajax possédait en son temps (NdlR : les années 70) la meilleure équipe du monde. Il a gagné quatre Coupes des Champions, la Coupe des Vainqueurs de Coupe, la Coupe de l’UEFA, des Supercoupes d’Europe et deux Coupes Intercontinentales. C’est incroyable. Une telle domination l’a fait connaître et respecter dans le monde entier. Ah ! une Coupe d’Europe… Voilà ce qui a manqué au Standard. Il s’en est fallu de peu. Je sais que les Rouches sont parvenus plusieurs fois en demi-finale. Puis il y a eu la finale à Barcelone, contre le Barça en 1982. Sans doute qu’avec un brin de chance, à l’un ou l’autre moment de leur histoire, ils auraient ramené un trophée à Sclessin. Malheureusement, tel ne fut pas le cas."

L’Ajax Amsterdam , c’est aussi un remarquable éleveur de champions. De Cruyff à Van Basten, en passant par Neeskens, Rijkaard, Bosman et tant d’autres, on ne compte plus les têtes couronnées du foot qui ont endossé la célèbre vareuse blanche barrée verticalement de rouge. Même le Zlatanesque buteur-héros suédois est passé par là.

"Avant l’arrêt Bosman, les stars restaient à la maison. Elles y passaient en tout cas la plus grande partie de leur carrière, analyse Wambi. Ce qui explique la suprématie européenne et même mondiale de l’Ajax durant des années. Après l’arrêt Bosman, tout a changé. L’Ajax formait toujours autant de bons jeunes, ou il en recrutait, mais ceux-ci partaient très vite. Le plus bel exemple vient d’être à nouveau offert par Justin Kluivert. À 19 ans, il s’en va rejoindre l’AS Roma. Une participation à la Ligue des Champions revêt une importance cruciale. Pas de bol pour le Standard…"

Depuis quasiment un demi-siècle, l’Ajax est cité à titre d’exemple. Les Néerlandais sont des précurseurs. Quand dans les clubs chaque entraîneur de gamins faisait comme bon lui semblait, à Amsterdam, les responsables traçaient une ligne de conduite. Cela fait des décennies qu’au bord de l’Amstel toutes les formations ajacides évoluent de manière identique.

À cet égard, Wamberto se souvient d’une anecdote parlante.

"L’Ajax, c’est toujours un 4-3-3, avec deux ailiers et un avant-centre. Quand il a repris l’équipe première, Ronald Koeman a voulu changer cette disposition. Il est passé à un 4-4-2 qui ne représentait aucunement l’ADN du club. Personne n’y a adhéré. Surtout pas les supporters qui se sont mis à manifester lors de chaque sortie. Il y avait comme une sorte de frustration. L’Ajax doit toujours jouer pour gagner. Cette modification donnait l’impression que l’on cherchait davantage de prudence. Je vous le donne en mille : Koeman a été obligé de modifier ses batteries et de revenir à un 4-3-3 classique."

Au moins, à ce niveau, les Standardmen savent à quoi s’en tenir. Reste qu’un schéma, c’est théorique. Ce qui importe, c’est l’animation, le replacement, les lignes de course.

Anversois d'adoption

Si Wamberto a investi dans les briques à Maranhao, sa résidence ne setrouve nullement aux Pays-Bas, mais bien en Belgique. Et pas à Liège, à Anvers !

Explications : "En 2010 et sans grande publicité, j’ai été engagé par le Beerschot. Le club voulait me donner du boulot au niveau de son école de jeunes. J’y suis resté quelques années et j’ai donc décidé d’acheter une maison dans la banlieue anversoise."

Suite à son passage à l’Ajax, de 1998 à 2004 et ensuite à Almere City puis à Wilrijk, l’ancien international Espoirs brésilien a peaufiné ses connaissances en néerlandais. Il le parle couramment, tout comme le français.

Père modèle et globe-trotter

Quel est le boulot de Wamberto aujourd’hui ? Il n’est pas devenu manager, agent de joueurs. Mais son occupation principale concerne la gestion de carrière de deux pros.

"Je me consacre exclusivement à mes fils. Je les suis, je travaille pour eux, je les accompagne. Danilo (28 ans), qui est passé par le Standard, évolue dorénavant en Turquie, à Antalyaspor. Wanderson (23 ans) après avoir fait ses gammes au Beerschot et au Lierse défend les couleurs de Krasnodar, en Russie."

Les deux sont attaquants.

"La Turquie, la Belgique, la Russie, vous comprendrez que cela demande du temps et un certain investissement", sourit Wambi.