Finale de la Coupe de Belgique: "Il faut mettre fin aux chants anti-wallons"

Pourtant, retrouver le Racing Genk lors d’une rencontre décisive permet de pouvoir effacer des épisodes douloureux du passé. "Ils nous ont souvent privés de bons moments. Il y a d’abord eu le test-match en 2005, l’Europe nous filait sous le nez. Ensuite, ils nous ont battus en finale de la Coupe, avant le triste match pour le titre en 2011. Ce jour-là, ils sont champions à cause d’une erreur d’arbitrage. Cette faute sur Carcela a été le tournant du match, je suis d’ailleurs certain que Mehdi s’en souvient encore. Il faudrait afficher les images dans le vestiaire pour motiver encore plus les troupes."

Créé en 1999, The Red Bull Dogs a vécu de beaux moments, comme les deux titres de champion de Belgique il y a maintenant 10 ans, mais en Coupe il n’y a qu’un seul match qui compte : "Je ne veux pas manquer de respect à Westerlo, mais gagner une finale contre le Club Bruges c’est autre chose. Nous n’étions nulle part cette année-là, les playoffs 1 étaient loupés et nous avons joué notre saison sur un seul match. Il ne faut pas oublier que quelques semaines plus tard, les Brugeois remportaient le titre."

À propos de titre, est-ce que celui de cette année est encore accessible pour les Rouches ? "Je ne pense pas, il y a 12 points de retard sur Bruges et c’est beaucoup. Par contre, nous pouvons viser la deuxième place et donc la Ligue des Champions. Ce serait du bonus pour nous, car même si on est éliminé au tour préliminaire, on reviendrait dans les poules de l’Europa League. Même en cas de victoire en finale, l’équipe aura faim et voudra montrer qu’elle est de retour. Ils ne vont pas balancer la fin de saison".

En tant que néerlandophone et supporter du Standard, Eddy est par contre touché par ce qu’il peut entendre dans les tribunes. "Quand j’entends certains chanter ‘Et les Wallons, c’est du caca’ , cela me met mal à l’aise. Moi, je n’ai jamais eu le moindre problème avec les francophones ni à Sclessin ni ailleurs. Ceux qui chantent cela ferait mieux de faire les kilomètres qui les séparent des personnes qu’ils insultent pour faire connaissance avec eux. Quand je vois encore ce que certains ont dit après la relégation de Malines, en exprimant leur volonté de diviser le pays, ça m’attriste. Il faut y mettre fin et certains doivent prendre leurs responsabilités"

Eddy sera aux premières loges pour ce duel entre son cœur liégeois et ses racines limbourgeoises, tout comme les 450 autres supporters répartis dans les 9 cars qui partiront de Borgloon samedi après-midi.

"Ne me parlez même pas de Genk"

Le Standard fait battre les cœurs jusque dans le Limbourg, où Genk et STVV ne font pas l’unanimité

Selon certaines estimations, il y aurait plus ou moins 30 % de supporters néerlandophones dans les travées de Sclessin, dont la majorité proviendrait du Limbourg. Samedi, ils vivront à nouveau un match particulier à l’occasion de la finale de la Coupe, où quand leur club de cœur rencontre le club de leur région natale. Pour les plus anciens, c’est un certain Eric Gerets qui a montré la voie. "J’étais adolescent, à peine plus jeune que lui, quand il a joué pour la première fois pour le Standard. C’était au début des années septante", se souvient Rudy, un Limbourgeois abonné au Standard depuis plus de 30 ans. "C’était le petit gars de chez moi qui jouait pour le plus grand club du pays, j’écoutais tous ses matches à la radio. La saison suivante, je suis allé à Sclessin pour assister au match contre Beringen. Ma famille n’avait pas de voiture, alors avec un ami nous sommes allés au stade en vélo. Ce jour-là, je suis tombé amoureux du Standard et de sa ferveur."

Si le cœur a ses raisons que la raison ignore, on pourrait se demander pourquoi tant de Limbourgeois se déplacent en bord de Meuse lors de chaque match des Rouches. Sven, 31 ans, avance plusieurs explications. "Il y a toujours eu beaucoup de joueurs limbourgeois au Standard : Plessers, Gerets, et dernièrement Geraerts. Nous nous identifions à eux. Nous avons la même mentalité que les Liégeois : nous voulons voir notre équipe se battre, puis après on aime boire un bon petit coup (rires) ."

Le Limbourg est pourtant bien représenté en Pro League, avec Genk et Saint-Trond. "Genk, il ne faut même pas m’en parler. C’est un club monté de toutes pièces par des gens qui voulaient faire de l’argent. Saint-Trond ? Avant, le stade n’était qu’une prairie où les tribunes ressemblaient à des cages à poule. Maintenant, c’est un club japonais qui n’a plus d’âme. Je suis juste content quand ils battent Anderlecht ou Genk."

Samedi, Sven sera au stade Roi Baudoin, avec le peuple rouche, mais sans ses amis : "Mes amis d’enfance sont supporters de Genk. Si le Standard gagne, je dois payer une pizza et pour la première fois de ma vie j’ai envie de les inviter à dîner. Je n’ai toujours pas digéré le match du titre en 2011 et je veux prendre ma revanche et retrouver l’Europe."

Au final, il y aura des Limbourgeois souriants, reste à savoir dans quel camp.