Pour Mario Notaro, ce n'est pas encore l’heure de la pension
À bientôt 65 ans, Mario Notaro se sent plus jeune que jamais dans son training de T2. Rencontre avec un zèbre fidèle parmi les fidèles.
- Publié le 19-02-2015 à 16h53
- Mis à jour le 20-02-2015 à 11h36
À bientôt 65 ans, Mario Notaro se sent plus jeune que jamais dans son training de T2. Dans quelques jours, Mario Notaro soufflera ses 65 bougies (le 7 mai exactement). Alors que de nombreuses personnes de son âge sont déjà pensionnées, l’éternel adjoint se sent plus motivé que jamais par le projet carolo .
Arrivé au Sporting en 1994 (il y a exactement 20 saisons !), Mario Notaro fait partie des meubles. Lors de la présentation des vœux à la presse en début d’année, Fabien Debecq a même dit qu’il espérait faire de son T2 un Zèbre à vie ! "C’est sûr que ces paroles du président m’ont été droit au cœur car on a toujours besoin de reconnaissance ! À l’approche de mes 65 ans, je suis à un carrefour de ma vie. Soit on est fatigué et on pense à sa pension. Soit on sent encore en soi l’envie de faire profiter les autres de son expérience et on poursuit la vie active avec toujours plus de passion. C’est dans ce schéma que je me trouve…"
Vous souvenez-vous encore de vos débuts au Sporting ?
"Évidemment ! J’ai été contacté en 1994 par Robert Waseige alors que j’étais en poste à l’Olympic. Mais quand je suis arrivé, c’est Georges Leekens qui était en poste car Waseige était parti au Standard. Charleroi était qualifié pour l’équivalent de la Coupe de l’Uefa. Ma première mission consistait à scouter le Rapid Bucarest, notre adversaire. Je suis arrivé dans une ville qui venait de connaître la chute de Ceausescu. Tout y était meurtri ! En plus de scouter l’adversaire, j’ai également dû trouver un hôtel pour abriter la délégation. Pour une première mission, c’était une fameuse expérience…"
Pourquoi ne pas boucler la boucle en qualifiant à nouveau Charleroi pour la Coupe d’Europe ?
"C’est évidemment mon plus grand souhait ! Je serais l’homme le plus heureux du monde si Charleroi pouvait refaire une campagne européenne dans les mois ou les années à venir…"
Un proverbe dit que derrière chaque grand homme se cache une femme. Est-ce que derrière chaque grand coach se cache également un T2 ?
"C’est une question difficile ! À mes yeux, le plus important est que chacun se retrouve dans la fonction qu’il occupe. Forcément, j’ai connu des T1 qui exploitaient mieux les qualités de leur staff que d’autres. Mon but est de faire gagner du temps au coach en place en lui apportant mon vécu et en essayant qu’il ne répète pas les erreurs que j’ai pu rencontrer par le passé."
Dans le grand entretien que Mehdi Bayat a accordé à la Dernière Heure samedi dernier ( Plus d'infos ici ), il donnait deux conseils à Felice Mazzù : de lui faire confiance et de prendre de l’expérience auprès de son staff. Je suppose qu’il pensait à vous en disant cela…
"Je vais peut-être me flatter tout seul, mais c’est surtout la bonne expérience qu’il faut prendre. Et on ne peut pas rester 20 ans dans le milieu du foot si on n’y a rien apporté…"
Que ferez-vous pour souffler vos 65 bougies ?
"Pas grand-chose ! Je préfère même qu’on ne me le rappelle pas… La vie continue, et le travail aussi. C’est surtout dans le regard des autres que je m’aperçois que je vieillis. Bien sûr, je ne vais pas faire l’idiot et dire que je me sens comme il y a 20 ans. Même si j’ai de l’arthrose et que je ne suis plus les joueurs lorsque l’on va au bois, je me sens toujours aussi à l’aise dans le vestiaire."
"En osmose totale avec Felice"
En 20 ans à Charleroi, c’est pratiquement à la pelle que Mario Notaro a vu défiler les entraîneurs. Mais on ne l’avait probablement jamais vu développer une relation aussi forte que celle qu’il entretient avec Felice Mazzù. Il faut dire que les deux hommes se ressemblent : ils sont tous les deux issus de l’immigration italienne et ont également travaillé avant de faire carrière dans le foot (Mazzù était prof de gym et Notaro, commercial dans la construction). "Cela me fait dire qu’on a peut-être encore une passion plus forte que les autres pour le foot car ça n’a pas toujours été évident de prendre son sac en rentrant du boulot…" se rappelle Notaro.
Mais ce n’est pas tout… "Parfois, on peut avoir une très bonne relation professionnelle sans développer d’affinités. Mais avec Felice, tout va beaucoup plus loin ! On ressent même un besoin de se retrouver en dehors des heures professionnelles. Ce midi, on va encore manger ensemble après l’entraînement. On s’est aperçu qu’on avait besoin de ça pour avancer. Cette relation fait qu’on parvient à se dépasser chaque jour. Grâce à cette osmose, on va puiser des forces très loin car on sait que chacun en tirera un bénéfice ! La réussite de Felice est aussi un peu la mienne. Et il le pense également…"
Il sera encore T2 l’an prochain
Si Felice Mazzù s’est engagé jusqu’en 2019 avec le Sporting, Mario Notaro ne regarde pas encore si loin, même s’il est toujours sous contrat à durée indéterminée. "Mais ce qui est certain, c’est que j’occuperai encore les mêmes fonctions de T2 la saison prochaine," annonce-t-il. "J’ai eu une discussion avec Mehdi et le souhait du club est de poursuivre avec le même staff."
Voilà de quoi apporter encore un peu plus de stabilité au matricule 22. " Mon envie a toujours été de rester le plus longtemps possible au Sporting (NdlR : Mario Notaro garde toujours en travers de la gorge son renvoi par Abbas Bayat lors de l’année de la descente en D2). Dans cette réflexion, j’ai pris la décision de ne plus jamais être T1 . C’est aussi ce qui permet aux coaches d’avoir l’esprit libéré. Et à moi de travailler sans aucune arrière-pensée…"
Bientôt papy pour la sixième fois
Même si Mario Notaro est pris au quotidien par le foot, il n’en reste pas moins un papy très attentionné. " Je suis papa de trois filles. Et mon sixième petit-enfant va naître la semaine prochaine !" Dans le tas, Mario Notaro n’a que deux garçons. Des futurs footballeurs ? "C’est encore trop difficile pour le dire car ils n’ont que 4 ans et 2 ans et demi. Mais le plus grand est déjà venu plusieurs fois me voir au stade avec son papa. C’est une fierté pour moi de les voir ici. Forcément que ça me ferait plaisir qu’ils jouent au foot… "