L’AS Eupen est-il un oiseau pour le chat ? Le boss Christoph Henkel s’en défend
L’AS Eupen va mal. Comme toujours dans ces cas-là, diverses rumeurs se mettent à circuler. Les Qataris seraient-ils tentés de laisser tomber le club ? Une réaction est-elle attendue de manière à renforcer l’équipe ?
- Publié le 16-08-2018 à 09h52
L’AS Eupen va mal. Comme toujours dans ces cas-là, diverses rumeurs se mettent à circuler. Les Qataris seraient-ils tentés de laisser tomber le club ? Une réaction est-elle attendue de manière à renforcer l’équipe ?
Nous avons fait le point en compagnie de Christoph Henkel, le directeur général de l’ASE. Beaucoup de sérénité, de franchise et parfois d’humour dans ses réponses.
Christoph, parlons franchement. La situation n’est pas désespérée, mais elle est grave. Des buts à la pelle et 0 sur 9 avant de recevoir Gand.
"Nous relativisons ces résultats car nous savions que le calendrier proposé nous amènerait à connaître d’emblée des difficultés. Toutefois oui, je l’avoue, nous sommes surpris par la vulnérabilité de l’équipe. Il existe plusieurs raisons. Nous les analysons de manière à prendre les bonnes décisions."
Pensez-vous pouvoir vous en sortir sans renforts importants ?
"Nous n’avons pas attendu d’être engagés dans la mauvaise série actuelle pour envisager des arrivées. Encore faut-il que ces renforts soient réels. Les bonnes opportunités se situant dans nos cordes financièrement ne courent pas les rues."
Il va y avoir la manne céleste représentée par le transfert de Wague à Barcelone, non ?
"La somme fixe dont nous bénéficierons est de 5 millions d’euros. Six autres millions tomberont en fonction de la progression attendue de Moussa. Cependant, tout cela n’arrivera pas d’un coup dans les prochains jours. Les paiements seront comme toujours échelonnés."
Une relégation aurait-elle des conséquences tragiques pour l’avenir de l’AS Eupen ?
"Je sais que beaucoup de gens nous envoient déjà à l’échelon inférieur alors que nous n’en sommes qu’à la troisième journée… L’élite est essentielle à la réalisation de notre projet. Cependant, nous savons que ce sera un combat perpétuel."
Ce fameux projet de départ est-il toujours d’actualité ?
"Bien sûr. Notre mission est de faire progresser de jeunes Qataris. À cet égard, quatre garçons disputant actuellement le Championnat d’Asie nous rejoindront en novembre. Ils ont 18, 19 ans. Ils seront versés en équipe Espoirs. S’ils montrent les qualités que nous espérons, ils intégre ront le noyau A."
L’AS Eupen, dotée de fonds Qataris, existera-t-elle encore après la Coupe du Monde au Qatar ?
(Sourire en coin) "J’entends cette question au moins une fois par mois. Et systématiquement lors de chaque interview. Le projet est planifié indépendamment de la Coupe du Monde. Nous en sommes déjà à notre septième saison. Si je regarde ce qui se passe ailleurs en Belgique, je constate que les clubs changent parfois de mains tous les trois ans…"
Lucien D’Onofrio joue-t-il encore un rôle quelconque à l’AS Eupen ?
"Non. Alors là, pas du tout. Il a été le propriétaire du club avant notre arrivée. Je sais que sans son intervention, l’AS Eupen n’existerait sans doute plus. Depuis lors, nous n’avons plus de rapports avec lui."
Finalement, pourquoi Aspire Academy a-t-elle débarqué dans ce charmant coin de Wallonie, un peu éloigné de tout ?
"L’AS Eupen offrait et offre toujours des perspectives. Aspire n’est présente que dans deux pays : la Belgique et le Portugal."
Pourquoi ?
"Pour des raisons évidentes. Dans certains pays, une société privée ne peut pas racheter un club. Dans d’autres, le nombre de joueurs étrangers ou extracommunautaires est limité. La Belgique offre à cet égard des perspecti ves vra i ment intéressantes."
En revanche, le championnat n’est pas d’un niveau exceptionnel. Ce n’est pas un souci ?
"Le jeu y est, je trouve, attractif et engagé. Avec pas mal de prises de risque. Le championnat belge a les moyens de se développer derrière les cinq grands pays - Angleterre, France, Allemagne, Italie, Espagne - qui sont naturellement intouchables. Notamment grâce aux droits TV. Il faut en conséquence travailler pour se positionner juste dans le sillage de ceux-là."
Dimanche, 20 heures contre Gand : à quoi faut-il s’attendre ?
"Le gros du travail, actuellement, consiste à rendre confiance à l’équipe. Cette sérénité, nous allons la reconquérir pas à pas. Cela se travaille à l’entraînement. Ensuite, il est impératif d’enchaîner en match. Nous parviendrons à nous sortir de notre pas actuel. Cela demandera peut-être juste un peu de temps. L’essentiel est de ne pas baisser les bras…"
Toujours en attente de Dolly Menga
Théoriquement, Dolly Menga devrait s’engager avec l’AS Eupen dans les prochaines heures. “La volonté du club est de lui proposer un contrat d’un an, dit Christoph Henkel. Je pense que nous allons arriver à un accord. Dolly doit bien comprendre que nous lui offrons une chance importante de rejouer au meilleur niveau de la compétition belge. C’est un pari que nous voulons prendre avec lui. Une relation où les deux parties peuvent être gagnantes.”
Dolly Menga, dont Claude Makelele dit “qu’il a bien travaillé, qu’il s’est bien intégré et qu’il a fait des efforts pour maigrir”, pourrait, par sa puissance et sa rapidité, apporter des solutions offensives qui n’existent pas. À côté d’un David Pollet dont on sait qu’il attend d’être servi dans le rectangle, un Menga positif et déterminé constituerait un plus pour la division offensive de l’AS Eupen.
Quant à Menga lui-même, après des échecs retentissants qui l’ont amené à connaître neuf clubs en moins de dix ans (alors qu’il n’a que 25 ans), il pourrait redorer son blason et, qui sait, relancer une carrière qui se voulait prometteuse.