Marco Ilaimaharitra entame la saison avec le statut de patron de l’entrejeu: "Je me sens bien quand je fais jouer les autres"
Un peu plus d’un an après son arrivée à Charleroi, Marco Ilaimaharitra entame la saison avec le statut de patron de l’entrejeu
- Publié le 28-07-2018 à 07h20
- Mis à jour le 28-07-2018 à 12h02
Un peu plus d’un an après son arrivée à Charleroi, Marco Ilaimaharitra entame la saison avec le statut de patron de l’entrejeu Sa parole est une denrée rare. Répondre à des interviews n’est pas vraiment l’occupation préférée de Marco Ilaimaharitra, dont les performances durant la préparation ont été dans la lignée de ses excellents PO1. "Parler dans la presse peut parfois se retourner contre un joueur en cas de moins bonne prestation et être mal interprété", explique-t-il calmement au moment de s’installer dans la salle de presse du Sporting. "Et puis, j’aime bien ne penser qu’au football. C’est surtout pour cela que je ne parle pas souvent", précise d’emblée le médian franco-malgache, qui a tout de même fait une exception, quelques jours avant la reprise zébrée face à l’Antwerp. Profitons-en…
Marco, un peu plus d’un an après votre arrivée au Sporting, on peut dire que votre première saison à l’étranger est une réussite.
"C’est vrai que cela s’est plutôt bien passé, même si j’ai été freiné par deux blessures. Mais sur la fin de la saison dernière, je pense être parvenu à franchir un cap. J’ai essayé de progresser à chaque match. À titre personnel, je suis satisfait des PO1 que j’ai faits. Même si la déception collective suite à cette sixième place a finalement pris le dessus, je suis satisfait de mes prestations."
En douze mois, votre progression a été énorme.
"C’est l’année où j’ai le plus progressé, oui. Le coach m’a laissé beaucoup de libertés et j’ai eu la chance de beaucoup jouer. Cela joue beaucoup."
Vous sentez la confiance autour de vous ?
"Oui. Je suis un affectif et je pense avoir trouvé, à Charleroi, l’environnement idéal pour m’épanouir. J’ai beaucoup de discussions avec Mario ( Notaro ) , Samba ( Diawara ) ou le coach. Je sens cette confiance. Parfois simplement dans le regard du coach. Il me fait ressentir que je dois prendre mes responsabilités."
Et prendre le jeu carolo à votre compte, ce que vous avez fait ces derniers mois.
"C’est vrai que je me sens bien dans ce registre. Je parle beaucoup avec Javi ( Martos ) et il me dit souvent de prendre le ballon et de faire jouer les autres. Cela me pousse à le faire encore plus."
On a l’impression que vous êtes devenu un des leaders de l’équipe et que vous avez pris une réelle envergure.
"Je pense que cela se fait un peu naturellement… Je n’y fais pas vraiment attention. C’est dans mon caractère. Dans la vie, je suis quelqu’un de discret. D’ailleurs, le coach me charrie parfois en me disant que je ne souris pas beaucoup. C’est parce que je suis un peu réservé. Mais sur le terrain, par contre, je suis un autre homme. Avec tout le respect que j’ai pour la carrière d’un joueur comme Jérémy Perbet, si je dois lui crier dessus, je le ferai. Pour l’équipe. Mais je dois peut-être encore plus prendre la parole."
Cela n’empêche pas vos équipiers d’adorer jouer à côté de vous, comme nous l’ont confié Hendrickx, Diandy ou Noorafkan.
"Ah bon, ils ont dit ça ? Je ne savais pas du tout ( sourire ) . J’aime bien aussi jouer à côté d’eux ! Par exemple, quand je suis à côté de Cristophe, je me sens plus libre offensivement car je sais qu’il va serrer derrière. Avec Gaëtan, je me sens bien également car on peut alterner nos positions. Et avec Omid, je n’ai pas encore eu la chance de partager un match complet mais je pense que je serai aussi à l’aise qu’avec les deux autres, car c’est un très bon joueur de football."
Petit à petit, vous avez le sentiment d’être devenu incontournable ?
"Je n’aime pas ce mot. Il m’a porté préjudice par le passé, à Sochaux. J’ai pensé que j’étais un titulaire puis je me suis relâché. Pour moi, il faut prouver à chaque match. J’ai peut-être fait certaines bonnes performances mais Gaëtan ou Cristophe ont également fait de très bons matches. Pour moi, il n’y a pas de titulaire."
Musique, casanier et voisin rouche
Tout savoir sur Marco Ilaimaharitra, dont le père est… musicien
Il était fâché avec Albert Cartier. Lors de sa dernière saison à Sochaux, en Ligue 2, Marco Ilaimaharitra n’a pas beaucoup joué. Sous les ordres d’un certain… Albert Cartier. "J’étais dans une période où je pensais que tout était contre moi et que quoi que je fasse, je ne jouerais pas. Et quand je jouais, je ne faisais pas le job car j’étais énervé", explique le milieu de terrain. "Mais aujourd’hui, j’ai compris que c’était pour mon bien. Grâce à Albert Cartier, j’ai énormément progressé mentalement. Et c’est lui qui m’a demandé de jouer comme box-to-box et d’accompagner les actions offensives. Il en a d’ailleurs parlé avec le coach Mazzù avant que je signe à Charleroi. Et ici, je me suis vraiment rendu compte que j’avais ce profil."
Quitter sa famille lui a fait du bien. L’air de rien, le Sporting est la première expérience de Marco Ilaimaharitra à l’étranger. "En venant en Belgique, je me suis un peu détaché de ma famille et cela m’a fait du bien. Quand je jouais à Sochaux, je rentrais chez mes parents dès que j’avais un problème. Mais ce n’est pas comme cela qu’on le résout. Désormais, je vois moins souvent ma famille qu’auparavant mais je profite plus des moments où ils viennent me voir."
Ses premières semaines à Charleroi ont été très compliquées. L’an dernier, lorsqu’il est arrivé au Sporting, Marco Ilaimaharitra s’est blessé à la cheville dès son premier entraînement, lors du stage à Mierlo. "Cela a été un gros coup dur, je me suis posé beaucoup de questions. Je voulais répondre aux attentes et j’avais peur que les gens aient un a priori sur moi. Cette blessure a aussi rendu mon intégration plus difficile, car je m’entraînais seul. Je voyais mes équipiers rentrer de l’entraînement en rigolant mais je ne savais pas pourquoi, c’était frustrant." Mais depuis lors, il s’est parfaitement intégré. "Dans le vestiaire, je m’entends bien avec tout le monde. On a ce truc : on adore la musique, danser… Cela rapproche et cela libère. On rigole beaucoup."
Son voisin supporte le Standard. Depuis quelques mois, Marco Ilaimaharitra vit à Namur. "C’est tranquille, je vis avec ma copine, on est vraiment bien. Je suis quelqu’un de très casanier. J’aime rester chez moi et écouter de la musique. J’ai juste un voisin qui est supporter du Standard (sourire). Mais on se charrie, ça reste très sympa."
Son père est musicien. "Petit, je participais beaucoup aux bals malgaches avec mon père, qui est musicien. On rencontrait, par conséquent, beaucoup de monde." Marco adorait cette ambiance… qu’il a retrouvée avec la sélection nationale malgache. "Mes équipiers sont tous dans le même délire que moi : ça chante, ça danse. Mon intégration a d’ailleurs été très rapide."
Un transfert ? "D’abord, confirmer avec Charleroi avant de franchir une étape"
Vu sa belle saison 2017-2018, Marco Ilaimaharitra attise les convoitises cet été. "Mais je ne me vois pas partir après un an. Pour moi, un an, ce n’est pas suffisant pour prouver qui on est. Je dois d’abord confirmer et franchir un cap avant de penser à autre chose. Mais je joue évidemment au football pour progresser et atteindre le plus haut niveau possible, c’est-à-dire jouer la Ligue des Champions. En attendant, il faut bosser. Cela passe par de bonnes prestations avec Charleroi. Je sais que je n’irai jamais dans un top club si je ne suis pas performant avec le Sporting."
Son patronyme "Supporters, appelez-moi Ilaimaharitra pour rendre mon père fier"
Dans les travées du Sporting depuis maintenant treize mois, Ilaimaharitra s’appelle Marco. Même le speaker du Mambourg prononce d’abord son nom de famille avant que le public ne reprenne son prénom en chœur. "Je comprends que ça soit plus facile à prononcer", sourit le médian, qui préférerait toutefois qu’on l’appelle Ilaimaharitra. "Je sais que cela tient à cœur à mon père, qui est très fier de ce que je suis devenu aujourd’hui. Si je peux donc demander quelque chose aux supporters, c’est de m’appeler par mon nom, même si je sais que ce n’est pas évident." Le message est désormais passé.
Ses ambitions: "J’ai envie de vivre l’Europe"
Terminer à la sixième place, la saison dernière, a fait beaucoup de mal à Marco Ilaimaharitra. "J’étais dégoûté. Je voulais à tout prix être européen et cela m’a fait mal de ne pas l’être. Je voulais vivre cette expérience que je ne connais pas." Il espère pouvoir la vivre dans un an. "J’espère que cette année, on sera mieux armés et qu’on gérera mieux nos PO1. On n’a pas réussi à lâcher les chevaux. Ce n’était pas juste physique. On manquait aussi d’expérience." Selon lui, le Sporting est-il plus fort cette saison ? "C’est difficile à dire, on verra dans deux ou trois matches. Mais j’ai vraiment aimé la préparation. L’état d’esprit était excellent."