A Trencin, "Wesley était notre faux Brésilien"
Visite à l’AS Trencin, qui forme des talents et les transfère (surtout) en Belgique
- Publié le 25-09-2018 à 09h49
- Mis à jour le 25-09-2018 à 09h50
Visite à l’AS Trencin, qui forme des talents et les transfère (surtout) en Belgique. Avec son hat-trick contre La Gantoise, Wesley Moraes Ferreira da Silva a souligné qu’il est le meilleur centre-avant de notre D1. Mais où donc le Club Bruges a-t-il été trouver cette perle rare ? Pas au Brésil, mais en Slovaquie, à l’AS Trencin. Trencin est un club formateur qui travaille, surtout, pour la Belgique. Dix autres joueurs ont suivi la même voie que Wesley, et non des moindres. Reportage sur place.
Andrej Zakic, le directeur sportif du club, sourit quand on lui demande une anecdote sur Wesley. "Wesley est arrivé à Trencin quand il avait 18 ans. On l’a découvert via nos contacts qu’on a partout au monde. Le garçon était tout perdu, dans ce nouvel environnement. Après quelques entraînements, les gens l’appelaient ‘le faux Brésilien’ parce que sa technique était mauvaise. Mais, alors, il a joué un match amical avec nos U19 contre les U19 de la Russie. On a gagné 3-1 et il était monstrueux. Il était lancé."
Six mois plus tard, déjà, il est parti à Bruges pour 1 million. Entre-temps, Bruges en a refusé 12 de la Lazio. Trencin aurait pu réaliser une bonne affaire, vu que le club aurait touché un pourcentage à la revente. "On ne donne pas de détails, mais c’est sur cette base qu’on traite avec les clubs belges", dit Zakic. "Les plus grands clubs d’Europe n’achètent pas directement chez nous. Les joueurs ne sont pas encore prêts pour le top absolu. Les clubs belges achèvent leur post-formation. Trencin et la Belgique sont gagnants."
L’homme qui a établi cette politique est Tscheu La Ling, l’ancien ailier néerlandais de l’Ajax qui est devenu homme d’affaires. La Ling, grand ami de Johan Cruijff, est propriétaire du club depuis 2007. Entre-temps, son équipe a remporté le titre en 2015 et 2016 et elle a écrasé Feyenoord en préliminaires de l’Europa League (4-0), cette saison. "En fait, il est venu à Trencin pour investir dans un hôtel", dit Zakic. "Il a rencontré un ancien dirigeant du club qui était en faillite. Il a racheté le club et l’a assaini. On a joué six fois de suite la Coupe d’Europe et on est en train de construire un nouveau stade de 20 millions."
Son premier gros transfert sortant était celui de Skrtl (plus tard à Liverpool) au Zenit Saint-Pétersbourg. Puis, est venu le Jamaïquain Leon Bailey (actuellement à Leverkusen), qui vaut déjà plus 65 millions et qui est sur les tablettes du Real et du Bayern. Zakic : "Bailey n’est resté que quelques mois chez nous. Pourtant, il était le meilleur de tous. J’ai mis plus d’un an pour régler son arrivée. Il avait 16 ans, il n’obtenait pas de permis de travail dans d’autres pays. Ici, en Slovaquie, la loi est moins stricte. Pourquoi on s’est vite séparé de lui ? C’était intenable. Pas à cause de lui, mais à cause de son entourage." Zakic ne le dit pas tout haut, mais le papa et le frère de Bailey étaient ingérables.
Et que dire de Moses Simon, la flèche qui a offert le titre à Gand en 2015 ? Zakic : "Nous travaillons avec une académie au Nigéria. Simon était un des premiers Nigérians à nous rejoindre. Il avait déjà un sprint à la Bolt dans les jambes. Mais on ne pouvait pas garantir qu’il deviendrait si bon. Je me souviens qu’il jouait tous les jours au bowling, il habitait tout près de la salle de bowling. Mais de vrais sorties nocturnes ? Non, nos joueurs connaissent les règles. Et d’ailleurs, Trencin est une petite ville de même pas 60.000 habitants. Quand un de nos jeunes ne se comporte pas comme il le faut, mon téléphone sonne endéans les cinq minutes."
L’entraîneur de l’AC Trencin est le Néerlandais Ricardo Moriz, ancien T2 de Hambourg et de Tottenham. Moriz est un maître de la motivation. "Hambourg avait peur de devenir aussi fort que le Bayern et Tottenham avait peur de la concurrence de Manchester United", dit-il. "Alors qu’il faut toujours vouloir être le n°1. C’est ma devise. Nous n’avons pas eu peur de Feyenoord, et nous les avons battus 4-0. Nous avions plus faim qu’eux."
Moriz est un homme de principes. "Dans ce club, il faut vouloir s’entraîner plus qu’ailleurs." Son autre devise, il la doit à Cruijff, dont il citera le nom une vingtaine de fois. "Johan est mon idole, mon exemple. Il est tout pour moi. Il a dit que la philosophie d’un club, il faut pouvoir l’écrire sur une feuille de papier. Barcelone, par exemple, veut que 50 % de ses joueurs soient formés dans son propre club. Ici, nous prônons le football offensif. Dans chaque match. Et nous cherchons des joueurs avec une action dans les jambes. Tscheu La Ling était un ailier. Il a le nez pour les trouver."