Pourquoi les gardiens français réussissent en Jupiler Pro League: "La formation est plus technique"
Thomas Didillon et Paul Nardi s’affrontent ce dimanche. Soit deux gardiens français qui, à l’instar de Nicolas Penneteau, sont devenus des cadres en Belgique.
- Publié le 15-12-2018 à 14h22
Thomas Didillon et Paul Nardi s’affrontent ce dimanche. Soit deux gardiens français qui, à l’instar de Nicolas Penneteau, sont devenus des cadres en Belgique. "Je ne comprends toujours pas pourquoi Metz s’est séparé de Thomas Didillo n" , s’étonne Christophe Lollichon, directeur de la formation des gardiens à Chelsea et ancien coach de Thibaut Courtois. "C’est un bon gardien. Le problème, c’est qu’en France on ne pardonne pas beaucoup."
Et c’est la Belgique qui profite de cette tendance française à délaisser des gardiens de qualité. Thomas Didillon est un exemple criant de gardien talentueux qui a préféré le chemin belge à une carrière dans son propre pays.
Ce dimanche, le portier d’Anderlecht va croiser un autre homologue français, Paul Nardi, après avoir croisé la route de Nicolas Penneteau, impérial face aux Mauves le week-end dernier.
Si on y ajoute Jean Butez de Mouscron, les Français squattent quatre des 16 places de titulaire dans notre championnat.
1. POURQUOI LES GARDIENS FRANÇAIS ONT BONNE RÉPUTATION CHEZ NOUS ?
Dans le sud du pays, la réputation des portiers français n’est plus à faire. Beaucoup sont passés entre les perches de nos clubs par le passé.
Souvent, engager un gardien français est une garantie de réussite. "C’est étonnant de savoir cela car je ne considère pas que nous avons des gardiens du top niveau alors que Thibaut Courtois est, par exemple, le prototype même du gardien moderne " , analyse le Français Lollichon. "Il a la taille, le talent, la vitesse, la détente, le jeu aux pieds. Petr Cech est du même style."
2. QUELLES DIFFÉRENCES DANS LA FORMATION ?
Pour avoir largement suivi les différentes façons de travailler en Europe, Lollichon a pu comparer les méthodes de plusieurs pays.
"La France est loin d’être moderne. Le jeu aux pieds a longtemps été oublié. Il fait désormais partie des priorités, comme en Espagne. Je pense que la formation française est plus technique que celle distillée en Belgique. Il y a un gros travail quotidien qui est réalisé sur la prise de balle, la manière de plonger, etc."
3. COMMENT EXPLIQUER LEUR RÉUSSITEEN BELGIQUE ?
Les Français collent donc parfaitement au jeu plus ouvert de la Belgique. Le football plus tactique de certains pays force les gardiens à jouer aux pieds, à davantage participer au jeu.
"Dans un style plus physique et direct comme en Belgique, les shoot stoppers (NdlR : les gardiens forts sur leur ligne) sont davantage mis en avant et d’autres lacunes se voient moins. Ce n’est pas ma conception du métier mais c’est une explication."
La culture a également une influence. La majeure partie des gardiens français ont atterri au sud du pays. Pas besoin de s’adapter à une langue et même pas trop à la culture du pays.
"Il faut également prendre en considération le facteur confiance. Pour un Français, le championnat belge fait office de ligue mineure. Un gardien français va donc arriver avec une certaine confiance en lui."
4. REVENIR EN FRANCE, C’EST POSSIBLE ?
Ce statut de compétition de faible niveau aux yeux des Français explique en partie le fait que les gardiens passés par la Belgique n’ont presque jamais retrouvé de l’emploi dans leur pays natal. Beaucoup sont arrivés sur le tard et n’ont jamais su utiliser la Belgique comme un tremplin.
"C’est difficile de revenir. J’espère qu’un gars comme Didillon pourra faire un come-back dans un club français de qualité. Il avait montré de bonnes choses mais s’est blessé par la suite. On ne lui a pas accordé le temps nécessaire pour se développer. C’est trop souvent le cas au haut niveau."
Bertand Laquait
Laquait fait office de référence à Charleroi, où il a squatté les cages de 2002 à 2009 avec une parenthèse d’un an en Espagne. Il a terminé sa carrière en France.
Cédric Berthelin
Mons, Dender, Mouscron et Ostende ont aligné l’ancien champion de France (Lens, 1998). Il a ensuite coaché les gardiens d’Ostende. Il est actif à Courtrai.
Ludovic Butelle
Sans le gardien arrivé en janvier 2016, le Club Bruges n’aurait pas été champion six mois plus tard. Il est ensuite parti à Angers.
Rudy Riou
L’entraîneur des gardiens du Gabon a été élu meilleur gardien de la deuxième partie de saison 2010-11 à Charleroi. Il a ensuite joué à OHL en 2015-16.
William Dutoit
Révélation du début de saison 2015-16, il a cartonné à Saint-Trond, où il a signé un an plus tôt en provenance de Boussu-Dour. Il joue à Ostende.
Nicolas Penneteau
Gardien historique de Bastia, le Corse arrive de Valenciennes pour signer à Charleroi à l’été 2015, où il est devenu le patron depuis lors.
Parfait Mandanda
Formé à Caen et à Bordeaux, le frère de Steve Mandanda (international français) est à Charleroi depuis 2011. Il y est passé du statut de n° 1 à n° 2.
Jean Butez
Ce pur produit de l’académie du LOSC a gravi les échelons pour prendre place entre les perches de Mouscron depuis quelques mois. Il n’a que 23 ans.
Yohann Thuram
Malgré la relégation de Troyes, il est élu meilleur gardien de Ligue 1 et signe au Standard en 2013. Il ne fera jamais son trou. Il est au Havre depuis 2016 et joue.
Joris Delle
Barré par Ospina à Nice, il est prêté un an au Cercle en 2013-14, où il est considéré comme un talent. Il est n° 2 au Feyenoord après Lens et Nimègue.