Djenepo a ébloui de sa classe le premier match de la saison: "Il peut devenir le Ballon d’Or africain"
Buteur face à Gand pour sa première titularisation, Moussa Djenepo a fait le bonheur de ses proches au Mali.
- Publié le 31-07-2018 à 10h16
Buteur face à Gand pour sa première titularisation, Moussa Djenepo a fait le bonheur de ses proches au Mali. "Ce but devant mon public, je l’attendais depuis longtemps." La joie est à la hauteur de l’attente dans le chef de Moussa Djenepo. Le Malien de 20 ans n’est pas près d’oublier sa titularisation vendredi dernier contre Gand, la toute première depuis son arrivée en Europe.
En laissant éclater sa liesse la semaine dernière, Mousa Djenepo n’aura certainement pas manqué de penser à tout le chemin qu’il a parcouru depuis ses débuts dans son village de Mopti situé au bord du fleuve Niger jusqu’à ce premier but à Sclessin.
"Moussa était ému, tout comme il l’a été la saison dernière après son but capital à Ostende, nous précise Bam’s, son meilleur ami basé à Bamako. Moussa, je l’ai vu grandir et évoluer. On s’est connu dans le petit club de Mopti dont mon père était propriétaire, et son papa, ancien footballeur au Mali, en était le coach."
Tout jeune déjà, le petit Moussa en imposait de par sa technique et sa vivacité. "Il aimait les passements de jambe à la brésilienne (rires). La particularité de Moussa, c’est surtout qu’il n’avait pas froid aux yeux. Vu qu’il avait du talent, il était souvent repris pour jouer contre des joueurs plus âgés que lui. Tout le monde se déplaçait alors pour le voir car, sans cesse, il créait de nouveaux gestes."
Fils d’un ancien footballeur malien, Moussa Djenepo avait la voie toute tracée. À Mopti, son village natal, tous les enfants s’adonnaient à la pêche. Mais Djenepo, lui, n’a jamais mis un pied dans l’eau, préférant s’en servir pour taper le ballon.
C’est donc tout logiquement qu’un jour, Djenepo est repéré.
"J’ai connu Moussa lors d’une journée de détection à Mopti dans le cadre du projet Aspire . Il m’avait tout de suite tapé dans l’œil avec ses qualités de percussion et de dribble. Il n’avait que 14 ou 15 ans. Il prenait le ballon et filait tout droit au but. Il m’a directement rappelé l’ancien international, Salif Keita (NdlR : qui a planté 125 buts à Saint-Étienne de 1966 à 1972)", nous précise celui qui a été le premier à déceler le talent du Standardman, Mamadou Sylla, qu’il considère comme son père spirituel.
"Deux mois plus tard, je me suis souvenu de lui et j’ai pris contact avec le club de Mopti pour voir s’il était possible d’aider ce jeune à progresser et de le faire venir dans notre club de Lakika à Bamako. Le club en a référé à ses parents qui ont marqué leur accord. Mais il y avait une condition : que Moussa réussisse à l’école."
Moussa Djenepo a alors quitté son village natal et ses proches pour prendre la direction de la capitale et réaliser son rêve.
"Il était déterminé à réussir autant que je l’étais à l’aider à percer dans le football", poursuit Mamadou Sylla. À Bamako, Djenepo n’a pas oublié la condition posée à son départ de Mopti. "Je l’hébergeais chez moi et, tous les matins, je le conduisais à l’école sur ma mobylette, en haut d’une colline. Ensuite, on allait au terrain pour les entraînements. Moussa a compris que je voulais l’aider et il a redoublé d’efforts."
Djenepo passera deux saisons à Lakika avant de s’engager avec le Yeelen Olympique.
"Notre académie était devenue trop petite pour lui. Le président du Yeelen m’a contacté pour me dire qu’il voulait vraiment Moussa. Je ne pouvais pas dire non. Le fait que Moussa soit aujourd’hui en Europe, ce n’est pas gratuit. Il a cravaché pour en arriver là."
À 20 ans, Moussa Djenepo a encore tout l’avenir devant lui, un futur que ses proches voient en grand. "Il ira très loin, assure son meilleur ami Bam’s. Pour moi, il sera un jour le Ballon d’Or africain." Plus mesuré, Mamadou Sylla est aussi résolument optimiste. "Vu la manière dont il aime le football et sa confiance, je pense qu’il peut aller très, très loin. Tout dépend de lui. C’est le travail qui paye. Il a ce courage et cette abnégation."
92 % de passes réussies
Retour, en chiffres, sur la belle prestation du Malien contre Gand.
À 20 ans, Moussa Djenepo est encore perfectible dans bien des domaines, à commencer par la finition (face à Gand, il loupe une grosse occasion de doubler la mise). Vendredi dernier, le Malien n’a pas toujours eu les bons gestes, sans doute à cause de son excitation extrême de disputer son premier match dans la peau d’un titulaire, à Sclessin qui plus est.
Moussa Djenepo s’en est sorti avec les honneurs, comme le prouvent ces chiffres.
50 % : il a donc tenté sa chance à deux reprises avec la réussite qu’on connaît, à savoir un but mais également un beau loupé.
4 : avec ses accélérations et ses changements de rythme, Moussa Djenepo a fait mal aux Gantois, qui ont dû avoir recours à des moyens illicites pour le stopper. Djenepo a provoqué quatre fautes, soit une de moins que Paul-José Mpoku.
92 % : c’est la statistique la plus satisfaisante pour le milieu de terrain, puisque douze de ses treize passes sont arrivées à bon port. Neuf passes ont été adressées vers l’avant, toutes réussies.
5 : c’est un des domaines dans lesquels il doit encore progresser, Djenepo n’a remporté que cinq duels sur quinze.
Suivi, le Malien restera à Sclessin cet été
Les supporters du Standard ont donc découvert Moussa Djenepo la saison dernière lorsqu’il a été intégré au noyau pro par Ricardo Sa Pinto. Mais le jeune malien est déjà connu des recruteurs de plusieurs clubs européens, et ce depuis plusieurs mois.
Le potentiel de Djenepo est jugé très important aux yeux de nombreux clubs qui, actuellement, suivent ses prestations. Son nom a même été cité du côté de Marseille même si, à l’heure actuelle, le club phocéen ne constitue pas une piste pour le joueur du Standard qui est encore sous contrat à Sclessin pour plusieurs saisons.
Il n’est d’ailleurs pas dans l’intention du joueur de brûler les étapes, et donc de quitter Sclessin dès cet été. Moussa Djenepo se sent parfaitement bien à Liège et au club où il entend bien se faire un nom dans le noyau de Michel Preud’homme.
Djenepo le sait, avec l’Europa League, la Coupe de Belgique et le championnat, ce ne seront pas les occasions de briller qui manqueront cette saison. L’objectif du médian offensif est donc de grappiller un maximum de temps de jeu, et ce à compter de vendredi à Waasland-Beveren où il pourrait à nouveau débuter.
MPH : "Djenepo est un diamant à tailler"
Le coach des Rouches n’a pas hésité à lancer son jeune joueur dans le bain.
Sous Ricardo Sa Pinto, Moussa Djenepo a tout de même pris part à 22 rencontres la saison dernière sans jamais être titularisé une seule fois. Ces 22 apparitions ont contribué à forger le jeune malien qui a pu se faire une idée de ce qu’était le monde professionnel.
Dès son arrivée en mars 2017, Djenepo a été accepté par le vestiaire liégeois. Le Malien a, notamment, pu compter sur le soutien de Réginal Goreux qui l’a pris sous son aile afin de l’intégrer au mieux. Aujourd’hui, Djenepo est bien installé dans le vestiaire liégeois dont il est même la coqueluche grâce à son humour, sa bonne humeur et son autodérision.
Sur le terrain, le médian offensif commence également à se faire respecter. Durant la préparation, Djenepo a assurément été l’un des meilleurs Rouches, un des plus assidus.
"Moussa est un joueur sur lequel nous comptons énormément cette saison. En plus, c’est un bon gamin qui veut apprendre. Je compte vraiment sur lui et nous allons en faire quelque chose" , avait alors déclaré Michel Preud’homme durant le stage à Arnhem.
Après la belle prestation de son joueur face à Gand, Michel Preud’homme a de nouveau été élogieux envers Djenepo.
"Si on l’a pris dans le noyau, c’est parce qu’il a montré des choses intéressantes. On va devoir jouer sur trois fronts cette saison et on aura souvent trois matches par semaine; sans un gros noyau, c’est impossible de faire ce qu’on veut. Moussa est un diamant à tailler."
Michel Preud’homme sait donc comment s’y prendre pour aider son jeune joueur de 20 ans à passer un palier cette saison. Ce dont Djenepo a besoin, c’est de temps de jeu et il pourrait bien en avoir encore vendredi à Waasland-Beveren.