Felice Mazzù se confie: "Depuis que j’ai été élu coach de l’année, je suis maudit"
Depuis son formidable mois de janvier, Felice Mazzù vit une année 2018 très compliquée avec Charleroi
- Publié le 18-10-2018 à 20h24
- Mis à jour le 18-10-2018 à 20h54
Depuis son formidable mois de janvier, Felice Mazzù vit une année 2018 très compliquée avec Charleroi Son année 2018 avait débuté de la plus belle des manières. Avec un trophée de meilleur entraîneur de l’année et une belle revalorisation salariale. Mais depuis lors, Felice Mazzù et Charleroi sont à la peine, incapables d’enchaîner deux victoires de rang en championnat. Une situation qui frustre forcément beaucoup le coach carolo, qu’on a vu inhabituellement énervé sur ses joueurs après la (très) mauvaise prestation du Sporting au Cercle. Mais qui ne l’empêche pas de conserver sa lucidité et la franchise qui le caractérise.
Entretien.
Felice, on peut le dire : pour Charleroi, 2018 rime avec catastrophique…
"Disons que c’est une année un peu spéciale dans le sens où on n’arrive pas à faire de série. Les choses ne s’enchaînent pas alors qu’on travaille pourtant toujours de la même manière… Peut-être qu’on parvient difficilement à supporter la critique, qui est là à juste titre."
Vous vivez les mois les plus compliqués depuis que vous entraînez le Sporting ?
"La période n’est pas simple. Il y a beaucoup d’éléments qui font que c’est compliqué. Plusieurs matches se sont joués sur des détails en début de saison, comme face à Anderlecht ou à Genk. Mais ces détails n’ont pas tourné en notre faveur et on n’a pas pris de points, alors qu’il y a un an, notre contenu était moins bon mais on gagnait. Le mercato n’a pas été simple avec un groupe qui a mal bougé. Mais on ne doit pas pleurer car le groupe qui a été formé a un gros potentiel. Il y a aussi les événements qui se passent en ce moment dans le football belge, qui me font prendre beaucoup de recul et me font relativiser. Même si je vais continuer à donner mon âme pour atteindre les objectifs fixés."
Parfois, vous vous dites que plus rien ne tourne rond depuis votre trophée de meilleur coach de l’année?
"J’y pense, bien sûr. Je le répète d’ailleurs toutes les semaines à Mehdi : depuis que j’ai été revalorisé et que j’ai reçu ces deux trophées (le trophée Goethals et celui de coach de l’année) en janvier, on dirait que je suis maudit, qu’on m’a mis un vaudou dans le cul. (sic) Mais je ne veux pas faire le Caliméro. Je ne cherche pas d’excuses. Les situations, il n’y a que nous qui pouvons les retourner."
Qu’est-ce qui a changé, fondamentalement, depuis ce mois de janvier ?
"La manière de penser, de me regarder, est certainement différente. La perception de l’extérieur est différente. Et la projection de cette perception a une influence sur notre travail. Sur moi, certainement. Cela a joué. Consciemment ou pas, cela a jalousé autour de moi. Cela a peut-être eu un impact, en projetant du négatif autour de moi. Le point de départ de cette mauvaise passe, c’est ce mois de janvier, j’en suis persuadé."
Donc être récompensé, cela a fait plus de tort que de bien ?
"Si on parle de la revalorisation, je pense que je la méritais amplement par rapport au travail qui a été effectué pour le club pendant plusieurs années et par rapport à ce que mes collègues pouvaient avoir. Quant au titre de meilleur entraîneur, il m’a peut-être fait plus de mal que de bien car il devrait être collectif et pas individuel. J’ai voulu faire passer ce message en montrant que je voulais partager ce prix avec mon staff. Mais ce n’est pas si simple. Car celui qui est en face de toi peut se dire que tu fais semblant ou que tu fais cela pour te donner une belle image. Ce n’est jamais évident. Et cela a peut-être eu un impact."
Votre staff est moins soudé qu’avant ?
"Non, je ne pense pas. On travaille de la même manière mais leur façon de penser a peut-être changé. Il faut leur demander. L’église est toujours au milieu du village, on continue à bien travailler ensemble."
La gueulante face au Cercle Bruges: "Je ne visais pas Massimo Bruno"
On l’avait rarement vu comme ça. Après la (très) mauvaise prestation du Sporting au Cercle, Felice Mazzù n’a pas épargné ses hommes. "Si mes joueurs sont à Charleroi, c’est parce qu’ils ont raté une étape dans leur carrière et pour retrouver leur niveau, ils doivent jouer pour l’équipe." Des propos durs que Mazzù ne regrette pas. "Je voulais piquer mes joueurs pour qu’il y ait un déclic dans leur tête. Mais je tiens à préciser que je ne visais pas Massimo Bruno. Et je l’ai dit devant tout le groupe. Mais à l’instar de toute l’équipe, il n’a pas bien presté. On a essayé de remettre les choses en place ces derniers jours."
Des changement dans les habitudes: "On ne partira plus jamais le matin"
Avant le match au Cercle, Felice Mazzù et ses joueurs ont pris la route vers Bruges en matinée pour éviter les bouchons avant de passer quelques heures à l’hôtel, à Oostkamp. Mais cela n’a pas porté ses fruits. "Je voulais mettre le groupe dans les meilleures conditions pour qu’ils puissent faire une sieste avant le match. Mais je ne le ferai plus", avoue le coach zébré. "On a passé la journée à l’hôtel et j’ai sans doute un peu perturbé les habitudes des joueurs. Et je n’ai pas un groupe qui adhère, dans sa totalité, au changement. Si la prochaine fois, il y a des bouchons et qu’on doit s’habiller dans le car, on le fera."
De la confiance pour ses ambittions: "Charleroi sera-t-il en PO1? Oui"
Si la rencontre face au Cercle a été un coup d’arrêt pour Charleroi, elle ne doit pas faire oublier qu’avant ce match, le Sporting restait sur cinq matches plutôt encourageants. "J’ose espérer que c’était juste un non-match", souligne Mazzù, qui garde confiance. "Charleroi jouera-t-il les PO1 ? Oui", répond le coach carolo, qui continue à prendre du plaisir en faisant son métier. "Il y a bien sûr de la déception par rapport à certaines tricheries dans le monde du foot, où l’argent est peut-être plus important que le sport. Mais quand je me concentre sur le volet sportif, j’ai toujours cette envie et cette passion de réussir quelque chose."