Clinton Mata: "Je ne regrette pas d'avoir dit non à Anderlecht"
- Publié le 21-10-2017 à 07h43
- Mis à jour le 21-10-2017 à 08h13
Clinton Mata revient sur son transfert avorté à Anderlecht.
Parler d’Anderlecht n’était pas facile pour Clinton Mata. À de nombreuses reprises, il a répété "ne pas vouloir parler du passé".
Il était pourtant conscient qu’avoir refusé un transfert chez le champion de Belgique allait revenir un jour sur le tapis. Alors autant s’expliquer avant de croiser le fer ce dimanche avec l’équipe qui aurait pu être la sienne.
Comprenez-vous l’étonnement des gens quand ils vous ont vu partir à Genk alors que vous n’aviez qu’à signer votre contrat et vous étiez à Anderlecht ?
"Quand on n’est pas dans les coulisses, c’est logique de ne pas saisir. Les gens négligent trop Genk. C’est un grand club. Regardez comment ils ont vendu à l’étranger ces derniers temps ! Je ne sais pas pourquoi les gens ont cette vision et considèrent Genk comme un petit club."
OK, mais Anderlecht, c’est Anderlecht !
"C’est clair qu’Anderlecht possède un autre statut. Il y a la Ligue des Champions, la lutte pour le titre. J’ai encore le temps pour jouer la C1 . Si j’y participe un jour, tant mieux. Dans le cas contraire, ce ne sera pas un échec dans ma carrière. C’est un rêve, mais ça s’arrête là."
Genk vous a déjà approché en janvier dernier. Pourquoi ne pas avoir signé ?
"C’est vrai, mais ce n’était pas le moment de partir. J’étais dans une bonne phase, on était bien et je voulais faire une saison pleine. On était dans le top 6 donc je ne voyais pas de raison de partir. C’était ma décision et Mehdi (Bayat) y a collaboré."
Quelle a été votre réaction lors de votre mise de côté au moment de la reprise…
"Ce n’était pas difficile à vivre. Je savais que cela allait arriver. Tout le monde pensait que j’allais partir et pourtant j’étais là. C’était difficile car mon concurrent entendait que j’allais filer et il me voit débarquer à la reprise. Le coach avait ses plans en tête et il savait que j’allais m’en aller. Il a tranché et fait de Marinos son numéro 1. Vu la situation, il était préférable d’être transféré."
En tant qu’homme, la situation doit être difficile…
"C’est le foot. J’ai vécu des hauts et des bas à Charleroi. J’ai grandi avec ces situations. J’ai eu des moments de doute mais j’ai rebondi. Je ne suis pas encore un produit fini mais j’ai évolué grâce à cela."
Pourquoi avoir refusé Anderlecht ?
"Je n’aime pas revenir là-dessus. Le projet sportif de Genk m’a davantage plu. Après, je ne dénigre pas celui du RSCA. Il était juste mieux pour moi de venir à Genk. Il y avait un projet autour de moi."
Genk n’était pourtant pas candidat à ce moment-là…
(Il hésite) "Si, les Limbourgeois étaient déjà intéressés."
Au moment de négocier avec Anderlecht, nous avions l’impression que vous vous sentiez sous pression, que vous n’étiez pas libre de choisir votre avenir.
"C’était plus ça… C’est le monde du foot, vous l’avez clairement dit."
Regrettez-vous d’avoir refusé Anderlecht ?
"Je ne regrette pas d’avoir dit non. Je ne dénigre pas Anderlecht, je suis fier d’être suivi par un tel club. Mais je suis mieux ici, à Genk."
Votre changement d’agent a fait couler beaucoup d’encre. Pourquoi avoir stoppé votre collaboration avec Mogi Bayat pour signer avec John Bico ?
"C’est par rapport à plein de choses. Beaucoup de choses se sont produites. Vu la situation, il valait mieux avoir quelqu’un d’autre pour gérer ma carrière. Ce genre de choses arrive. Je sentais que sur certains points, nous n’étions plus sur la même longueur d’onde."
On dit que vous avez changé d’agent car Mogi Bayat ne vous offrait qu’Anderlecht comme option…
(il hésite) "Ce n’est pas par rapport au mercato."
N’avez-vous pas craint la réputation sulfureuse de John Bico ?
"Si on se fie à ça, on ne vit plus, hein ! Entendre ce qu’on dit de lui et le connaître, c’est très différent."
On vous a beaucoup cité à Nice. C’était concret ?
"Il y a eu plein de propositions à mon sujet mais partir pour partir n’était pas la solution."
Mais vous avez discuté avec d’autres clubs ?
"Mon agent a dit qu’il y a eu de l’intérêt mais je n’ai pas été dans les bureaux. Je voulais juste jouer. Ne plus voir mon nom dans les journaux. À la fin, je ne lisais plus rien."
Vous avez plusieurs fois parlé de différence de projet entre Genk et le RSCA. Expliquez…
"Anderlecht propose le même à tous les joueurs. Ici, le projet c’était de me prendre et faire de moi un joueur meilleur. Il y a des attentes à mon sujet. Je savais qu’à Genk on allait me laisser du temps."
La présence de Hein Vanhaezebrouck à Anderlecht aurait changé la donne ?
"Même si ça avait été Hein à ce moment-là, le projet du RSCA pour moi serait resté le même. Et il n’y avait pas photo avec celui de Genk."
"On pensait que Genk allait jouer comme le Barça"
Clinton Mata est heureux et reste persuadé d’avoir fait un pas en avant. "Désolé mais vous vous doutez que les questions ne seront pas spécialement positives."
Clinton Mata sourit à notre ligne d’entrée. "Les résultats ne sont pas en notre faveur. Après, cela ne veut pas dire qu’il faut fuir la presse", répond-il. "On sait qu’on peut mieux faire."
Donc vous restez positif malgré 11 points sur 30 ?
"Nous ne sommes pas au point de parler de crise. Quand on vient au stade, on voit un bon Genk qui domine son adversaire, qui se procure beaucoup d’occasions mais qui ne termine pas ses actions. Ce n’est pas grave. On ne panique pas."
Plus que juste un problème de finition, il manque quelque chose dans la construction. On en attendait bien plus de Genk cette saison !
"Par rapport à ce qui a été proposé l’an passé, tout le monde s’attendait à ce que Genk joue comme le Barça (rires) ."
Vous êtes donc d’accord pour dire que ce n’est pas top …
"Dès que les équipes jouent contre nous. Elles placent toutes leur bloc super-bas. Pour nous, c’est difficile de trouver des solutions. Ils jouent le nul et ne font que défendre."
Les joueurs cogitent-ils vu les soucis devant le but ?
"On veut absolument marquer et quand ça n’arrive pas, on veut forcer les choses. Il faut peut-être garder patience, garder plus le ballon. Mais quand ça ne rentre pas, tu y vas à fond. Contre Mouscron, nous étions menés mais nous avons continué à jouer au ballon. Sans paniquer."
Pensez-vous finir dans le top 6 ?
"Cela viendra, on sera en playoffs. On remplira les objectifs. On veut remédier à ce manque de chance. Je suis persuadé qu’on y sera. Cette phase peut arriver à n’importe qui. Il y a de grandes attentes car on a les qualités pour jouer le top 3 ."
Vous allez finir devant Charleroi ?
(il hésite) "Impossible à dire. On sera en POI et j’espère que Charleroi aussi."
Il y a une statistique qui inquiète : 17 buts encaissés…
"On joue l’attaque donc ça laisse des espaces. Ils attendent et filent en contre."
Ne faut-il pas parfois penser plus équilibré ?
"C’est à nous de trouver cet équilibre. Il ne faut peut-être pas tout le temps jouer au ballon. Parfois, un long ballon pourrait aider la défense à remonter, ça fait du bien. Mais c’est la philosophie de Genk. Puis, on a les qualités pour relancer proprement."
Pozuelo qui s’énerve en sortant du terrain, cela traduit un malaise ?
"Aucun joueur n’aime être remplacé. C’est normal. Il n’y a aucun souci avec lui."
Vous restez derrière le coach ?
"Nous sommes en accord avec sa philosophie. Je la découvre. Lui comme les joueurs m’ont aidé à m’y adapter. À ça et au club. C’est un autre niveau. Stuivenberg est un coach offensif, très différent de Mazzù qui est plus défensif. Durant les premiers matchs, j’avais le réflexe de rester en défense alors que le coach me demande de presque jouer en tant qu’ailier."
Quelles sont les grandes différences entre Charleroi et Genk ?
"Genk est un club formé avec plein de pépites qui sortent du centre de formation. Charleroi devient un club du top mais ne brûle pas les étapes."
Malgré le classement, vous restez persuadé d’avoir fait un pas en avant ?
"Oui, sans hésitation. La philosophie de Genk me correspond bien. J’espère qu’on atteindra les objectifs."
Cette saison est également le bon moment pour vous montrer ?
"Je n’y pense même pas. Je veux enchaîner les matchs et faire de bons trucs avec Genk."
"Les Carolos ne me chambrent pas"
Le Genk de Clinton Mata est derrière le Charleroi de ses anciens équipiers. "Mais ça va, ils ne me chambrent pas. Ils sont gentils. En fait, ils savent que cette place n’est pas celle de Genk. Quand ils ont joué ici, ils m’ont dit que c’était énorme de jouer face à nous. Ils disaient qu’ils avaient l’impression que le terrain était 10 fois plus grand."
Il reste en contact régulier avec ses ex-équipiers. Notamment Enes Saglik, son vieux pote. Et il a confié que le vestiaire carolo était plus calme sans Mata. "Ils me le disent aussi. J’ai la joie de vivre, j’aime sourire. J’arrive le matin et je peux commencer à chambrer tout le monde pour rigoler. Il me dit que plus personne ne chambre le matin. J’aime mettre l’ambiance alors que le matin, les gens sont fatigués, dans le gaz. C’est une de mes qualités (rires)."