Rednic : "Le Standard ? J’y reviendrai mais pas tant que Renard est là"
Mircea Rednic retrouve le Standard mais aussi des personnes qu’il n’a pas envie de revoir.
- Publié le 20-10-2017 à 09h32
- Mis à jour le 20-10-2017 à 09h40
Mircea Rednic retrouve le Standard mais aussi des personnes qu’il n’a pas envie de revoir. Entre le Standard et Mircea Rednic, c’est une grande histoire d’amour. Une histoire surtout entretenue par le Roumain qui ne cesse de crier haut et fort que son cœur est rouge et blanc.
Mircea Rednic, affronter le Standard, cela doit toujours être particulier pour vous ?
"J’ai passé six saisons là-bas. J’y ai gagné des trophées, j’ai créé là de très bonnes relations. Je m’y suis formé. Comme joueur mais aussi comme homme. Mais bon, aujourd’hui je suis l’entraîneur de Mouscron donc je ne dois pas parler avec mon cœur."
Comment jugez-vous le Standard d’aujourd’hui ?
"Je ne sais pas où se situe vraiment le problème chez les Liégeois. Nous avons un budget totalement opposé, un palmarès aussi. Mais nous sommes devant eux au général . L’esprit Standard n’est plus le même. C’est un constat que je fais depuis plusieurs années. J’entends beaucoup le mot grinta . Mais pour moi, ce n’est pas cela le Standard. Le Standard, c’est le beau football, le jeu spectaculaire. La grinta , c’est pour des équipes comme Saint-Trond, l’Antwerp…"
Vous ne pouvez pas cacher votre amour pour le Standard ?
"Le Standard restera toujours le Standard. Je me souviens quand je suis parti de là, les supporters m’ont donné un t-shirt avec écrit dessus : ‘ Standard un jour, Standard toujours ’. Les supporters m’ont toujours soutenu. Même quand j’ai été mis dehors. J’avais dit alors à Roland Duchatelet qu’il allait avoir des problèmes. Et il n’a pas tenu un an dans cette situation. Mais je ne lui en veux pas, à Roland Duchatelet. Il m’a quand même donné ma chance là-bas. Si on s’est parlé depuis lors ? Non, pas du tout."
Vous avez dit aussi que c’était votre destin de revenir entraîner le Standard ?
"Oui, je reviendrai. Mais pas tant qu’Olivier Renard est là. Si lui est toujours là, je ne reviendrai pas."
Pour quelles raisons ?
"Non, je ne dis rien… J’ai déjà oublié… (NdlR : le Standard avait contacté à l’époque Mircea Rednic durant l’été 2016 via le duo Van Buyten-Henrotay alors que Yannick Ferrera était toujours à la tête des Rouches. Mircea Rednic avait même pris l’avion depuis la Roumanie. Mais finalement, il n’avait pas été retenu). "
Cela rajoute une dimension particulière à la rencontre de ce samedi.
"Non, je ne veux pas mettre mes ambitions personnelles comme enjeux dans cette rencontre. Si je devais jouer, on gagnerait cette rencontre 3-0. Mais comme je ne joue pas (rires) . J’espère tout de même que mes joueurs seront derrière moi."
La position de Sa Pinto a été fragilisée ces derniers temps. La pression qu’il a sur ses épaules doit être énorme.
"Au Standard, tu es toujours sous pression. C’est cela la grande différence entre le Standard et Mouscron. Il faut toujours avoir des résultats. Enfin, on commence à voir tout doucement une équipe émerger. Il n’a pas facile non plus avec son grand noyau. Mais j’ai vu lors de leur dernier match que c’est un peu plus solide. Sa Pinto a mis un peu plus de rage. Il dit qu’il a mis la g rinta mais parfois la grinta se retourne contre toi."
À Mouscron, la pression est nettement moindre. Vous préférez cette situation-là ?
"Non, vous ne pouvez pas dire cela. Maintenant, nous avons aussi une plus grande pression. Même dans la ville, quand je sors, on me dit que l’on doit gagner. C’est Barcelone ici ! Mais cette pression est positive et nous devons faire attention de ne pas la perdre en s’inclinant deux fois de suite."
"Mouscron est favori"
Mircea Rednic estime que les Hurlus doivent s’imposer dans leur stade.
Mircea Rednic n’est pas du genre à se débiner. Quand on lui demande si Mouscron est favori pour la réception de ce vendredi du Standard de Liège, il s’emballe immédiatement.
"Mais évidemment que Mouscron est favori, rugit-il. C’est normal, non ? Nous jouons chez nous, nous sommes en pleine confiance et nous sommes devant nos adversaires au classement général."
Rapidement, Mircea Rednic se calme et devient nettement plus posé. "Mais tout cela ne doit pas nous faire dire que nous allons gagner ce match. En face, il y a une équipe du Standard qui viendra chercher trois points. Les Liégeois en ont besoin mais nous aussi. Plus vite nous avons les trente points synonymes de maintien, mieux cela sera."
Pour Mircea Rednic , l’avantageuse place qu’occupent les Hurlus au classement général est loin d’être usurpée. "Nous ne sommes pas là par hasard. Dans le groupe mouscronnois, il y a de la rage désormais et de l’ambition. Nous profitons du moment présent."
Mais le Roumain se méfie nettement de la venue du Standard. "Cette équipe vient de faire le plein de confiance après sa victoire sur Courtrai. Nous devrons nous montrer concentrés et solides. Nous devrons tenter d’aller percer cette défense adverse tout en nous montrant solidaires défensivement. Nous ne pourrons plus nous permettre de perdre bêtement le ballon après le dribble de trop. Car en face, des joueurs comme Mpoku, Sa ou encore Edmilson pourraient rapidement en profiter."
Le papa de Polo et Michy
Le Roumain cite souvent Mpoku et Batshuayi en exemple dans le vestiaire.
Après la victoire face à Courtrai, Paul-José Mpoku a annoncé avec un large sourire qu’il allait retrouver ce vendredi son papa. Il en avait après Mircea Rednic, l’entraîneur qui l’avait lancé dans le grand bain.
"Il y a une forme de respect qui s’est installé entre nous", sourit Mircea Rednic. "Je lui ai donné de bons conseils, je pense. Comme à Michy Batshuayi. Ils sont partis de très bas, ils ont beaucoup travaillé pour en arriver là où ils sont. Ils ont aussi pu compter sur des parents formidables."
Avec Michy Batshuayi, c’est au niveau de la discipline qu’il a eu le plus de travail. "Ohlala. Au début, c’était… Pas de discipline, toujours en train de rigoler. Même aux entraînements, il n’était pas à 100 %. J’ai eu de nombreuses discussions avec lui et vous avez vu où il est ? Je le cite souvent en exemple. Quand je parle, je suis toujours très exigeant. Mais si je le suis, c’est parce que je sais que c’est possible. Je veux le faire comprendre que le football, c’est simple. Il faut travailler et être sérieux aux entraînements et aux matchs."
Mircea Rednic sourit quand on évoque le surnom de papa qu’il a reçu de plusieurs footballeurs. "Il y a Batshuayi et Mpoku. Mais aussi Dino Arslanagic. Au Standard, j’ai aidé beaucoup de jeunes joueurs à faire leur trou. Le Standard a eu une très bonne période. Mais les joueurs étaient assez intelligents pour comprendre que le moment était important pour eux. Ils venaient des U21 . C’est la grande différence avec les jeunes de Mouscron. Grâce à moi, il y en a eu quelques-uns qui ont pu signer leur premier contrat pro à l’Excel. Et depuis, je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Leur niveau a régressé. Maintenant, ils sont presque tous retournés vers l’équipe B. C’est la différence de mentalité entre ces joueurs et ceux qui ont percé. Les Mpoku, Batshuayi, ils ont compris qu’ils devaient faire des sacrifices pour aller dans des grands clubs."
"Je veux les playoffs 1"
Avec Mouscron, troisième au général, et le Standard, seulement neuvième, le classement actuel est surprenant. Si on l’arrêtait maintenant, ce serait l’Excel qui disputerait les PO1 et non les Liégeois.
"Mais je veux jouer les PO1 ", souligne Mircea Rednic. "Que ce soit avec ou sans le Standard, ce n’est pas grave. Tout ce que je veux, c’est que Mouscron joue les PO1 cette saison. Et les joueurs doivent me suivre dans mon objectif."
Même si le classement actuel est plutôt favorable aux Hurlus, Mircea Rednic parvient à faire la fine bouche. "Nous pourrions avoir de nombreux points en plus au général. Regardez notre match à Zulte Waregem. Nous menions 0-1 et nous avons eu l’occasion de faire le break en fin de première période. Contre Malines aussi, nous devions prendre les trois points. Imaginez où nous serions si nous avions pris tous ces points ! Ohlalalala (rires). Mais nous devons être honnêtes et réalistes. Nous avons aussi gagné des matchs alors que nous ne méritions peut-être pas les trois points."
"Les Roumains ont besoin de temps"
Lorsque Razvan Marin a débarqué au Standard en janvier dernier après avoir paraphé un contrat de quatre ans et demi, Mircea Rednic avait annoncé que les Liégeois avaient réalisé une très belle affaire en enrôlant son compatriote. Depuis, le Roumain tarde à confirmer sur la durée tout le bien que l’on pense de lui.
"En fait, je connais plus son papa puisque j’ai joué contre lui", rigole Mircea Rednic. "Mais Razvan Marin est comme tous les autres Roumains, il a besoin de temps pour s’adapter au Championnat de Belgique. Regardez Nicolae Stanciu à Anderlecht. Mais ces derniers temps, j’ai l’impression que l’on a retrouvé le vrai Marin." Donc, Mircea Rednic est convaincu que Razvan Marin, formé par George Hagi, va s’imposer à long terme dans le milieu de terrain du Standard. "C’est un très bon joueur mais aussi un très bon garçon avec une excellente mentalité et un bon caractère. Laissez-lui le temps de s’aguerrir. Je serai en tout cas très content de pouvoir le saluer ce vendredi."
"J’ai titillé Omar Govea"
Ce vendredi, il y aura un match dans le match puisque deux Mexicains vont s’affronter. À Mouscron, la pépite Omar Govea se révèle aux yeux de tous et sera amenée à apporter le danger devant les buts de Guillermo Ochoa. Si le premier est un des grands espoirs du football mexicain, le second en est l’une des vedettes.
Mircea Rednic a d’ailleurs titillé son milieu de terrain durant la semaine. "Vous me connaissez, j’aime bien blaguer avec les joueurs mais en insérant également une part de vérité", raconte l’entraîneur de l’Excel. "Alors, je lui ai dit que ce n’était pas normal qu’il ne soit pas appelé en sélection nationale alors que le gardien de but d’une équipe qui se trouve derrière nous est bien repris par le sélectionneur. Omar a rigolé mais je suis sûr que pendant la semaine, il y a pensé."
Omar Govea sera l’une des révélations de notre championnat. "Je ne dis pas cela parce qu’il est chez nous mais bien parce que je le pense. Omar Govea est l’un des meilleurs milieux de terrain du Championnat de Belgique. Il a beaucoup de qualités."