Les 36 heures de cauchemar d’Ivan Leko
L’entraîneur du Club Bruges a dormi en garde à vue avant d’être libéré.
- Publié le 14-10-2018 à 12h47
L’entraîneur du Club Bruges a dormi en garde à vue avant d’être libéré. Avant la reprise du championnat, vendredi soir contre Waasland-Beveren, les joueurs du Club Bruges ont bénéficié d’un week-end de congé.
Ivan Leko l’a savouré dans le cocon de sa famille, réconforté par ses amis les plus proches : il avait grand besoin de cette pause bienvenue.
Jeudi soir, il avait été libéré sans conditions, après avoir été détenu pendant trente-six heures et interrogé six heures durant dans le cadre de la vaste opération mains propres qui allait déclencher un séisme dans le football belge. La veille, à l’aube, il avait été cueilli à son domicile, sous les yeux de sa femme et de ses jumelles adolescentes, et emmené à Tongres pour y être entendu dans une vaste suspicion collective de fraude et de matches truqués qui impliquait son ancien manager Dejan Veljkovic, dont il est resté l’ami. L’entraîneur croate allait vivre la demi-semaine la plus éprouvante de sa carrière.
La bombe : Leko arrêté !
L’annonce de l’interpellation d’Ivan Leko fit l’effet d’une bombe dans le landernau brugeois. Personne ne pouvait croire à son implication.
En émoi, Club Bruges ne le lâcha pas. En toute hâte, le président Bart Verhaeghe dépêcha pour l’assister l’avocat de pointe Walter Van Steenbrugge.
Dès mercredi soir, ce dernier dispensa des nouvelles rassurantes, dans les quotidiens et sur les diverses chaînes de télévision : "Ivan a été soumis à vingt questions. Il a répondu à chacune d’elles. Je crois pouvoir affirmer qu’il rentrera chez vite chez lui. Dommage qu’il n’ait pas pu sortir dès ce mercredi soir", assura l’avo cat
Que reprochait-on à Ivan Leko, que ce coup du sort inattendu semblait avoir abattu, tant le coup porté à son image pouvait lui coûter cher ?
On le suspectait de ne pas avoir déclaré des montants perçus, par l’intermédiaire de Dejan Veljkovic, à l’époque où il évoluait au Beerschot puis était devenu l’entraîneur d’OH Louvain.
Eu égard à la jeune réputation d’Ivan Leko, son interpellation provoqua une onde de choc un peu partout dans le monde. La BBC, l’ARD mais aussi CNN, pour ne citer que ces médias, y consacrèrent un large sujet. Cette affaire eut des répercussions jusqu’au Vénézuéla.
Le soutien du Club
Bien que stupéfaits, les dirigeants brugeois ne lâchèrent leur entraîneur à aucun moment. Après une longue délibération et un entretien avec lui, ils lui réitérèrent, au contraire, leur soutien inconditionnel. La direction publia un communiqué officiel, sur le site du club : "Nous ne décelons aucune raison de rompre la relation de confiance qui nous lie à Ivan Leko, l’homme et l’entraîneur".
Très vite, il apparut que les griefs formulés à l’endroit de l’entraîneur croate concernaient une rémunération encaissée en 2015, bien avant son arrivée au Club Bruges. Il ne s’agissait en aucun cas de blanchiment : "Ce vendredi, après deux jours de pause, notre coach dirigera l’entraînement", assurait encore le communiqué.
Il ne se trompait pas…
"Je serai encore plus fort qu’avant"
Ovationné par les fans du Club, Ivan Leko n’a jamais été aussi populaire
Vendredi matin, quand il a quitté son vestiaire pour dispenser l’entraînement dûment programmé, Ivan Leko ne savait peut-être pas à quoi il devait s’attendre. Il a vite compris que son interpellation avait accru sa popularité auprès des supporters du Club.
Après avoir clamé leur soutien sur les réseaux sociaux, ils étaient près de deux cents à avoir décidé d’aller le réconforter à l’entraînement. Quand ils l’ont vu apparaître, ils l’ont chaleureusement acclamé pour lui signifier qu’ils se réjouissaient de son retour. "Il mérite bien cette ovation", ont affirmé plusieurs d’entre eux.
Pudique, Ivan Leko ne s’est d’abord pas épanché, même quand il a vu le drapeau croate que certains avaient brandi pour lui rendre hommage. Deux heures durant, il a dispensé son entraînement comme de coutume, avec une sérénité qu’il n’affectait pas.
Mais après la séance, il est allé au-devant de chacun de ces supporters pour les enserrer dans ses bras dans une accolade reconnaissante. Ses premières déclarations après son interpellation confirmèrent qu’il était un battant : "J’ignore sincèrement l’impact du coup porté à mon image. Je peux m’imaginer que les dégâts sont lourds mais je ne me laisserai pas abattre. Jour après jour, avec le soutien de ma famille, de mes amis, de mon club et de ses supporters, je vais démontrer que je ne méritais pas ce qui m’est tombé dessus. Je vais me rétablir de ce coup de massue. J’ai le devoir de travailler encore plus dur, d’être encore meilleur et plus fort que je l’ai été jusqu’à présent".
Ivan Leko a mis du temps pour conquérir le cœur des supporters brugeois orphelins de Michel Preud’homme. Il n’a jamais été aussi populaire qu’aujourd’hui….